Verticale 1964 à 2011 du Chasselas Réserve des Dames de Hautecour (octobre 2021)

La dégustation s’est déroulée le vendredi 15 octobre 2021 au domaine.

Après un verre d’apéritif de bienvenue avec le Chasselas Réserve 2020, servi et partagé sur la terrasse, nous nous sommes attablés dans la salle de réception.

Claude Jaccard, l’oenologue du domaine (Oenologie à Façon à Perroy) a présenté les vins et les millésimes. Fort d’une expérience exceptionnelle avec quelque cinquante millésimes encavés, il a pu nous apporter des informations et des anecdotes qui ont captivé chaque participant. Coraline de Wurstemberger a apporté des informations sur l’histoire de son domaine et de sa famille.
Les fromages proposés avec les vins venaient du maître affineur morgien, Jacques-Alain Dufaux (qui a fait les propositions de fromages selon les millésimes annoncés par la vigneronne).

Coraline de Wurstemberger, dirige avec passion ce domaine familial qui s’est transmis de femme en femme (et bien sûr de femme en fille aussi) depuis 1649.
Elle a est co-fondatrice de l’association des Artisanes de la Vigne et du Vin, aujourd’hui « Nous les artisanes du vin » et est l’initiatrice du salon DiVINes, le premier salon du vin helvétique où trente vigneronnes de tout le pays présenteront leurs vins pour la première le 06 novembre 2021 au Château de Rolle.

Le chasselas Réserve est un vin élevé en foudre de chêne.

Chasselas Réserve 1964 :
C’est l’un des très bons millésimes de la décennie nous confie Claude Jaccard.
1964, aura aussi été l’année de l’exposition nationale à Lausanne.
Robe d’un beau jaune or avec un peu de turbidité. Petite réduction à l’ouverture, mais le nez offre une belle intensité, sur des notes de curry vert, de noix, de mie et de citron jaune.
L’attaque offre de la fraîcheur. Le milieu de bouche est « bien serré ». Ce chasselas de près de soixante ans impressionne par son volume de bouche, et par son très bel équilibre, car la fraîcheur n’est jamais prise en défaut en bouche. Très belle longueur finale.
On note une légère amertume finale. Elle proviendrait du liège nous dit l’œnologue du domaine, qui a dégusté d’autres bouteilles de ce millésime et du domaine.
Ma note : 95-96
Le vin a été servi avec un vacherin Mont-d’Or. L’accord est tout simplement magistral !

Chasselas Réserve 1983 :
Il s’agit d’un millésime précoce et très chaud.
La robe d’un jaune or trahissant l’évolution de ce vin.
Le nez est intense, puissant, et pur, sur des notes de miel, de champignons blancs, de curry jaune et d’herbes aromatiques. La bouche offre à la fois du volume et une belle fraîcheur. Jolie longueur finale, quoique moins longue que celle du millésime précédent, le 1964
Ma note : 92-93
Servi avec un chèvre frais

Chasselas Réserve 1988 :
Robe d’un jaune or limpide, Le nez offre une olfaction sur des notes de fleurs, dont la violette, et de curry jaune. La bouche plait dès son attaque par son équilibre entre fraîcheur et densité. Ce millésime possède un toucher de bouche délicat. Superbe longueur finale pour ce vin qui possède un très beau potentiel. Un millésime difficile à recracher.
avec un crottin un peu sec. Très belle longueur finale, bel équilibre. Beaucoup de fraîcheur. Beau potentiel.
Ma note : 94 +
Servi avec un crottin de chèvre.

Chasselas Réserve 1991 :
Claude Jaccard nous évoque un millésime très compliqué, avec beaucoup de pourriture avant les vendanges, et qui s’est montré difficile à vinifier.
Robe or jaune. Au nez, on est en présence très importante réduction. On parle de soufre autour de la table, mais aussi de notes de fruits jaunes quand la matière commence à se libérer de l’emprise de la réduction, dont le coing.
En bouche, une amertume est très présente en bouche, tout comme une sensation d’acidité bien présente en bouche.
Ma note : 85
Une note qui s’avère surtout en rapport avec le potentiel du millésime. Mais il faut aussi se rappeler que le vin a trente ans !
Servi avec un Bagnes d’alpage

Chasselas Réserve 1995 :
Robe jaune or. Nez porteur d’une réduction plutôt discrète, et surtout de notes de tilleul en fleur, de fruits jaunes (citron) et de champignon blanc.
La bouche est souple, d’une densité agréable, sans grande acidité. C’est un vin a son apogée, au toucher de bouche agréable, auquel manque peut-être la complexité de grands vins pour basculer dans une autre dimension. Jolie longueur finale.
Ma note : 90
servi avec un crémeux des Pré-Alpes

Chasselas Réserve Chasselas 1998 :
Belle robe d’un jaune or d’intensité moyenne et limpide. Le nez est complexe, offrant des notes de pâte de fruit, de miel, de nougat, mais aussi de fleurs blanches et même une discrète note mentholée qui renforce la fraîcheur. En bouche, c’est un vin riche et puissant, très élégant car très fin et délicat. Très belle longueur en bouche. C’est un vin complexe et complet, qui offre un équilibre en bouche souverain. Superbe longueur finale.
Ma note : 95
servi avec un alpage Lévantine

Chasselas Réserve 2003 :
Début des vendanges le 27 août et fin le 28 septembre 2003.
Robe claire. Après une légère réduction au nez, belle intensité des arômes au nez. On sent des notes de tilleul, de pâte de fruit, de coing et de citron. En bouche, beau volume, tendre et délicat, flatteur mais équilibré et frais. Jolie longueur finale. C’est une très belle bouteille.
On se rappelle de ce millésime solaire, le premier du millénaire. Pour beaucoup, des vins considérés comme sans acidité (le malique avait été « dévoré » par le soleil), à boire aussi vite qu’ils s’étaient vinifiés. A tort.
Ma note : 94
Servi avec un alpage Fort de la Tine

Chasselas Réserve 2005 :
Robe jaune or d’intensité moyenne. Le premier nez est marqué par un peu de réduction (discrète), puis de notes de caramel au lait et d’écorce de pomelos. C’est un vin issu d’un millésime chaud, et dont l’automne avait été sec et très ensoleillé. En bouche, c’est un vin qui offre un beau volume, mais surtout une très belle fraîcheur maitrisée. C’est un vin qui possède une matière très fine. Il est long en bouche, avec une finale très citronnée.
Ma note : 94
Servi avec un Vacherin fribourgeois

Chasselas Réserve 2009 :
Robe jaune or. Nez complexe, intense et pur, avec des notes de pâte d’amande, de citron jaune, de poire et de pêche des vignes et aussi de caramel en se réchauffant dans le verre.
La bouche est fraiche et tendre, délicate, très longue. C’est sans aucun doute le vin de la série en cours qui possède un caractère minéral affirmé (note saline).
Ma note : 96 Absolument remarquable.

Claude Jaccard parle de « millésime à l’équilibre parfait »
Servi avec un alpage du Jaun

Chasselas Réserve 2011 :
Robe jaune verte très claire.
Au service du vin dans les verres on s’étonne de l’importante réduction de ce vin au nez, avec une note soufrée dominante. Après aération et réchauffement, des notes d’agrumes (dont le citron jaune) apparaissent. La bouche fraîche, mais semble manquer d’un peu de structure. Il est vrai que ce millésime est présenté après plusieurs vins plus denses et offrant des équilibres exceptionnels pour certains. La longueur finale en bouche est tout à fait correcte.
Ma note : 92
Servi avec un brebis du Moléson

Le niveau général des vins dégusté est remarquable. Mon « quatuor préféré » étant les millésimes 1964, 1988, 1998 et 2009 (dans le désordre).

Les « petits » millésimes (de trente ans d’âge tout de même pour certains) ont montré qu’ils avaient encore une histoire à raconter. Les vins issus des plus grands millésimes démontrent que le chasselas est un très grand vin de garde. Lors de la Fête des Vignerons, Coraline de Wurstemberger avait d’ailleurs présenté un vin du millésime 1919 au cours d’une dégustation consacrée aux vins de son domaine.

La collection des vieux millésimes (certains sont en vente, en quantité bien sûr très limitée) débute en 1895 !

Claude Jaccard et son équipe ont d’ailleurs reconditionné il y a quelques années nombre de ces bouteilles (changement de bouchon en particulier, réajustement du niveau du vin si nécessaire).

Qualité des vins et des produits proposés (fromages, pâté vaudois, pains), et aussi un sens de l’hospitalité et du partage ont fait de cette dégustation un grand moment. Et on a qu’une envie : se replonger dans une telle dégustation.Un grand merci à Claude Jaccard et à Coraline de Wurstemberger.