Au Tessin, les "hobbyistes" travaillent beaucoup la vigne

A l’instar du Valais, où l’on parle toujours de quelque 20 à 22.000 propriétaires de vigne (dont l’immense majorité fait travailler ses vignes par des professionnels) dans le Tessin vitivinicole, une part importante du travail des vignes (je n’ai pas reçu de chiffre sur ce point) est assumée par des vignerons amateurs, souvent appelés les « hobbyistes » par les professionnels.
Ce qui est certain, c’est que les caves (petites où grandes) travaillent pour la plupart avec ces « hobbysistes, et il le faut, puisque après tout, certaines caves (renommées d’ailleurs) ne sont pas propriétaires de vignes.

si le vignoble est particulièrement clairsemé, il peut aussi se trouver au coeur des communes, de villes et de bâtiments historiques.
Ici, l’église de San Sebastiano à Artore, au-dessus de Bellinzona .


Ces « non professionnels » seraient encore 2.000 actuellement. Un chiffre qui tend à diminuer (on m’a parlé de 3.000 vignerons amateurs encore il y a moins de quinze ans).

Le Castello di Montebello à Bellinzona


Cette réalité fragilise la viticulture du canton. Car les « grandes » caves et les vignerons professionnels, ne pourront reprendre la totalité de ces vignes, qui seront délaissées par les amateurs qui s’en occupent aujourd’hui (en raison de leur âge qui progresse, de l’absence de reprise de ce travail par leurs enfants) car ces vignes sont, aussi intéressantes soient-elles, souvent de fort petites parcelles, parfois éloignées et difficiles d’accès, et, en prime, fréquemment escarpées.
Difficile dans cette situation d’en confier le travail à un métayer, en raison du coût du travail et de l’ensemble des frais (déplacements, …). Sans compter que le prix du kilogramme de raisin est de 05 francs actuellement m’a t’on dit.

Le Castelgrande, à Bellinzona toujours.


Ce qui fait dire à certains, que la viticulture tessinoise pourrait perdre de sa superficie (aucun chiffre n’est articulé). Pour d’autres, ce sont plutôt les grandes maisons, qui s’approvisionnent pour certaines exclusivement en achat de raison, sans être propriétaires, qui pourraient y perdre le plus dans le futur.

une autre vue sur le castel Montebello


Voila une situation pour le moins paradoxale, puisque qualitativement, les tessinois ne sont pas en souci. Leur production dépend à 90% du seul cépage Merlot (vinifié en blanc seul où en assemblage, en rosé, et bien sûr en vin rouge (élevage en cuve, en foudre de chêne et bien sûr en barrique). La diversification venant de cépages tels que le chardonnay, le pinot noir aussi, le sauvignon blanc, le kerner par exemple. Il y a aussi un peu de chasselas. De mon côté, si j’ai apprécié les différentes variations concernant le cépage Merlot, pur où « accommodé » d’un peu de cabernet-franc par exemple, j’ai aussi et surtout été impressionné par la belle fraîcheur des vins blancs dégustés.
Lors du prochain article, je vous présenterai un « hobbyiste ». Gianni Cristini, dont les vignes et la cave se trouvent à Camorino (tout près de Bellinzona).

Manque de soutien local ?  :
Les tessinois soutiennent-ils réellement leur viticulture ? Pas assez me disent certains. Pourtant, le potentiel existe : la population est même supérieure à celle du Valais qui compte pourtant 5.000 hectares de vignes.
Sur les cartes des restaurants, la part des vins indigène est souvent insuffisante, j’ai pu le constater  par moi-même.
Un vigneron m’a expliqué que le tourisme pourrait largement participer à la consommation. Las, si les restaurateurs ne jouent pas le jeu, c’est aussi car un grand nombre d’entre eux sont italiens. S’il loue leur sens de l’accueil (mondialement reconnu je crois), ils proposent sur leurs cartes des vins bons marchés, provenant pour la plupart de leurs régions d’origine. Chose que j’ai pu vérifier par moi-même dans quelques restaurants, où la partie de la carte des vins couvrait la totalité de la péninsule.
Comme pour enfoncer le clou, dans une émission culinaire vue sur Teleticino, l’accord mets-vins proposé l’était avec un vin de la Valteline italienne (appellation d’ailleurs sponsor de l’émission).