Un drone volant pour un projet pilote innovant au Château de Châtagneréaz

eBee, Philippe Schenck, Jean-Christophe Zufferey (SenseFly) et Pierre-Olivier Dion-Labrie

Philippe Schenk, Jean-Christophe Zufferey (senseFly) et Pierre-Olivier Dion-Labrie.

Comment améliorer sa connaissance des terroirs de son domaine viticole ?

Clos Domaines et Ch‰teaux

Le Château de Châtagneréaz, à l’histoire millénaire. (photo de Régis Colombo, fournie par Clos, Domaines et Châteaux).


En discutant avec ses prédécesseurs par exemple pour mieux comprendre comment fonctionnent les différentes parcelles, mais aussi en utilisant un drone civil, ou véhicule aérien sans pilote.Pierre-Olivier Dion-Labrie, chef vigneron au Ch. de Châtagneréaz, a ainsi réussi à convaincre tant son propriétaire, Philippe Schenk, que l’équipe de Changins, tout particulièrement celle dédiée aux sciences de la terre, dirigée par Stéphane Burgos et Nathalie Dakhel, son adjointe, pour mieux connaître les 13,5 ha de vignes qui se trouvent autour du château.
A ce partenariat public et privé s’est ajouté un autre tiers privé : la société SenseFly, dirigée par Jean-Christophe Zufferey.
SenseFly est une ex-start up, désormais fabriquant de drones civils. Elle compte septante collaborateurs et est basée à Cheseaux sur Lausanne. Elle est issue du vivier scientifique de l’EPFL.
Si la connaissance des terroirs d’un domaine était jusque ici basée sur des études cartographiques, datant parfois du 19e siècle, et l’étude de la géologie grâce à des sondages à la tarière et le creusement de fosses ou profils (d’un  mètre cinquante de profondeur), l’apport du drone révolutionne la donne et ouvre des champs d’applications jusque ici insoupçonnés. IMG_0359_mini IMG_0416
Les scientifiques de Changins le reconnaissent volontiers, l’étude des terroirs vaudois réalisée entre 2000 et 2004, sous la direction de Conrad Briguet, aujourd’hui directeur des écoles de Changins (au nombre de trois : le bachelor viti-oeno, le master en oenologie, l’école des vins -ouverte à tout un chacun) s’est désormais trouvée un allié pour approfondir son travail et le compléter.
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eBee, drone civil sans pilote, ici en attente de son vol, reçoit les directives par un transfert sans fil depuis un ordinateur portable. A la fin de sa mission, il se pose seul sur un chemin ou une zone herborisée pré-définie.


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Le miracle informatique : les multiples photographies aériennes réalisées par eBee sont assemblées et la cartographie aérienne recréée, prête à livrer ses informations voire ses secrets !


Car l’étude des terroirs à l’aide de la tarière et de profils obligeait l’équipe viticole à extrapoler les résultats à l’ensemble d’une parcelle. Avec le drone, la précision est de l’ordre de trois centimètres pixel.
N’ayons pas peur des mots et de parodier Steve Jobs : « c’est une révolution » ! photo_changins_ChataVisibleLe passage au-dessus des vignes peut se répéter jusqu’à une fois par semaine lors de la période de maturation. L’utilisation du drone apporte des informations à partir de photos conventionnelles de haute qualité et aussi de clichés de différentes bandes spectrales comme les infrarouges, d’autres sur la teneur en chlorophylle, la richesse ou le manque d’eau d’une parcelle, soit nombre de paramètres qui concourent à rendre  une parcelle homogène ou non. La cartographie créée est disponible en 2D ou 3D selon l’usage souhaité.
Pour le vigneron, la validation de tout ces indices devrait permettre d’éviter toute systématisation, et d’intervenir auprès d’une zone d’une parcelle tout en évitant d’apporter ailleurs des éléments qui n’ont pas lieu d’être.
Le bénéfice écologique est évident lors de la surveillance des vignes (par rapport à tout autre objet volant)  ou en minimisant les interventions au sol des équipes, avec leurs tracteurs (moins de passage à la pompe grâce à des interventions ciblées).
eBee, le drone utilisé à Châtagneréaz, ne pèse que 700 gr pour une envergure à peine supérieure à un mètre. Il est muni d’un appareil photographique de haute résolution, et  vole de quelques minutes à cinquante minutes à une hauteur comprise le plus souvent entre 70 et 80 mètres au-dessus des zones qui observées (il n’a jamais dépassé 100 m de hauteur par rapport au sol), et ce dans un silence quasi total.