Dégustation à la cave Varonier à Varen !

Juillet 2019 :

J’ai été rencontrer Alexis Praz à la cave Varonier & Söhne, où cet oenologue valdôtain exerce depuis 2014. Il est le responsable technique et oenologique de la cave depuis 2015. Il y a rejoint Andy Varonier, qui, après une carrière dans le football professionnel, a travaillé pour une marque automobile quelques années, avant de reprendre en 2012 les rênes de la cave familiale. Cette dernière fête ses cinquante ans cette année.

Alexis s’est formé en Italie, son pays d’origine. Il a travaillé durant trois ans en Bourgogne au milieu des années deux mille. Il est issu d’une famille qui possède et travaille ses vignes, et qui produit également des fruits. La possibilité de travailler en Valais, région viticole qui possède le plus de lien avec le Val d’Aoste est particulièrement stimulante (les deux régions viticoles se partagent des cépages communs, mais de noms différents).

Il vinifie également les crus de la cave voisine : Le Chevalier Bayard. Les deux caves ont d’ailleurs une collaboration technique et matériel.

Mais avant tout, il ne se veut pas être un oenologue à « pipette ». Il est important pour lui d’être à l’écoute de la clientèle.
Il m’a reçu très chaleureusement à la cave début juillet, et nous avons dégusté ensemble une grande partie de la gamme des vins de la cave Varonier, mais aussi échangés nos points de vue sur ses vins, la viticulture en général, et sur bien d’autres choses aussi.
Une très belle rencontre et une tout aussi belle découverte des vins qui sont réalisés à la cave Varonier.

 

La dégustation des vins :

Fendant 2018 :
Robe jaune pâle brillante et limpide. Nez agréable, intense, sur des notes de fruits blancs (pèche, poire), un soupçon d’épices : étoile de Badiane, et floral. Le vin conserve encore un peu de son carbonique, mais discrètement. Ce Fendant a caractère minéral prononcé, il est cristallin en bouche et offre beaucoup de finesse, et a une belle vivacité équilibrante qui apporte de la fraîcheur. Très jolie longueur finale. J’apprécie ce vin qui a du caractère et que je trouve de plus salivant.
Prix : 15 CHf
Ma note : 93-94

Pinot Blanc 2017 :
Robe pâle, nez sur des notes de fruits blancs dont la pêche, et un peu d’agrume (zeste de pomelos). La bouche est fraîche, possédant un gras modéré, une belle maturité qui explique la richesse. Ce pinot blanc a une finesse de bouche, et un bel équilibre qui n’est pas gâché par le très discret amer en bouche. Jolie longueur finale. La matière se révèle progressivement, et la longueur est plus importante avec une notion minérale salivante qui apparait. Voila un vin que je proposerai de carafer pour le révéler, car il est aussi un peu tendu aujourd’hui.
Prix : 19 CHF
Ma note 87

Pinot Blanc 2018 :
Nez ouvert, plus intense. Il est fin, avec une dominante de fruit blancs (poire, pêche des vignes), la bouche est vineuse, riche,  grasse, mais fraîche. Le même cépage vinifié de façon identique, mais porté par un style différent, imprimé par le millésime. Je trouve ce millésime plus gourmand et apéritif, avec jolie longueur finale, et une sensation minérale en bouche.
Prix : 19 CHF
Ma note : 89

Gouais Blanc 2017 :
Nez peu expressif, avec des notes herbacées mûres, et un peu de citron vert.
La bouche est cristalline, pure, avec une belle fraîcheur apportée par une acidité intégrée. Très jolie longueur. C’est un vin un peu atypique mais avec une grande personnalité. Il est dynamique et tonique, avec une très légère rusticité tanique. De cette dernière, Alexis en parle comme étant  « le squelette de ce vin ».
Il n’en est produit qu’entre 1000 bouteilles à 1200 bouteilles par an. Les rendements sont de l’ordre de 750 gr / mètre carré, dans le seul but de favoriser la maturité des baies.
Prix : 22,00 CHF
Ma note : 93 et coup de cœur

On se prend à rêver que les rares producteurs du Valais qui élèvent ces cépages anciens et rares se regroupent sous une charte qualitative afin de faire progresser leurs connaissances et de démontrer tous ensemble que l’intérêt de ces cépages comme le Gouais dépasse largement le seul cadre ampélographique.

Petite Arvine 2018 (encore en cuve) :
nez un peu timide en intensité, mais complexe, sur des notes d’agrumes, de pomelos et de citron, de rhubarbe mûre, et de pêche des vignes.
La bouche est riche et fraîche, grasse, avec de la tension et de la minéralité. On perçoit la typicité de cépage, avec la note saline qui est présente sans être très intense. La bouche manque un peu de finesse à ce stade, mais devrait se révéler après la mise en bouteille qui est prévue fin août. D’ici là, elle devrait s’affiner un peu après un prochain soutirage.
Prix : 24 CHF
Ma note : (89-90)

Pinot Noir Pfyfoltru 2018 (le papillon) :
(en cours d’élevage, tiré de la cuve) .
Le logo illustre le bois de Finges. Chaque producteur utilise la même bouteille. Le vin est tiré de la cuve.
Robe rubis d’intensité moyenne. Au nez, des notes de fruits rouges dont la fraise bien mûre et de cerise. La matière est fine mais avec du caractère. La bouche est riche, avec une belle acidité intégrée qui étire la matière. Elle a une très belle tenue ! C’est un vin gourmand, fin et  équilibré, long et digeste.
Prix : 21,50
Ma note : (90)

Pinot noir en barrique non filtré 2017 :
cru parcellaire particulièrement fruité : cerise, framboise, noyau d’amande qui apporte de la complexité. Le boisé est élégant sur des notes davantage grillées que vanillées. La durée de l’élevage a duré 14 mois.
La bouche est élégante, fraîche et pinote agréablement. Ce vin est  riche et élégant mais je le trouve surtout très cohérent entre le nez et la bouche. C’est un fort joli vin, qui va gagner en finesse avec un peu de temps de garde.
Prix : 25 CHF
Ma note : 91-93 Coup de cœur pour le naturel et le potentiel.

Puis nous dégustons trois cuvées de pinot noir, issus de terroirs parcellaires qui ont été identifiés pour leur qualité et leur personnalité. Ils forment la gamme Cäsar, du prénom du fondateur de la cave, et ont été créés pour célébrer les cinquante ans de la cave. Les étiquettes des bouteilles sont signées par Andy Varonier et Alexis Praz.
Ils sont présentés en coffret de trois 3 magnums. Il en a été réalisé près de sept cent. Par la suite, ces trois vins devraient être vendus en flacons de 75 cl.

La cave Varonier a beaucoup d’ambition pour ses vins de pinot noir, en recherchant un maximum de fraîcheur et en évitant tout autant des notes de fruits cuits.
Varonier & Sohne bientôt the house of Pinot Noir ? L’avenir nous le dira.

Zu Grossu Steine 2017 :
30 % de grappe entière :  fermentation pré-fermentaire à froid
cuvaison longue de 4 semaines. Soutirage rapide, entonnage, et malo entamée dans des barriques de 300 l qui marquent moins la matière.
C’est le nez le moins intense des trois au repos (ils sont servis en même temps), avec des notes de cerise noire, de groseille et de framboise. La bouche est droite, avec de la tension, de la fraicheur, du coffre aussi. Le boisé est un présent par une note grillée discrète. Les tanins sont très fins. Je perçois toutefois une très légère astringence due à leur jeunesse actuelle, et non pas à un problème de maturité. Voila un vin racé et nerveux.
Prix : 100 CHF le magnum
Ma note : 92-93

Kliiben 2016 :
Au nez, le boisé (grillé) est un peu plus marqué grillé un peu plus marqué.
Le fruit n’en est pas moins bien présent cerise noire, mûre principalement.  La bouche est riche, sinon puissante et vineuse, avec il est vrai un peu moins de vivacité que pour la cuvée Zu Grossu Steine.
Cela donne un caractère plus gras et épanoui à la matière. En bouche aussi le boisé est plus présent, mais il est intégré. Très belle longueur, texture plus serrée en bouche, délicat en bouche. Cela reste un vin élégant en dépit de sa vinosité.
Prix : 99 CHF /magnum
Ma note : 91-92

Pärätu 2015 :
Le nez est plus fin, un peu vanillé, et moins toasté que pour les deux premières cuvées. Le fruité est complexe et tentateur : cerise rouge et framboise, étoile de badiane.
En bouche, c’est aussi le vin le plus fin des trois à ce stade. Il a une matière souple, mais riche, avec beaucoup de fraîcheur, d’élégance. Jolie longueur finale.
Le fait que le vin soit plus âgé démontre l’intérêt de cette sélection de façon assez évident.  Très légère sensation d’alcool en finale pinote en bouche. Mais la cuvée conserve beaucoup de fraîcheur en bouche.
Prix : 100 CHF
Ma note : 91

Humagne Rouge 2017 :
Elevage en cuve. Robe rouge d’intensité moyenne.
Le nez est très marqué par les fruits noirs : la mûre, la cerise, la groseille, et aussi une note herbacée mûre. La bouche est vigoureuse, harmonieuse et puissante, mais aussi fraîche, fine, délicate. L’acidité est nette, mais pas dérangeante. C’est un vin droit, très fin et fruité, équilibré et long.
Prix : 22 CHF
Ma note : 91-92 coup de cœur.

Merlot Silber 2017 :
issu d’une parcelle de Varen par un fournisseur de raisins.
Nez fruité dont la cerise rouge, avec caractère un peu sauvage (note de chocolat noir). En bouche, c’est un vin nerveux mais croquant, fin, intense et équilibré, long.
Ce merlot est bâti sur la finesse et l’élégance plus que sur le côté caricatural du cépage Merlot.
Prix : 25 CHF
Ma note : 89-90

Syrah 2017 :
Le nez semble un peu évolué (à moins que cela ne soit dû à un léger volatile ?), puis des notes de cerise noire et de lard fumé, un peu de boisé en bouche ?
En bouche, on ressent de la fraîcheur, la matière est fine, un peu légère bien qu’offrant une longueur correcte. Effet millésime, terroir ?
Prix : 25 CHF
Ma note : 86-87

Diolinoir 2017 :
Robe sombre, presque noire. Au nez, note de cerise noire, de fruits mûrs. On ressent une riche matière, très franche, fine et équilibrée. L’élevage en barrique est parfaitement intégré et dosé.
Bien que jeune et avec du potentiel, ce diolinoir s’avère aussi très gourmand à la dégustation dès maintenant.
Il en est réalisé entre 4 et 5000 bouteilles par an.
Prix : 25,00
Ma note : 92-93

Avarone 2016 :
100 % diolinoir.
Robe sombre. Au nez, note de cerise noire, de fraise mûre, de sous-bois et de pêche. On ressent une note de torréfaction très modérée au nez, mais un peu plus marquée en bouche. Un vin réalisé avec des raisins entiers bien sûr puisque passerillés en caissettes. La matière est encore serrée, puissante, grasse, mais persistante et équilibrée. Cette cuvée fait partie des crus les plus connus de la cave.
La matière atteignait quelque130 degrés Oechslé à la fin du passerillage,
Prix : 40 CHF
Ma note : potentiel : 89-90
3000 bouteilles par an.

Les vignes de Varen sont situées à une hauteur moyenne de 700 m  d’altitude. Le coup d’oeil sur la vallée centrale et sur le Rhône, qui n’est pas encore canalisé, est spectaculaire et mérite le détour !
Les crus dégustés à la Cave Varonier méritent assurément d’être connus eux aussi. il y a une volonté de progression qualitative indéniable alors que les vins sont déjà très précis. Le Fendant a été un coup de coeur, avec une note exceptionnelle. Pourtant, j’ai eu déjà bien du plaisir avec plus d’une cette année.

J’ai apprécié aussi la prise de temps pour faire les choses. Comme pour la Petite Arvine 2018, qui continuait sa mise en beauté début juillet, et qui serait mise en bouteille seulement fin août (quand l’immense majorité des vins de ce cépage auront déjà été vendus), montre l’envie de placer la barre très haut.

Galerie d’images

Les Coordonnées de la Cave
C. Varonier & Sohne AG
Andy Varonier

Hauptstrasse 4
3953 Varen

Tel : 00 41 27 473 10 16
Mail : c@varonier.ch
Site : www.varonier.ch