Actualités
Dégustation thématique : les humagnes blancs de Leytron 2015 et vieux millésimes!
J’ai invité les vignerons de la commune de Leytron à collaborer à une dégustation thématique sur les vins des deux humagnes. Deux cépages dont la commune s’est d’une certaine façon faite la « protectrice ».
Cette dégustation s’est déroulée lundi 31 octobre dernier au Grand Hôtel des Endroits, à La Chaux-de-Fonds.
Les vins rouges ont été sortis de la cave du restaurant, où je les avais placé quelques jours plus tôt, pour qu’ils soient à température de service. Les vins blancs ont été placés en chambre froide la veille de la dégustation. Ils en ont été sortis juste avant leur dégustation.
Pour cette thématique sur les deux humagnes, j’ai invité les vignerons de Leytron à nous fournir leurs vins du millésime 2015, et aussi de vieux millésimes.
Leur réponse aura été au-delà de mes espérances : tous ont collaboré, sans exception. C’est une source de satisfaction, certes, mais cela démontre aussi leur implication à la promotion de leur commune à travers les vins de leurs cépages emblématiques.
A savoir, l’humagne blanc est un peu moins présent dans les caves des vignerons de Leytron que l’humagne rouge.
Nous avons reçu pour cette dégustation huit vins du millésime 2015, contre 12 cuvées en rouge. Par contre, pour ce qui est des vieux millésimes, l’humagne blanc a fait « jeu égal » avec neuf cuvées. Et à son avantage, la proportion de vins de plus de cinq ans d’âge lui était supérieure. Nous n’avions que deux vins de millésimes récents (2013 et 2012). Les autres millésimes proposés étaient : 2010, 2008, 2007, 2003, 2002, 2000 et 1995.
Rappelons à toute fin utile, qu’en dehors de la similité de leur nom, les deux humagnes n’ont aucun lien génétique, et donc, qu’ils ne sont en aucun cas parents.
Comme pour les vins d’humagne rouge, les vins blancs ont été dégustés à l’aveugle. Seul le millésime 2015 a été annoncé aux dégustateurs.
Humagne blanc, les vins du millésime 2015 :
Cave David Rossier :
Robe jaune or. Nez fin et intense avec des notes de fruits (pèche) et de fleurs blanches (tilleul), de menthol et d’agrume. Un dégustateur parle aussi d’une note de résine. La bouche fait preuve de richesse, de finesse et d’équilibre. A ce stade elle possède encore une petite note lactique, discrète. La bouche est harmonieuse, prometteuse. La finale est longue, un peu tendre peut-être, on y retrouve une note de miel d’acacia. C’est un vin qui est fort apprécié autour de la table, et considéré comme très bien vinifiée et élevé, avec un potentiel de garde évident.
Cave Le Bosset :
Robe jaune or d’intensité moyenne. Le nez se présente sur des notes de fruits blancs. En bouche, j’apprécie sa tension, le caractère minéral que développe ce vin. Le petit carbonique présent ne perturbe pas la dégustation. Le toucher de bouche est fin, presque crémeux en finale. Si j’ai bien aimé le style plutôt droit de ce vin, les dégustateurs sont néanmoins partagés sur cette bouteille, qui les divise quelque peu.
Cave Defayes & Crettenand :
Robe jaune d’intensité moyenne. Le nez est floral avec une note de tilleul, puis fruité, avec une note de poire, d’écorce de mandarine. La bouche est très fine, fraîche, élégante, salivante et longue. Très bel équilibre pour ce vin dont je n’arrive à me décider s’il est ciselé où cristallin. Les dégustateurs sont conquis ! Le coup de coeur semble unanime. En tout cas, je lui décerne le mien sans aucune retenue.
Cave de La Creuse, Guérin Produit :
Robe jaune d’intensité moyenne. Le nez, complexe, est sur les agrumes, avec une touche citronnée, et aussi de fruits blancs et aussi d’abricot. La bouche est quelque peu marquée par son élevage sous bois (des fûts de 600 litres pourtant), mais elle n’en reste pas moins élégante, fraîche et fine. On lui reprochera (un peu) son boisé à ce stade et la légère amertume greffée sur la finale. Cela surtout reste un vin avec du potentiel, qui a été très apprécié autour de notre table. Cette cave, semble avoir eu la bonne idée d’inscrire huit flacons (2x le millésime 2015 et trois bouteilles en rouge et autant en blanc sur des millésimes plus anciens).
Domaine des Roses, Gaudard Jo :
Robe d’intensité moyenne. Le nez est fin et complexe, avec des signes de maturité de la matière bien nets : aux fleurs blanches comme le tilleul on retrouve une note de miel d’acacia. La bouche est très élégante fine, saline, harmonieuse et longue. Un très joli vin également fort apprécié autour de notre table.
Cave Pierre Buchard, cuvée « Musardise » :
Le boisé est perceptible au nez avec une note de noix de coco marquée mais pas non plus très intense. On perçoit aussi des notes de résine. La bouche est bien définie, avec du volume, de la finesse, mais avec un léger déficit en fraîcheur peut-être à ce stade, sentiment renforcé par les notes lactiques encore présentes. Jolie longueur finale. Un vin qui est considéré comme ayant du potentiel. Il doit avant « digérer » son boisé.
Domaine du Grand Brûlé, Etat du Valais :
Robe d’un beau jaune or. Le nez évoque la fleur de tilleul, l’abricot. En bouche un petit perlant se manifeste à l’attaque puis s’estompe rapidement. Belle fraîcheur et finesse. La finale semble un peu marquée par une légère douceur. Joli vin, avec du potentiel.
Cave Philippoz Frères :
Robe d’intensité moyenne. Le nez est fin, mais pas neutre, avec des notes florales. La bouche est très bien définie, élégante, très fine, longue et saline. J’ai beaucoup aimé. Avec un nez un peu plus complexe, c’était le coup de coeur.
Une dégustation d’un excellent niveau. On regrette qu’il n’y ait eu que huit vins dans cette série. Par bonheur, nous poursuivons derechef avec une série de vieux millésimes. Annie Martin-Stefanatto, sommelière venue spécialement d’Italie pour cette dégustation (merci Annie !) l’a considérée à titre personnelle comme étant « une révélation ».
Vins d’humagne blanc, les vieux millésimes :
Cave les Frères Philippoz, 2013 :
Un vin de belle maturité, un peu marqué par son boisé (note de noix de coco), mais aussi de safran, d’abricot, de fleur d’oranger. La bouche est équilibrée, fraîche, fine, grasse, avec une finale discrètement saline (une sensation déjà observée sur le vin du millésime 2015 d’ailleurs). J’aime beaucoup le caractère mûr et gourmand de ce vin précis.
Cave de La Creuse, Pierre-Georges Produit, 2012 :
Jolie robe d’un jaune d’intensité moyenne. Le nez évoque une belle maturité, avec des notes de fleurs d’oranger et d’abricot. La bouche est équilibrée, longue, fraîche, fine. Un fort joli fin qui est encore bien jeune. On relève donc son potentiel certain.
Cave de La Creuse, Pierre-Georges Produit, 2010 :
Robe sans trace d’évolution, d’un jaune clair. La maturité au nez est nette, le fruité est complexe, avec des notes de fruits blancs et de fleurs, mais aussi de résine.
Le boisé est relevé comme étant encore bien perceptible par plusieurs dégustateurs (à titre personnel, cela ne m’a pas dérangé outre mesure). En bouche, je retrouve une note de pâte d’amande, que j’associe au Calisson d’Aix. La bouche est élégante. On lui reprochera une légère amertume peut-être (qui pourrait ne pas être perceptible à table!). Un joli vin donc.
Cave David Rossier, 2008 :
Robe d’un jaune or. Le nez évoque la fleur d’oranger. La bouche est fraîche et fine, très agréable par son toucher de bouche, dès l’attaque. Bel équilibre général. Certains trouvent que la matière manque peut-être un peu de corps. Jolie longueur finale, légèrement douce. Un vin qui s’approche gentiment de ses dix ans d’âge.
Cave de La Creuse, Pierre-Georges Produit, 2007 :
Note d’abricot sec, de massepain au nez. La bouche est mûre et fraîche, d’une grande franchise et d’une très jolie finesse. Elle est pour faire simple élégante et distinguée. Belle longueur finale, qui plus est saline, ce qui apporte une touche de complexité à ce vin qui est loin de « rendre les armes ». Bravo ! Coup de coeur pour ma part.
Cave David Rossier, 2002 :
Robe d’un jaune soutenu. Les arômes au nez sont complexes : safran, coing, résine, pomme blette. La bouche est fine, mais elle est marquée par la fatigue. Si le vin se déguste encore très bien. Il arrive au terme de son voyage. Un joli vin néanmoins, porteur d’une émotion certaine. C’est qu’il a près de 15 ans tout de même !
Cave Défayes-Crettenand, 2003 : hélas, nous sommes en présence d’un flacon totalement bouchonné. Dégusté par certains tout à la fin de notre dégustation, j’ai entendu quelques regrets, car la bouche semblait avoir conservé force et vigueur.
Domaine du Grand Brûlé, Vignoble de l’Etat du Valais, 2000 :
Robe jaune avec reflets orangés. Le nez évoque encore des notes de fleurs blanches. La bouche est très fine, fraîche et cristalline, légèrement douce, mais aussi saline, et longue. Il reste de la matière encore et donc un peu de potentiel même.
Cave Jo Gaudard, 1995 :
Nous avons là un vin de plus de vins d’ans d’âge. La robe est d’un très beau jaune citron. Moi qui est vu la bouteille avant de la chemiser, je ne peux que le confirmer, puisque le verre est transparent. Le nez s’avère très minéral. Je retrouve encore des notes de citron, signe évident de la fraîcheur de ce vin. En bouche, c’est un vin tonique, avec une belle acidité, mais l’ensemble est très fin et équilibré. Je perçois une petite douceur en finale. C’est un très beau vin qui clos avec superbe cette journée de dégustation.
Un grand merci aux encaveurs de la commune pour leur participation et leur collaboration à cette dégustation. Vin jeune où vin vieux, l’humagne blanc, c’est Leytron !