Catastrophes naturelles, fraudes, investissements et classement…

On ne le rappellera jamais assez : la viticulture fait partie intégrante du monde agricole.
En cela elle est directement dépendante de la météorologie, et cette dernière souffle -au sens propre comme figuré- le chaud et le froid sur elle. Parmi les effets les plus dévastateurs que nous pouvons garder en mémoire :  un printemps et ou un été pourris, et les dégâts de la grêle qui reviennent périodiquement en saccageant l’espoir d’une belle récolte.
L’année 2014 marquera les esprits non pas par l’apparition mais par la brutale évolution du drosophile Suzukii dans les vignobles romands (son arrivée date de quelques années déjà). Le Valais a certainement été la région la plus touchée cette année.  Comble de malchance, ce sont les zones de polyculture qui ont été les plus affectées (les vignes à proximité d’arbres fruitiers principalement).

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Sur la baie au centre de ce cliché, on voit bien la marque de la piqure laissée par le drosophile Suzukii. L’apparence de ce grain va rapidement changer et la contamination des baies alentour se développer. Crédit photo Dorian Amar


Ce ravageur sera t-il un nouveau fléau pour le vignoble tel que le phylloxéra, ou des maladies telles l’oïdium ou le mildiou ? Nous ne le souhaitons pas, et personne ne fera confiance en Mme Irma et sa boule de cristal pour y voir plus clair dans les années à venir.
Heureusement, septembre aura fait le millésime et en octobre les vignerons sont aux vendanges.
Fin 2013 est marqué par l’apparition « d’affaires », de tricheries qui n’en sont pas (on semble avoir dépassé le stade de la simple triche).
Soit des épisodes à rebondissements parfois, qui verront même plusieurs personnes passer momentanément par la case « prison ».
L’été 2014 n’ayant pas été assez mauvais, on nous a trouvé d’autres « affaires » depuis. Des erreurs ou fautes vénielles, mais ce n’est jamais bon pour et tout le monde se serait bien passé de cette mauvaise publicité. Car l’immense majorité des professionnels fait son travail avec un seul but avoué : réaliser des vins de qualité avec de beaux raisins et …sans aucune magouille ou tricherie.
Pour y parvenir, il faut aussi passer par des investissements, souvent forts coûteux.
La cave Renaissance (Charrat, VS) utilise cette année une table de tri high tech, dotée d’un véritable oeil électronique pour séparer le bon grain de l’ivraie (voir ici), ce qui ne l’empêche fort heureusement de faire d’abord le boulot à la vigne.
Didier Cornut, de la Cave Cidis (Tolochenaz, VD), nous a fait vivre l’avancée de gros travaux au sein de son entreprise de façon régulière sur un réseau social.
Marylène et Louis-Charles Bovard-Chervet dans le Vully (Praz. FR) viennent de voir s’achever la première phase de la rénovation de leur cave après quatre mois et demi de travaux, et ce quelques jours avant le début des vendanges. L’une des contraintes majeures a été de moderniser en favorisant l’ergonomie du travail dans des locaux pluri séculaires et classés !
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Exit les grosses cuves en béton au Ch. de Praz.


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La présence de l’égrappoir ne laisse pas de place au doute : les vendanges ont débuté.


    Au sol, marquage de la présence de deux bouteilles enfouies dans la chape de béton. Des informations d'aujourd'hui pour les générations futures.

Au sol, marquage de la présence de deux bouteilles enfouies dans la chape de béton. Des informations d’aujourd’hui pour les générations futures.


Et ce ne sont là que trois exemples parmi des centaines de professionnels qui investissent chaque année, à des degrés différents, pour améliorer la qualité de leurs vins.
Pour finir, le TOP 100 des meilleurs vignerons de Suisse 2015 du Gault & Millau est paru récemment. Avec une toute petite pincée de changements.
Au final, nous comptons une cave romande de moins et une tessinoise de plus. Un rookie de l’an passé intègre le Top 100 côté Grisons. L’autre, Romand, reste sur le carreau et se fait même « griller la politesse » par une cave sortie du diable vauvert. Le lien vers mon article de l’an passé : c’est en faisant clic ICI.
Autre chose, le jury compte un dégustateur de plus (Paolo Basso). Nous avons donc toujours une équipe de jurés  qui reste fortement déséquilibrée par son nombre de suisses allemands (4), contre deux romands et désormais un tessinois.
Si cela peut aider les vignerons romands à mieux vendre leurs vins outre-Sarine, on s’en contentera.