Michel Reynolds est un passionné pur jus et un homme d’une honnêteté rare dans le milieu du vin. Sa franchise est parfois déconcertante, mais il inspire beaucoup de sympathie et, il faut bien le reconnaître, la qualité globale de ses vins s’est avérée vraiment très bonne. Deux cuvées m’ayant littéralement bluffé : le Gamay Pari de Minuit 2018 et le Pari de Midi 2020 (cépage Altesse) encore en cuve (soyez malins, réservez vos bouteilles sans attendre).

Le travail  à la vigne est clairement dirigé dans un axe biologique et même biodynamique (Michel Reynolds a fait un passage auprès de la famille Cruchon qui y connaît un rayon sur ce mode de culture). Au cours de sa formation il a croisé Olivier Robert (oenologue et directeur de la cave de Bonvillars). Il a aussi vinifié pour un encaveur de La Côte, fait des contrôles qualités pour une maison en Lavaux.
Il est aussi en possession d’un Master obtenu à Changins en 2016.  Assurément, il a bien fait de quitter le monde commercial pour suivre sa voie.

L’aventure  de vigneron-vinificateur a réellement débutée en 2016 par l’achat de moût et de raisin. En 2018, il a un peu augmenté la production et l’a aussi diversifiée. Les vignes, en location, sont travaillées en bio depuis la fin de l’année 2020. Michel Reynolds achète toujours un peu de raisin. L’année 2020 est aussi celle du 1^er millésime où les vins sont vinifiés et élevés à Vaux sur Morges.

Sa cave de Vaux-sur-Morges a des dimensions modestes, mais elle est fort bien équipée, sans artifice ni outils spectaculaires, et surtout l’on s’y sent bien. Le vinificateur privilégie les élevages longs, ce qui m’a plu car cela démontre que ce vrai modeste a les idées claires pour les mener à leur but.

Je l’avais rencontré pour la première fois en avril dernier au salon Divinum, et ses vins m’avaient déjà causés par leur finesse et leur minéralité.

Il s’est fait remarquer à peu près dans le même temps par le guide Gault-et-Millau, qui n’est pourtant pas un dénicheur de talents (la quasi totalité de leurs rookies m’étaient déjà connus et certains d’entre eux ont certainement eu une première publication dans ces pages). Mais qu’importe, la puissance marketing de la revue est indiscutable, et l’effet ne peut qu’être positif pour un vigneron et vinificateur parfois en manque de repères voire aussi de moyens. Tant mieux pour lui donc !

Pari de Minuit 2018
(gamay en vendange tardive)
Issu d’une vieille vigne. Elevage en barrique durant 24 mois.
Robe d’un rouge grenat sombre. Nez intense sur des notes de clou de girofle, de fruits noirs (mûre surtout, mais aussi de cassis et un peu cerise). En bouche, la matière fait preuve de la maturité que le nez annonçait, et aussi de caractère. La bouche se montre franche, tannique (chose pas si fréquente sur le gamay), puissante et surtout équilibrée, fraîche et longue. Voici une cuvée de cinq ans d’âge vendue très clairement sous le prix du marché compte tenu de son originalité et de son potentiel.
Notez que l’idée de vendange tardive est de renforcer la maturité sans pour autant produire un vin doux.
A marier avec une viande macérée ou en marinade.
Prix : 20 CHF
Ma note : 94 Coup de Coeur

Pari de Midi 2020 :
Cépage Altesse (prélevé à la cuve) :
Toujours en fût fin novembre 2023. Le vin sera mis en bouteille en janvier 2024
Très belle robe d’un jaune or intense et brillant. Le nez est mûr, sur des notes de vanille, de pêche jaune, de citron et de coing. La vinosité de ce vin est remarquable de densité, mais sans tomber dans un excès de puissance. C’est une cuvée qui est donc puissante, mais avant tout fraîche et clairement minérale. Elle est longue en bouche et d’une grande finesse. Chapeau !
Prix : 25.00 CHF
Ma note :  94-95 Coup de Coeur

Pinot Noir 2020 : L’Indémodable.
Robe d’un rouge rubis sombre. Nez très fin et complexe, avec des notes de fruits noirs : mûre, cerise, cassis. J’ai aussi ressenti des arômes d’amande et de vanille. La bouche est très fine, délicatement et fraîche. Elle est d’une tanicité moyenne, un peu épicée, fraîche et longue. C’est une cuvée que j’ai apprécié pour le respect offert au cépage.
Prix : 28.00 CHF
Ma note : 93-94

La Grande Cuvée 2020 :
(vin mousseux)
Assemblage de 60 % pinot noir et de 40 % de chardonnay
Elevage durant 12 mois de lattes. Dégorgement : décembre 2021
Travail réalisé avec Daniel Marendaz à Mathod.
Robe d’un jaune clair limpide.
Joli nez sur des notes de fruits blancs (poire) mais aussi de citron. La bulle est relativement abondante pour un vin dégorgé voici déjà deux ans, mais elle ne se montre pas agressive. La bouche est très
fraîche, et même tendue. Je perçois un caractère minéral discret qui accentue la sensation de fraîcheur de la matière. Très jolie longueur finale pour cette cuvée très plaisante et réussie.
Prix : 30.-
Ma note : 93

La Balade au Grand R 2021 :
Chasselas sur cuve (toujours en cuve) :
Robe jaune or. Nez fin et franc, sur des notes de citron jaune, de coing et d’amande douce.
La bouche est fraiche et souple bien qu’un peu tannique. C’est un vin élancé, élégant et minéral.
Voila un vin plein avec du caractère réalisé à partir de levures indigènes bien sûr.
Prix : 15.00 CHF
Ma note : 92

Le Festif 2021 :
Rosé de Pinot noir :
Servi très froid. Robe d’un rosé clair. Joli nez sur des notes de fruits frais (groseille et fraise) mais aussi un peu fumé. En bouche ce rosé se montre presque léger mais surtout très franc, long et salin. Une note de bonbon anglais étonne en fin de bouche (caractère amylique).
Prix : 15.-
Ma note : 91

Le Gourmand 2018 :
Assemblage de gamaret, de garanoir, de gamay, de merlot et de diolinoir.
Robe d’un rouge sombre. Le nez s’exprime sur des notes de fruits noirs (un peu kirsché, une note de griotte), d’épices douces et de noyau d’amande.
La bouche offre de la densité et de la fraîcheur. Elle est longue. Si un caractère tendre et très mûr est perceptible au nez, la bouche surprend par une forme discrète d’austérité avec des tanins stricts et très serrés alors que l’on entrevoyait plus de rondeur à partir de l’olfaction. Jolie longueur finale.
Prix : 29.00 CHF
Ma note : 91

Un moment et une dégustation qui se sont avérés être un vrai bol d’R !

Merci à Michel Reynolds pour son accueil, son enthousiasme et aussi bravo à lui pour son abnégation à avancer et à tracer son chemin avec passion et beaucoup de sérieux. Travailler un projet en bio qui plus est, en partant quasiment d’une feuille vierge, c’est-à-dire grâce à l’achat de moût et de raisin puis la location de vigne n’est clairement pas chose aisée. Il l’a fait et avance en proposant des vins typés. Il produit un chasselas de gastronomie, élevé durant deux ans sur ses lies à un prix quasi angélique : 15 francs.

La production de la cave est confidentielle, puisque l’ensemble des cuvées ne représente que 5.000 bouteilles par an actuellement. Souhaitons à Michel Reynolds de pouvoir augmenter la surface du domaine afin de continuer à affiner tant ses vins (ce qu’il fait déjà fort bien) que ses objectifs sur le long terme. A titre personnel je le verrai bien se concentrer dans un registre de cuvées de spécialités haut de gamme et donc de resserrer le nombre de ses vins dans le futur.

Les coordonnées de contact, de commande et de visite :

Le Grand R
Michel Reynolds