Le Weingut Steiner à Schernelz : entre continuité et renouveau !

La presqu'île St-Pierre

Même sans la vue sur les Alpes bernoise et fribourgeoise, le panorama est à couper le souffle !


Après avoir quitté la bucolique route menant de La Neuveville à Bienne, le long du lac de …Bienne à hauteur de la commune de Gléresses (ou Ligerz en allemand), notre chemin nous a amené à Schernelz, une centaine de mètres plus en hauteur. Le panorama qui s’est offert à nous est tout simplement grandiose. Ici, le visiteur qui se rend à la cave Steiner en automobile n’aura guère tardé à se rendre compte qu’être vigneron sur ces coteaux n’est pas un métier de tout repos. D’autres préfèreront peut-être faire le trajet dans le funiculaire qui circule de Gléresses à Prêles pour se rendre à la cave. Un arrêt est distant de la cave de quelques centaines de mètres seulement. Ce « funi » est une curiosité, car il est le seul qui relie deux communes de Suisse de langues différentes.
Sabine Steiner, après une formation universitaire sur la communication et les médias à Fribourg, puis une autre sur le management d’une société vinicole en Autriche, a récemment pris les rênes du domaine familial créé par son père Charles en 1977.
sauvignon blanc Steiner

Il possède une complexité de bon aloi ce sauvignon blanc.


La cave est réputée. Son vin de pinot gris l’a faite membre de la célèbre association Mémoire Des Vins Suisses voici plus d’une demi douzaine d’années déjà. Depuis deux ans, le guide Gault & Millau l’a consacrée parmi les cent meilleures caves du pays.
En reprenant le domaine familial, Sabine Steiner n’en est pas moins à la croisée des chemins. Mais son destin, elle le tient bien dans ses mains. Elle évoque l’avenir de la cave et de ses six hectares et demi de vignes avec celle de son fiancé, Andreas, également vigneron dans la région. Une « fusion » où une collaboration étroite entre les domaines est actuellement envisagée. A Schernelz, le team de la cave est solide. Mais Marco Menke, l’oenologue en charge de la vinification des vins vient d’être épaulé d’une nouvelle recrue, une jeune bourguignon. Une évolution vers un mode de culture plus biologique que la production intégrée est envisagé. Des essais en biodynamie sont déjà en cours. En parlant du travail à la vigne, la vigneronne nous dit qu’elle ne saurait s’en passer aujourd’hui, chose qu’elle abhorrait presque lorsqu’elle était plus jeune. Elle reconnait toutefois que certains travaux sont durs pour une femme.
on prend une chaise

on s’assoit et on profite de la beauté des lieux ?


C’est dans le style des vins souhaités par la vigneronne que l’on perçoit que la jeune femme sait exactement ce qu’elle souhaite : une gamme de vins tendus, porteurs d’une belle acidité.
Pour y parvenir, elle nous confie que le remaniement parcellaire qui est entré en oeuvre durant la première décennie des années deux mille est une avancée majeure. De quelque cinquante parcelles, la cave n’en compte désormais plus qu’une demi douzaine. Réduction des coûts et du temps de travail, efficacité accrue, mais aussi la pénibilité de certains travaux à la vigne qui s’en est trouvée diminuée. En réalité, après les évidentes difficultés de mise en oeuvre, la vigneronne ne voit que des avantages à ces changements. De plus, après une folle effervescence qui a vu la région porter le nombre de cépages à quarante (pour seulement deux cent vingt hectares de vignes), ce remembrement a permis au domaine d’arracher des plants de vignes jugés peu intéressants pour en réduire le nombre de variétés, et favoriser la plantation de clones qualitatifs pour produire des vins les plus purs possibles. Chez les Steiner, il ne reste que cinq cépages principaux désormais, d’autres cohabitent encore, mais de façon expérimentale.
vignes à Schernelz village

des vignes et un lac, what else ?


Parmi les vins dégustés à la cave en octobre 2014, nous avons apprécié le chasselas « Deux Clos », au nez intense, floral, et à la bouche épanouie, légèrement minérale en finale. Une cuvée sans doute unique, née de l’assemblage des vins de deux parcelles, en raison de l’épisode de grêle de juin 2013. La quantité de baies ramassées sur chaque clos ne permettait pas la vinification des deux cuvées comme les années précédentes. Les vins de sauvignon blanc et de chardonnay 2013 sont tous deux bien typés, et vont parfaitement dans le style de vin recherché. Le sauvignon blanc profite d’être planté dans trois zones et deux altitudes différentes pour avoir à la fois du corps tout en conservant l’indispensable fraîcheur voulue. Le chardonnay réserve 2011 (élevage en barrique) est un vin très subtil et gourmand dont l’élevage est bien réussi. Les deux pinots noirs étaient à la fois fruités et frais, et les tanins étaient légèrement marqués par leur jeunesse, leur équilibre en bouche est des plus agréables.
Au coeur d’une région magnifique et méconnue, voici des vins et une vigneronne -qui s’exprime dans un excellent français- que nous ne pouvons que vous inviter à découvrir et à visiter.
Laurent
PS : Je dédie cet article à Baptiste qui a débuté au domaine voici une semaine. Je lui souhaite bonne chance et lui dit à bientôt !