L’Humagne Rouge de Leytron sait vieillir !

J’ai récemment été invité par le groupement des vignerons de Leytron pour une dégustation de vieux millésimes. Cette dégustation s’est tenue à l’hostellerie du Pas-de-l’Ours à Crans-Montana. Elle a été animée par Madame Corinne Clavien, œnologue cantonale du canton du Valais, et Monsieur Dominique Fornage, restaurateur et dégustateur reconnu pour son expertise dans les vieux millésimes valaisans et d’ailleurs.

Madame Clavien a apporté nombre d’informations sur les dates des vendanges quand elle les avait en sa possession, ainsi que sur la progression de leur surface de plantation. Si l’Humagne blanche a peu progressé, celle de l’humagne rouge a triplé en trois décennies et possède une superficie de 145 ha actuellement en Valais.

Les vins provenaient des caves de vignerons de la commune. La pré-sélection a été réalisée par Dominique Fornage.

La dégustation des vins rouges a débuté avec une cuvée de la cave Le Bosset du millésime 2010. Le plus vieux millésime proposé a été un vin de la cave Défayes-Crettenand, avec une cuvée de 1986 (six vins de plus 20 ans d’âge sur dix et deux de plus de trente ans).
Les vins blancs, au nombre de neuf, allaient des millésimes 2012 à 1991 (commentaires de dégustation à venir dans un article à paraître).

Sous la galerie photographique, mes commentaires pour chaque vin d’Humagne Rouge dégusté (et découvrez le site internet de chaque cave en cliquant sur son nom) :

Cave Le Bosset, 2010 : une cuvée vinifiée par Romaine Michellod. Un vin qui a mis en évidence un caractère floral, de la finesse et de l’élégance, mais qui pourrait nécessiter encore un peu de garde pour se fondre davantage.

Domaine du Grand-Brûlé, Etat du Valais 2004 :
une olfaction plus intense, avec la présence de notes épicées. La bouche est d’une grande finesse et d’une très belle fraîcheur, fondue et délicate. Coup de cœur à titre personnel.
Note : ce domaine est la propriété de l’Etat du Valais depuis 1921.

Cave Le Rhyton d’Or, 2003 : des notes de fruits très mûrs à confits (griotte, pruneau). La bouche ne montrait guère de signe de vieillissement, soutenue par une belle acidité qui tenait le vin bien droit, mais aussi par des tanins qui étaient encore un peu serrés et durs.

Cave Jo Gaudard, 2001 : on s’est accordé sur des notes végétales mûres lors de la discussion qui a suivie sa dégustation : écorce de chêne, voire de mélèze (on aura relevé plusieurs fois le caractère alpin du cépage au cours de l’après-midi), mais aussi de pruneau. J’ai bien aimé la finesse et l’élégance de la matière de cette cuvée, parfaitement en place et dont personne ne soupçonnait qu’elle approchait des vingt ans de garde.

Cave Gilbert Devayes, 1999 : un vin dense, au caractère encore un peu anguleux, en particulier de la part de ses tanins. Mais très belle typicité et une olfaction complexe et intense.

Cave Défayes & Crettenand, 1998 (servi en magnum) : on relève a nouveau la typicité évidente du cépage dans cette bouteille de très belle tenue. Le fruité est complexe, la bouche fait montre d’une belle richesse, tempérée par un caractère suave. Une cuvée toute en finesse et en élégance, mais associée à une force indiscutable.

Cave Jo Gaudard 1995 :
l’une des rares robes réellement tuilées de la série. Nez complexe, entre notes d’herbes sèches, d’écorce de chêne, de fruits mûrs et de cuir. La bouche offre de la finesse certes, mais surtout un équilibre qui reste très gourmand.

Cave Les Frères Philippoz, 1994 : la robe a peu évolué, restant d’un rouge rubis soutenu. Le nez évoque des notes tertiaires avec des notes de cuir et de pruneau. Dominique Fornage évoquant également une note de marasquin. Bouche très fine et délicate, offrant beaucoup de finesse et de fraîcheur.

Domaine de l’Etat du Valais 1988 : un vin complexe de par son fruité, et une bouche délicate et suave, où finesse et fraîcheur sont parfaitement au rendez-vous. Voila un vin très fin et totalement épanoui.

Cave Défayes & Crettenand 1986 (servit en magnum comme les autres vins de cette cave) : une nouvelle fois on s’accorde sur la typicité de ce vin qui apparait comme évidente. La robe n’est pas de grande intensité, mais elle n’est pas tuilée. Le nez et la bouche sont complexe d’un point de vue aromatique. La bouche est d’une grande délicatesse et d’un soyeux remarquable.

Conclusion :

Voici une dégustation qui a montré à la fois la typicité indéniable de ce cépage et sa capacité de vieillissement. Il faut relever le fort bon niveau d’ensemble de ces vins. J’ai, à titre personnel eu trois coup de cœur avec les vins des millésimes 2004, 1988 et 1986.

Les dégustateurs présents relevant souvent une note « d’écorce de chêne » pour relever la typicité d’un point de vue aromatique, mais aussi de notes de fruits et d’arôme des sous-bois (petites baies et notes de champignons).

Force aura été de reconnaître que le caractère rustique fréquemment « dénoncé »
par certains  ne nous aura pas marqué.  D’ailleurs, le responsable de la viticulture du canton du Valais, Pierre-André Roduit, a noté lors de sa prise de parole, une similitude avec le cépage Pinot Noir, chose sur laquelle je m’accorde totalement depuis des années, en particulier pour ce qui est de la finesse et de la délicatesse de la matière des vins de ce cépage, après quelques années de garde.

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