L’humagne blanche de Leytron sait aussi vieillir !

La dégustation des vins d’Humagne Blanche a suivi celle des vins d’Humagne Rouge. Elle s’est tenue à Crans-Montana à l’Hostellerie du Pas-de-L’Ours, où le groupement des vignerons de Leytron y accueillait ses invités.

Elle a débuté avec un vin du millésime 2012. Neuf vins ont été dégustés. Le plus ancien millésime aura été une cuvée du millésime 1991.

Rappelons que ce cépage a été autrefois très planté en Valais. Il en fait mention pour la première fois dès 1313, dans le registre d’Anniviers.
L’humagne blanche a longuement été appelée le « vin des accouchées », car on la croyait -à tort- riche en fer et donc « fortifiante ».

 

Les vins dégustés :

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Cave Les Frères Philippoz, 2012 : un vin définit comme gras, fin et suave et minéral avec des arômes de tilleul, d’épices et de fruits blancs dont la pêche des vignes. Le boisé est fondu (12 mois d’élevage en fûts de plusieurs passages).

Cave JO Gaudard, 2010 : fruits jaunes au nez, la bouche fait preuve de beaucoup de finesse et de minéralité. C’est une cuvée très élégante.

Cave David Rossier, 2009 : sensation très mûre au nez, avec des notes de fruits exotiques, la bouche est très fine, offrant une belle tension (pas de 2e fermentation). Un vin très élégant au cœur d’un millésime solaire.

Domaine de La Creuse, 2007 :
notes de fruits blancs, et d’ananas, d’agrumes et d’eau de vie. La bouche offre une très belle finesse et de la tonicité. Bel équilibre général pour cette cuvée qui montre quelques cheveux gris par la présence d’une note de cire d’abeille dépistée par quelques personnes présentes.

Cave Défayes & Crettenand, 2005
(en magnum) : Un vin qui a montré une légère réduction au nez, mais aussi une belle minéralité, un gras contenu, de l’élégance, de la finesse. L’aromatique était sur des notes florales et de fruits blancs. Ce vin a aussi fait montre d’une grosse structure en bouche.

Cave Défayes & Crettenand 2000 (en magnum) : on retrouve un fruité élégant sur des notes de fruits blancs mûrs, et d’épices (note anisée), un caractère minéral en bouche, une très belle tension accompagnée par un toucher de bouche très délicat. Coup de cœur !

Cave de l’Etat du Valais, 2000 : une cuvée qui a conservé de la fraîcheur d’un point de vue aromatique avec la présence d’une note anisée. J’ai trouvé des arômes confits en bouche. Cette dernière a de la tenue, bien que manquant un peu de tonus (acidité en retrait).

Cave Défayes & Crettenand, 1999 : une cuvée qui met clairement du temps pour se montrer. Un peu de réduction à l’ouverture de ce magnum, puis apparaissent des notes fruitées (fruits jaunes), un caractère minéral. La bouche fait preuve d’elle belle constitution, de dynamisme et de fraîcheur.
Voici un vin qui a clairement une personnalité marquée.

Cave de l’Etat du Valais, 1991 :
Le plus vieux vin de cette série approche de ses trente ans ! Je lui ai trouvé une très belle complexité aromatique, entre notes pétrolées (un peu comme certains rieslings au vieillisseent), mais aussi de tabac (Havane) mais aussi de fleurs et de fruits blancs, et de réglisse. La bouche s’avère très fine et élégante, équilibrée entre un gras certain et une acidité bien intégrée. On perçoit une légère touche tannique en bouche. C’est un très beau vin, émouvant ! Coup de cœur évident !

Quel dommage que l’humagne blanche soit un cépage si « compliqué » à la vigne.
Elle possède une indéniable personnalité, bien plus que simplement attachante. Voici un vin qui bien que considéré comme quelque peu neutre par certains lorsqu’il est jeune, démontre qu’il sait lui aussi vieillir avec beaucoup de grâce, d’élégance et de compléxité.
Le vin du millésime 1991 ayant été en quelque sort le parangon de cette dégustation.

Quelques informations complémentaires sur ce cépage :

La surface de production de ce cépage est de seulement 30 hectares dont 3 ha à Leytron. Elle a peu progressé contrairement à l’humagne rouge qui a triplé sa surface de plantation en seulement trente ans.
L’humagne blanc, où humagne blanche, à chacun de s’accorder sur le masculin où le féminin (à titre personnel je préfère utiliser le féminin), possède une vigueur élevée, mais son potentiel de production est non seulement moyen, mais il est aussi irrégulier.
C’est un cépage de deuxième époque tardive. Il est recommandé d’éviter les sols trop fertiles ainsi que les situations trop séchardes (source : Cépages, Principales variétés de vigne cultivées en Suisse, auteurs : Philippe Dupraz et Jean-Laurent Spring).

Au final, l’Humagne, qu’elle soit Rouge où Blanche a démontré son potentiel de garde, de façon indiscutable. La soirée s’est terminée autour de la table de l’Hostellerie du Pas de l’Ours, où le chef Franck Reynaud nous a régalé de ses mets, accompagnés de vins des vignerons de Leytron bien sûr !

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