Visite à la cave des Amandiers, chez Alexandre Delétraz,

Fort belle visite de cave chez Alexandre Delétraz, où j’ai fait un tour de cave quasi complet, entre vins en bouteille et d’autres en cours d’élevage.
Alexandre affine de façon constante son travail, cela se ressent à la dégustation. C’est déjà l’âge de la maturité pour ce jeune trentenaire. Passé les premiers millésimes, où ses vins étaient marqués par un élevage appuyé (la faute à un parc de fûts de chêne neufs), il présente avec constance depuis des vins ciselés, précis, fruités et d’une grande fraîcheur.
Il est rapidement devenu une valeur non plus montante du vignoble valaisan, mais une valeur sûre de ce dernier. A découvrir si ce n’est déjà fait.
Les  vins en bouteilles :
Le fendant 2016 : nez ouvert, avec de jolies notes florales intenses. Pour la première fois ce fendant a réalisé sa seconde fermentation, ce qui semble lui convenir à merveille car le vin est parfaitement tonique et équilibré en bouche. Le vin a un très léger carbonique, très fin d’ailleurs, qui devrait disparaitre dans les mois à venir. A la rétro-olfaction, des notes d’agrumes font leur apparition. Jolie longueur finale. Voila un bien beau fendant !
La Petite Arvine 2016 « made in Valais » : ce n’est pas un vin de terroir, mais un assemblage de parcelles des communes de Saillon, Leytron et Fully. Ce vin était en bouteille depuis seulement deux semaines. Le nez n’était pas exubérant, mais les arômes fruités de pomelos étaient nets quoique pas d’une intensité encore très prononcée. La bouche était un peu en « avance » sur le nez : fraîche et sapide, élégante typée, longue et bien sûr saline.
Juste après, j’ai dégusté à la cuve la PA 2016 de Fully : d’une grande fraîcheur, et pourtant grasse en bouche, équilibrée, droite et prometteuse. La PA Les Seyes 2016 élevée sous bois , est tout simplement magnifique !  Remarquable équilibre et cohérence entre le nez, la bouche. Cette PA va faire son chemin. Le boisé (un foudre de 12 hectos)  est parfaitement intégré et magnifie la matière.
Le Païen (Heida) 2016 : des notes d’agrumes et d’épices (poivre blanc) au nez. La bouche est riche mais d’une grande fraîcheur, droite, tendue mais pas arquée ! L’équilibre est là, ainsi que la typicité aussi. Ce vin va gagner en amplitude de bouche dans quelques semaines selon le vigneron. Un vrai beau Païen ! Et sec !
Au travers de ces deux derniers vins, c’est un peu l’idée d’un grand vin blanc qui se dessine chez Alexandre Delétraz.
Le Gamay de Fully 2016 : le nez est sur le fruit, avec des notes de fraises, de framboise, de mûre aussi. En bouche, le vin est croquant, gouleyant, juteux, fin et équilibré, de belle longueur, avec une typicité nette, dont un caractère épicé en finale. Alexandre le considère comme un « gamay de bistrot ».   Mais pour un bon bistrot alors !
Humagne Rouge 2014  :  Belle profondeur de robe. Le nez, un peu réservé évoque des fruits rouges et noirs (cerise, sureau  et est équilibrée.  La bouche  offre une belle finesse, de la fraîcheur et du fruit. Très jolie longueur et équilibre. Le millésime 2014  se présente bien !
Humagne Rouge 2015 :  elle passe trois mois en cuve après son élevage en barrique. Un vin issu de  vignes de Fully principalement. Note de violette au nez, puis de fruits noirs. Un fruité qui évoque une belle maturité (le millésime 2015 ayant été très favorable grâce à de très belles maturités). L’élevage sous bois est parfaitement maitrisé. Alexandre a choisi un demi muid, soit un grand contenant. L’équilibre est bon. L’humagne est un vin qui est peu tannique et qui a une acidité naturelle plutôt faible. L’élevage ne travestit pas la matière, elle se présente de façon naturelle et élégante, avec de la finesse et de la fraîcheur, de l’équilibre. Beau retour du fruit en finale. qui est de belle longueur. Une humagne très appréciée.
Cornalin de Fully 2015 :  robe sombre, nez de cerise noire, intense, la bouche est pleine, équilibrée et fruitée. C’est un cornalin qui est harmonieux, bien plus que chaleureux. Un vin sérieux dans sa présentation, mais aussi accessible et presque festif dans son expression.  Belle longueur.
Le Cornalin de la Combe d’Enfer 2015  : Belle profondeur de robe. Le nez évoque la griotte, mais aussi des fruits rouges frais tels la fraise et le framboise, avec intensité. La bouche est structurée, sans lourdeur, riche et très fraîche. C’est un cornalin qui s’exprime avec vigueur et force, mais sans manquer de subtilité et de finesse. Très jolie longueur finale. C’est un vin qui est davantage porté sur le terroir que sur la gourmandise immédiate, et pourtant il ne manque pas d’atout en ce sens non plus.
La Syrah 2014 : elle a bénéficié d’une élevage long de deux ans, puisqu’elle est en bouteille depuis neuf mois seulement. Elle va demander une peu de temps pour se trouver. Le nez n’est pas très intense aujourd’hui. J’y décèle des notes florales épicées comme la pivoine, et aussi de fruits noirs comme le sureaux et la mûre. La bouche est un peu marquée par le boisé aujourd’hui, mais cela devrait s’estomper avec un peu de garde. En attendant, les plus pressés pourront toujours utiliser leur carafe, et découvrir la force de ce vin, qui ne manque pas d’épaules.
L’Humagne Rouge  Les Prix 2016 : cette humagne est issue d’un terroir calcaire de Leytron. Ce vin en cours d’élevage dans un demi muid (un contenant de plus en plus répandu dans les caves et ici tout particulièrement). Si le nez est quelque peu réduit, la bouche elle, s’offre avec générosité dès aujourd’hui. Elle possède un caractère à la fois riche et fondu. Belle longueur finale. A ne pas perdre de vue une fois la mise réalisée !
L’Humagne Rouge de Fully 2016 : celle-ci est issue d’un terroir granitique. C’est vraiment passionnant comme la dégustation de vins de terroirs différents permet de mettre en exergue les différences d’expression d’un cépage !
Le fruité est net, sur des notes de fruits noirs, mûrs, la bouche se présente dans un style plus droit, moins ample. Ce vin apparait plus « sérieux » que celui de Leytron. Sérieux mais pas austère pour autant. Car la vitalité ne lui fait pas défaut. Ainsi que la finesse et la fraîcheur.
Nous « répétons » encore cet exercice avec deux cuvées de Syrah en cours d’élevage : La Syrah 2016 de Leytron Les Prix  (élevée dans un demi muid de deuxième passage), et la syrah 2016 de Fuylly Les Tatzes (élevage également dans un demi muid mais de 3e passage).   Deux vins pris dans leur jeunesse, qu’il n’est pas utile de commenter avec précision aujourd’hui. Laissons le « papa » s’en occuper dans la cave. Une nouvelle fois, le caractère des terroirs s’exprime clairement. Alexandre extrait la substantifique moelle de chacun, tout en respectant l’identité du cépage avec précision.
En guise de conclusion : il est évident que l’orientation est claire et que le cap est tenu. Le Capitaine Alexandre Delétraz a hissé la grand voile. Qu’importe l’état de la mer, quand bien même je ne lui la souhaite pas tempétueuse, il est paré pour faire face aux situations afin de mener ses vins à bon port.
A découvrir absolument !