Dégustation thématique : vins de la Rioja, entre modernité et tradition (oxydative)

Le journaliste allemand David Schwarzwälder, établit selon ses dires entre la Rioja et l’Alsace, est un fin connaisseur des vignobles ibériques, qu’il fréquente assidûment depuis quelque trente ans.

Avec lui, le Consejo Regulador DOCa Rioja, avait un ambassadeur de choix pour parler à des journalistes et importateurs de vins espagnols de Suisse Romande des différents terroirs, climats, altitudes, et aussi de l’histoire d’une région espagnole qui compte 65.000 ha de vignes (quatre fois de plus que la Suisse qui en compte 15.000), et des différents styles d’élevages qui coexistent dans une région qui a connu de grands changements ces trente dernières années.
La Suisse, justement, est le troisième importateur en valeur des vins de la Rioja après le Canada et la Suède. En terme de volume, cela représente six millions de litres annuels.

Nous avons débuté par une dégustation de quatorze crus, issus de l’ensemble de l’appellation, avant de poursuive au restaurant de l’Hôtel de Ville de Crissier par un souper concocté par le Chef Franck Giovannini.

Le Tempranillo, quand il n’est pas le seul cépage du vin, domine les assemblages. Parmi les autres cépages, citons la Grenache, Graciano, Maturana, Mazuelo, Viura.

L’élevage des vins est principalement réalisé en fûts de chêne, tantôt américain, tantôt français, parfois en foudre (avant d’être poursuivi en fût). Dans le cas des Gran Reserva, l’élevage peut durer plus de cinq ans.

Mais, c’est surtout le caractère oxydatif des vins, parfois jeunes qui m’aura perturbé. Étonnamment, entre deux cuvées Gran Reserva d’un même producteur, j’ai trouvé le millésime 2005 plus fringant et élégant que le millésime 2009. Deux autres crus m’ont beaucoup plu, Il s’agit du Contino Vina del Olivo 2014 (le nom de cette cuvée tient au fait que dans sa zone de production se trouvent des oliviers millénaires). C’est un très beau vin, fruité, riche mais délicat, puissant mais élégant, porteur d’une acidité bien intégrée, long en bouche. Je lui ai mis une note de 92 points sur cent.  Un autre vin m’a bien plu au cours de cette dégustation, il s’agit de la cuvée La Loma 2015, fin, mais puissant, avec un caractère épicé en bouche qui aurait presque pu le faire passer pour un Gamaret au cours d’une dégustation à l’aveugle. Je l’ai noté 90 sur 100.

Les prix des vins nous ont été communiqués en fin de dégustation. La cuvée la moins chère coûtait tout de même 25 CHF (on la trouve chez un revendeur discount présent partout en Suisse). Plusieurs cuvées tutoyaient les cent francs. Une les dépassait nettement (125 CHF).

Je quittais donc cette dégustation quelque peu mitigé. Il y avait de beaux vins certes, mais il était impossible de parler d’un fil conducteur. La raison tient à nombre de paramètres, dont le caractère des vins parfois monocépage, parfois d’assemblage. Pour compliquer, les millésimes étaient différents, et bien sûr les modes d’élevage l’étaient eux aussi.

Au cours du repas qui a suivi, j’ai apprécié particulièrement une cuvée de vin blanc, le Montes Obarenes 2015, pour son bel élevage, son fruité et son peps en bouche. Mais, s’il y a une cuvée qui aura certainement mis l’ensemble de dégustateurs d’accord, c’est bien la cuvée FAUSTINO millésime 1955, de la Bodega Faustino. Un vin magistral, d’une finesse exceptionnelle, au fruité croquant, délicat et net, et à l’oxydation si ménagée…  Inutile de chercher à lui donner une note.

Il est hors classe, et il sait qui il est.

Un grand merci au Conseja Regulador de la DOCa Rioja, à David Scharzwälder pour l’animation de cette dégustation et ses informations, ainsi qu’aux organisateurs, et à l’ensemble du personnel de l’Hôtel de Ville pour son accueil.

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