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La dégustation s’est tenue à la taverne Motto del Gallo le lundi 15.02.2010.
Elle a été conduite par Dominique Rouvinez et Dominique Fornage. Le premier, est oenologue, co-directeur de la maison Rouvinez avec son frère, ainsi que les caves Orsat (voir plus bas). Dominique Fornage, est directeur du Château de Villa à Sierre, il anime de nombreuses dégustations, tant de vins valaisans dont il est l’un des plus fins connaisseurs, mais aussi de vins internationaux.
L’ensemble de ces vins de Johannisberg et d’Ermitage proviennent tous des Caves Orsat à Martigny.
Les Caves Orsat appartiennent au paysage viticole valaisan depuis 1874, année de leur fondation par Alphonse Orsat à Martigny. L’histoire des Caves Orsat est intimement liée à celle de centaines de vignerons, passionnés de vigne et de vin, fournisseurs de vendange depuis plusieurs décennies. Il n’en demeure pas moins que les Caves Orsat possèdent également près de 30 hectares de vignes.
Au courant de l’année 1998, la Cave Orsat a été reprise par la famille Rouvinez de Sierre, active dans la viticulture depuis 1947. Aujourd’hui avec 1’200 particuliers et une surface de 322 hectares, elle représente la deuxième coopérative, après Provins Valais.
« Ces vins représentent ce que les Caves Orsat ont su faire depuis les années 1930 à aujourd’hui. Il s’agit de vins traditionnels, sans aucune sélection spéciale. Ils ont été mis en bouteilles l’année suivant les vendanges. Les raisins destinés à leur production sont, encore aujourd’hui, vendangés dans la commune de Fully sur des terrains granitiques » explique Dominique Rouvinez.

Un mot sur les deux cépages :
Johannisberg (Sylvaner) :
Le Sylvaner est le deuxième cépage blanc le plus planté en terres valaisannes. Originaire d’Autriche, principalement implanté sur les bords du Rhin, en Allemagne, il est apparu dans la vallée du Rhône au milieu du XIXe siècle. Cépage en même temps sensible aux maladies et au froid, le Sylvaner est toutefois de bonne vigueur. Il se plaît tant sur les terrains légers, schisteux ou graveleux (tels les cônes de déjection) que la législation cantonale a délimité ses aires de production. Un peu plus tardif que le Chasselas, il est appelé Johannisberg en Valais et se caractérise par un nez aux notes de fleurs sur fond de fruits du verger et d’amandes. En bouche, il présente une belle vinosité ainsi qu’une matière voluptueuse. Son potentiel de garde et sa complexité sont inouïs – et ce au-delà de vingt ans ! (vins du Valais).

Ermitage (Marsanne) :
Introduite en Valais au cours du XIXe siècle, la Marsanne a ses racines dans les Côtes-du-Rhône, plus particulièrement la région de Tain l’Hermitage, d’où son nom valaisan d’Ermitage. Cépage vigoureux, tardif, il développe tout son potentiel dans les meilleures expositions (terres arides, peu fertiles), pour autant qu’il soit issu d’une vendange maîtrisée. Il donne alors des vins amples, riches, généreux, qui développent souvent des notes de fraise et de framboise des bois. Certains millésimes permettent des vendanges tardives. Le vin liquoreux qu’ils offrent associe alors richesse, opulence, volupté et arômes subtils évoquant la truffe, le miel, l’eau-de-vie de framboise. Qu’il soit sec ou liquoreux, l’Ermitage mérite de passer quelques années en cave : son harmonie n’en sera que plus grande ! (vins du Valais).
La dégustation :
Johannisberg 2005
La robe est dorée de moyenne intensité. Au début il est discret et timide, mais après quelque minutes dans le verre il exprime toute sa finesse et gagne en complexité. Les arômes jouent sur la fraîcheur : nuances florales, amande, citron, fruits blancs et une touche minérale. La bouche est tonique et agile, le vin a du corps, de l’équilibre et de l’élégance. La finale est fraîche et l’on y retrouve ces notes savoureuses.
Ermitage 2003
Déjà à la vue il nous fait penser à un vin chaud et opulent. La robe est d’un doré coloré. Très parfumé, les arômes sont confit sur l’abricot, la peau d’orange, le miel, les herbes aromatiques, les fleurs jaunes,… L’attaque donne une touche de douceur. Il a un corps riche et puissant, avec l’acidité tout engagée à donner équilibre. La finale a une bonne longueur. Le vin est savoureux, la rétro est légèrement amère, caractère du cépage. Un vin cohérent avec le caractère de millième.

Johannisberg 1992
La couleur est dorée. Au premier nez donne des notes d’hydrocarbures, suivi par des arômes de noisette, d’amande et de levure. Il est mince, sur une structure moyenne. Il manque un peu de force sur la fin bouche où nous retrouvons des notes d’abricot.
Ermitage 1992
Sa robe est d’un très beau doré. Les arômes sont frais : agrumes, fumé, sous-bois, abricot, petits fruits des bois… La bouche est élégante, tonique et crémeuse, avec un équilibre remarquable. La fin bouche a de la tension et une jolie persistance, les retours sont sur le café, les champignons (la truffe), l’amande (savoureuse). Vin flatteur.
Johannisberg 1984
D’un brillant doré. Avec fraicheur il présente un fin caractère tertiaire: herbes et feuilles sèches, humus et pétards. Il a une discrète densité à l’attaque, mais ensuite il perd force et caractère en donnant une finale fluide avec une excessive acidité. En fin de bouche on sent des notes de noisette, d’amande et une fine astringence.
Ermitage 1984
Doré intense et profond. Equilibre aromatique et complexités remarquables : fraises de bois, truffe, champignons, terreux, fruit exotique, confit, miel, … Il est ample et gras, mais avec un grand équilibre. Un vin vraiment brillant. Excellent
Johannisberg 1975
Les années sont passées mais sa robe dorée ne donne pas signe de vieillissement. Complexité arômatique : pétards, fruit jaune confit, minéral. L’attaque est la plus ronde jusqu’à maintenant des vins de Johannisberg (quelque grammes du sucre résiduel). La deuxième partie de la bouche est souple mais avec une belle énergie. La finale est dûe au caractère fumé.
Ermitage 1976
Une autre démonstration de personnalité. Belle couleur ambre. Son bouquet est parfumé et complexe : poivre, sous bois, humus, abricot et pèche mûr, pierre fusil, … L’attaque est onctueuse, mais équilibrée par une belle acidité, caractère qui marque aussi la longue finale. Grand vin.
Johannisberg 1966
Le 1966 vire vers un ambre lumineux. Une légère nuance oxydative, fleurs et feuilles sèches, abricot. En bouche il est délicat, un peu fluide, sans une grande force, mais encore vif.
Ermitage 1966
Ambre limpide et intense. Bouquet équilibré où ils sortent notes épicées et de thé. L’attaque est douce et dense. Le vin se développe sur de la tension. Fin de bouche longue sur des notes savoureuses, astringentes et épicées.
Johannisberg 1956
54 ans sont passés mais personne ne le dirait : quelle jeunesse de couleur !
Les arômes sont équilibrés et vifs avec des notes de fruits jaune mûr, poivre, safran,… Au goût il est grandiose, harmonieux, énergique et pur. La finale ? Comme une pièce de Giuseppe Verdi.
Ermitage 1956
Seulement la grandeur du Johannisberg 1956 a pu obscurcir le caractère de cet Ermitage. Sa robe est ambrée, le bouquet est ample et d’extrême finesse. Un vin qui possède force et vigueur, et netteté aromatique. La finale a une grande élégance et de la classe.
Superbe série ! Pour finir le millésime 1942 avec un vin de chaque cépage :
Johannisberg 1942
De couleur or intense. Arômes de raisins flétris : figues, dattes, raisin de Corinthe, safran mais aucune oxydation à l’horizon. Il est encore vif, frais et avec un bon équilibre, sec et délicat. Grande preuve de garde du Johannisberg.
Ermitage 1942
Sa couleur est d’un ambre intense. Le bouquet est ample avec des notes de rancio (type Sherry), thé, caramel, abricot, fruits confit jaune. En bouche, c’est un vin structuré, dense et équilibré, jusqu’en finale. Franchement nous ne savons pas plus que dire…
En général tous les vins ont donné une preuve extraordinaire de leur potentiel de garde et ont procuré aux dégustateurs de grandes émotions.
Un grand merci à Stefano de m’avoir transmis ses notes de dégustation traduites en français pour les publier ici-même.
Laurent