Une "mémoire des vins valaisans" proposée par la Charte St-Théodule

Lieu et date : Leuk/Loèche, lundi 12 novembre 2018
Raison : Célébration des 50 ans de la Charte St-Théodule en Valais.

La volonté était d’offrir une dégustation hédoniste, dans le but de mettre les vins du Valais et leur histoire en valeur.

 

La dégustation a été animée par Madame Corinne Clavien, oenologue cantonale du Valais, qui possède l’art et le talent de quitter son habit d’oenologue, pour revêtir celui d’ambassadeur passionné et passionnant des hommes (et femmes) et des vins de son canton. Elle a également rappelé, à bon escient, que le vin se fait à 90% à la vigne, et qu’il faut rendre hommage à celles et ceux qui y sont présents durant toute l’année, pour permettre d’obtenir plus tard les nectars qui nous sont servis.

 

La Charte St-Théodule réunit quelque 70 vignerons-encaveurs sur les 150 du canton. Tous ensemble, ils représentent 28% de la production de vin du Valais.

 

Dégustation des vins de vieux millésimes :

Les Vins Rouges :

Pinot Noir 2002, Reinhard et Stefan Schmidt, Salquenen : Jolie robe, claire, un peu tuilée. Nez sur des notes de framboise, de fraise et de sous-bois, de belle intensité,
Bouche franche, tannins marqués, un peu durs, sensation de richesse et d’alcool en bouche et une acidité assez marquée. Le vin m’a paru un peu chaud (davantage que les autres). Un peu de verdeur en finale. Jolie longueur. Un pinot noir de Salquenen clairement classique, les sucres résiduels en moins. Une entame très honorable pour cette dégustation.
Note : 86/100
Humagne rouge 2009, cave des Amandiers, Alexandre Delétraz, Saillon :
Très jolie robe, profonde, brillante, note de framboise bien mûre, de mûre, et de petites baies des bois. Corinne Clavien (CC désormais) évoque la violette et la fleur de sureau.
On perçoit un peu le boisé, mais la typicité est conservée.
C’est une humagne qui possède une belle puissance tannique, de la finesse, et belle acidité. C’est un vin qui a conservé sa jeunesse, de l’éclat et de la fraîcheur. Belle longueur finale.
Note 90-91/100
Cornalin 2008, Denis Mercier, Sierre :
Très belle robe, profonde, brillante, sans trace d’évolution. Nez peu intense, sur des notes de fruits noirs : mûre, cerise noire, mais aussi de lard et de fumée. L’ensemble est riche, puissant mais civilisé, avec de beaux tannins. J’ai trouvé la longueur moyenne, et surtout une acidité marquée sur le milieu et la fin de bouche. Ce cornalin ne m’a pas fait vibrer, alors que l’enthousiasme était quasi général autour de moi.
Note :87/100

Syrah 1999 Marie-Bernard Gillioz-Praz, Grimisuat :
Belle robe profonde, pourpre. Le nez est d’intensité moyenne, avec des notes de fruits noirs, de cuir, de moka. La bouche est tendue par une belle acidité, qui lui apporte ce qu’il faut de fraîcheur. La présence des tannins est encore nette, mais ils se fondent. On sent le déclin qui se profile lentement. Mais c’est très joli vin parfaitement équilibré, épanoui et élégant, et long en bouche.
Note :91/100

Pinot Noir 1975, Simon Maye, St-Pierre-de-Clages :
Robe claire, tuilée, nez sur des notes de moka, de cuir, de kirsch.
La bouche m’a paru très souple (plutôt passée en fait), avec des notes de kirsch puissantes accompagnées par une présence d’alcool assez marquée. Longueur plutôt courte.
CC : livèche, oléagineux : noisette, noix. Vin ciselé, tannins fins et caressants.
Note : 85-86/100
Il semble qu’il y ait eu une grande différence de qualité de conservation entre les deux bouteilles (un magnum et une bouteille de 75 cl) qui ont été servies aux invités, et que le vin du magnum était en deçà de celui de la bouteille. La vie et l’évolution quoi!

Pinot Noir 1967, Louis Imhoff, Sion :
Robe profonde, d’un beau rouge d’intensité moyenne, au reflets tuilés lorsque je remue mon verre. Très joli nez, de belle intensité, avec des notes de framboise, de sous-bois, de cuir, de cacao amer et de kirsch. Bouche puissante, riche, grasse, longue, équilibrée, très fine, avec un peu de sucre complètement fondu. C’est un pinot qui est ample en bouche, avec beaucoup de finesse et d’élégance. Vigne de La Corbassière (aujourd’hui vignes de la cave Cornulus).
Magnifique!
Note : 92-93/100

Cornalin1964, Louis Imhoff, Sion : Rouge d’Enfer
Belle robe profonde, brillante.
Nez peu intense mais fruité : framboise, mûre, griotte, et une note mentholée aussi.
Bouche étonnamment riche, franche et fraîche, équilibrée et longue. Très beau vin, extrêmement délicat. Il est droit, debout. Superbes tanins. Grande finesse.
Note : 93-94/100

Les bouteilles de Mr Imhoff proviennent de la cave de Marie-Thérèse Chappaz, où son père les avait déposées. Elles n’avaient jamais été bougées depuis qu’elles s’y trouvaient jusqu’à cette dégustation !

Les Vins Blancs :

Pinot Blanc, Daniel Etter, 2004, Savièse :

Robe d’un jaune or. Nez sur des notes de fruits jaunes, de belle intensité.
Sucres résiduels fondus, vin un peu chaud en bouche, mais bien présent de par sa matière. Notes d’ananas et de citron confit, mais aussi de noix de coco. L’élevage en barrique apporte une sucrosité de bon aloi.
En dépit de la sensation d’alcool en bouche, cela reste un fort joli vin.
Note : 89-90/100

Johannisberg 2005 Jacques Clavien, Venthône :
Très belle robe or. Note de poire d’amande.
Jolie bouche avec une belle attaque, puis devient un peu douce, jolie longueur,
Note de pierre à fusil discrète sur la finale, L’ensemble est fin et gras. Bel amer final, bien maîtrisé.
Superbe fraîcheur conservée, malgré la légère sensation d’alcool en finale.
Note : 89-90/100

Ermitage 1996 de Willi Michelod, Leytron :
Superbe robe or limpide. Nez complexe de cire, de fruits confits, de truffe et d’eau de vie de framboise. C’est très fin et délicat, avec une très belle intensité. Pour certains, le boisé est trop marqué (élevage en barrique).
Beaucoup de fraîcheur, de finesse et de délicatesse, très long en bouche.
CC :humus, sous-bois, livèche, très légère oxydation (maîtrisée). Amertume délicate, a de la classe (Denis Saverot, RVF).
Bien que signé Willi Michelod, ce vin a été vinifié par sa fille Romaine, qui dirige depuis le domaine avec son mari Christian Blaser (chef de culture). Le domaine est en reconversion en culture biologique actuellement. Il l’est en réalité depuis longtemps, mais n’avait pas demandé sa certification.
Ce vin me remémore mes rencontres avec Willi Michelod en 2002 lorsque je préparais ma 1ère grande dégustation que j’avais intitulée « Rencontre Avec les Vins Suisses ». C’est sur les conseils de l’ami Dominique Fornage que j’étais allé rencontrer le vigneron de Leytron.
Note : 93-94/100

Paien de Miège 1987, de Fernand et Conrad Caloz (grand-père et père de Sandrine Caloz), Miège :
Superbe robe jaune presque fluo, qui me rappelle l’incroyable robe du chasselas 1959 du domaine de Marcellin dégusté à Zurich il y a quelques années.
Nez intense, sur des notes de fruits jaunes dont le pomelos en tête et le brugnon. On a une impression boisée aussi, et une note de fumée. La bouche est riche et délicate, franche, fine, équilibrée et longue. C’est un vin de trente ans d’âge, puissant mais dynamique. Plus tard, Sandrine Caloz me dira que ce Paien est issu d’une des plus anciennes vignes de ce cépage dans la région de Sierre.
Note : 92/100

Petite Arvine 1986 Simon Maye et fils, St-Pierre-de-Clages :
Robe jaune de belle intensité.
Nez sur de notes de citron, de fumée, écorce d’agrume, de rhubarbe aussi.
Bouche : attaque marquée par un carbonique encore très présent. Jolie matière, fine, équilibrée, avec un peu d’amer en bouche, longueur agréable. Le vin est très légèrement salin en finale. Incroyable respect de la typicité de ce cépage valaisan !
Note : 89/100

Humagne blanche 1967, Eloi et André Roduit à Fully :
Cuvée président Troillet.
Superbe nez, d’une grande finesse, délicat, intense. Note de résine, mais surtout note de citron confit et de safran puissant.
Petit Co2 (!), bouche fine et délicate, sur le déclin tout de même, mais qui reste très agréable. Longueur un peu courte et dominée par l’alcool. Mais c’est un vin de 50 ans d’âge ! Respect.
Les vignes sont à Marie-Thérèse Chappaz aujourd’hui.
Note : 91/100

Ermitage 1967 André et Eloi Roduit, Fully, Président Troillet :
Belle robe or profond, Nez safrané, d’intensité moyenne, écorce d’orange.
Bouche grasse, puissante, équilibrée et fine, avec du sucre résiduel (totalement fondu), très long.
Magnifique d’équilibre. Ce vin est l’archétype de vin de méditation !
Note : 93/100

Petite Arvine Grain de Folie 1998, Benoit Dorsaz, ex Cave Coronelle, Fully :
Robe d’un or très profond. Nez sur le citron confit, un peu de safran, de cire, de miel, raisin sec, figue. C’est très complexe.
Bouche délicate, longue fraîche et grasse, équilibre splendide tant elle est ciselée. Le vin est très long. On perçoit une touche d’épices orientales sur la finale. Il faut relever que la salinité finale de la Petite Arvine est conservée. C’est un vin époustouflant, qui va défier le temps, même en bouteille de 50 cl.
Vin Exceptionnel!
Note exceptionnelle : 96-97/100
Il faut savoir que Benoît Dorsaz réalise une barrique par an de son liquoreux, quand le millésime le permet, barrique de 228 à 300 litres selon les années.

La journée s’est poursuivie par la dégustation auprès des vignerons-membres de la Charte. Chacun a apporté deux bouteilles de vin, proposées en dégustation à leurs invités.
Impossible durant une telle journée de rencontrer chacun et au final de déguster encore 140 crus après ces vieux millésimes. Surtout lorsque votre journée compte également plus de sept heures de trajet dans des transports en commun. Cela m’a néanmoins permis de faire de nouvelles rencontres, de retrouver des vignerons connus de longue date où plus récemment. Au final, la journée fût magnifique.
Bravo aux vignerons de la Charte St-Théodule !