Philippe Gex, un hyperactif infatigable et paresseux…

Faisant suite à un article de présentation des vins et du vignoble du Chablais, je vous propose désormais trois portraits de vignerons de cette région viticole vaudoise. Avant Jean-Daniel Suardet puis Anne Muller, voici aujourd’hui celui de Philippe Gex :
Le ton est immédiatement donné sitôt que nous sommes dans la cour du domaine de La Pierre Latine à Yvorne: « Venez au carnotzet, on va prendre l’apéro ». A seulement dix heures du matin.
La discussion est vite lancée. Mais avant de parler du parcours du vigneron, nous voulons en savoir plus sur l’homme public. Car Philipe Gex est une personnalité vaudoise.
Ancien gouverneur de la Confrérie du Guillon – il signait des chroniques truculentes dans sa revue, et jeune retraité au poste de syndic de sa commune, il connait par coeur les rouages qui lient le monde du vin et de la politique. Et cela à son importance dans une commune avant tout agricole. Il nous précisera qu’à Yvorne, onze cent habitants, plus de deux cent emplois sont toujours directement liés à la vigne.
Philippe Gex est aussi un orateur hors pair.
Profondément libéral, notre homme, après avoir été conseiller municipal, au début des années huitante, s’en était retourné à la culture de ses vignes et à la gestion de son domaine viticole.
C’était sans compter sur son prédécesseur à la syndicature, Jacques Deladoye, un radical pourtant – c’était avant la fusion des deux partis – mais très attaché à l’idée que des vignerons siègent à l’exécutif, qui parviendra à le convaincre de reprendre du service, mais cette fois il sera élu syndic.

Avec beaucoup d’humour, voire de dérision aussi, il nous contera son élection. Un poste qu’il a
quitté en juin 2015. Il ne regrette pas cette décision, car il reconnait qu’avoir été syndic durant quatorze ans aura été un réel plaisir.
Aujourd’hui, libéré de ses mandats, il est dévoué à ses seules affaires et à sa famille. Aussi il apprécie désormais de voir venir à lui tout un chacun pour discuter. « Surtout le simple citoyen qui ne faisait pas la différence entre l’homme public et le vigneron il y a quelques mois encore ». Et il savoure le fait que cette barrière soit tombée sitôt son dernier mandat achevé.
On parle bien sûr de la vigne. Son père, disparu précocement, lui a légué en 1982 un peu moins de deux hectares de vigne, dont le produit était acheminé alors à la cave coopérative.
Si le Domaine de Pierre Latine est bien situé à Yvorne, Philippe Gex possède également le fameux Clos du Croisex Grillé à Aigle.

Après une première cuvée de pinot noir « sous son nom » en 1987, le voici aujourd’hui possesseur de dix sept hectares de vignes. Et vingt trois autres sont loués, parfois confiés à un vigneron tâcheron. « Je suis le plus petit des gros exploitants du canton » lâche t-il en riant. Assurément, il a le sens des affaires.

Si le domaine de La Pierre Latine jouit d’une réputation certaine, Philippe Gex évoque aussi celui du terroir du Clos du Crosex Grillé (combe de feu). Outre le bonheur de possèder un terroir exceptionnel, il a appartenu à une parente de Winston Churchill (son référent politique), qui l’avait acquis dans les années 1830 avec son époux, un banquier lausannois.
On le sent fidèle en amitié. Ainsi, il a offert les clés de la « capite » du Crosex Grillé à un ami, directeur de l’hôtel Palace de Gstaad, qui aime à venir sur ce « Clos de Gstaad » (prononcé à l’anglaise « Close to Gstaad » car le vignoble est le plus proche en ligne droite de la station bernoise) et qui y trouve toujours une réserve de bouteilles pour lui et pour ses amis. Clos du Crose Grillé 2
Après avoir partagé deux bouteilles de chasselas et une autre de Merlot « Mythologie Merlotissima », il nous offre la dégustation d’un Chateau Yquem 1996, un peu comme le témoin du bon temps partagé avec nous, car Philippe Gex est un amoureux inconditionnel de la vie et des plaisirs qui s’y rattachent.
Domaine de la Pierre-Latine
Philippe Gex
Les Rennauds – CP 27
CH – 1853 Yvorne (Vaud)
www.pierre-latine.ch