Dégustation à la Cave de Genève (en attendant l'arrivée des Belles-Filles !)

Durant cette période de fin de vendanges,  je suis retourné à la cave de Genève pour y rencontrer non pas Florian Barthassat, son oenologue, suffisamment occupé par la réception des vendanges (ce jour-là, il recevait entre autre 12.000 kg de chasselas bio), mais son directeur, Martin Wiederkehr.
Après un long moment de discussion, il m’a laissé seul afin que je déguste une sélection de vins.

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l’habillage des cuvées de la cave de Genève est tout simplement irréprochable. Les moindres détails ont été scrutés avec attention, et les erreurs corrigées.


Chasselas gamme Trésor 2015 :
Nez ouvert sur des notes florales. De belle intensité. La bouche a une attaque un peu ronde, mais elle développe un caractère minéral dès le milieu de bouche, ce qui lui confère une certaine tension. C’est un vin équilibré, de belle longueur, qui devrait être attendu encore un peu à mon sens. Il n’en sera que plus généreux avec vous.
Sauvignon Gris 2014 Gamme Trésor :
Le nez est ouvert, intense, avec des notes de buis, de cassis, qui type la famille de ce cépage, qui est bien moins présent que le sauvignon blanc.  J’ai apprécié la bouche, délicate et fine, très fraîche, tendue même, et longue. C’est un vin qui s’avère un peu original dans le sens où il est rare. Mais il est surtout sapide plutôt que friand. Une belle réussite, typée de surcroît.
Chasselas 1er Cru « La Feuillée » 2014 (vignoble de Soral) :
Je ne connaissais pas l’appellation 1er cru genevoise. C’était là une découverte.
C’est un vin particulièrement floral, avec des notes de tilleul, de verveine et de chèvrefeuille. La bouche est fine et délicate. Elle est marquée par une belle acidité finale, bien intégrée. Très jolie longueur et surtout fort bel équilibre. Un vin qui démontre que les terroirs genevois peuvent encore et toujours produire des chasselas complexes et raffinés.20161027_111208
Viognier 2015, gamme Clémence :
Notes d’abricot et de pèche blanche au nez, d’agréable intensité, mais pas exubérant non plus. il est vrai que nous sommes sur un vin très jeune, récemment mis en bouteille.  La bouche possède une belle tension, le gras est discret, tout comme le boisé, qui a été utilisé à bon escient ( élevage en fûts, et durant une période de trois mois seulement, contre dix voire onze pour pour les autres vins de cette gamme).
Un vin délicat, avec un potentiel certain. Compte tenu de son fruité et de sa délicatesse, on pourra l’envisager soit lors d’un apéritif consistant, soit à table. Très apprécié.20161027_110528
Chardonnay 2014 gamme Philippe Chevrier :
Jolie robe or, le nez associe des notes d’agrumes et de fruits blancs. Le boisé est tout simplement « parfait ». Il colle à la matière sans la recouvrir d’un vernis superficiel. Il n’est là aujourd’hui que pour lui apporter une touche de complexité après lui avoir apporté une micro-oxygénation maitrisée durant l’élevage. La bouche est très bien structurée, délicate, longue. Elle « pèche » peut-être un peu par un léger manque de fraîcheur. Il n’en demeure pas moins que ce vin fait montre de nombreuses qualités, et qu’il permet surtout d’appréhender une gamme de vins dédiée à la restauration.dsc_0019
Les vins de la gamme Philippe Chevrier, sont issus de vendanges manuelles,  et sont élevés en fûts. Outre ce chardonnay, la gamme comprend un sauvignon blanc, un vin doux de sauvignon blanc et gris, un gamaret, un cabernet-franc, et un assemblage de Merlot et Cabernet-sauvignon.20161027_114110
Place au cépage Gamaret, véritable spécialité genevoise, avec plus de 100 ha plantés sur les 1200 du canton, bien que l’on trouve ce cépage partout où presque en Suisse Romande.
Gamaret 2014 :
Très jolie robe rubis sombre, brillante. Le nez est un vrai petit trésor de précision et de complexité, avec des notes de cerise rouge, d’épices douces. La bouche est fort agréablement tendue, fraîche donc, mais équilibrée, et longue. Ce gamaret est parfaitement fidèle à l’image que l’on se fait de ce cépage. Il est donc typé, mais il est surtout excellent !
Gamaret gamme Clémence 2014 :
Même millésime certes, mais cette fois l’élevage a été réalisé en fûts de chêne. La profondeur de la robe est plus importante que sur la cuvée précédente. Le nez offre à l’olfaction des notes de fruits noirs, tels la mûre, la myrtille. La bouche offre plus de puissance, de volume, les tanins sont très fins, ce qui donne une certaine forme de tendresse  à ce vin, qui a une fort belle longueur finale. Sur la finale, on retrouve les notes d’épices, mais un peu moins prononcées que sur l’autre cuvée. C’est un vin qui est un peu plus sur la réserve, ce qui est normal, l’élevage étant aussi là pour structurer et permettre au vin de s’exprimer différemment, lui offrant un potentiel de garde différent.
Un dernier vin aujourd’hui, issu de la gamme Passionnée : la cuvée Intuition.
C’est un assemblage de muscat, de sauvignon gris et de gewurztraminer. Robe d’un jaune pâle, avec des reflets légèrement orangés. Le nez a un fruité intense, avec des notes de raisins frais, de rose, et aussi de fruits exotiques évoquant la mangue et l’ananas, mais aussi un peu d’agrume, avec le pomelos. En bouche, le volume est agréable, nous sommes en présence d’un vin moelleux, très bien équilibré et donc harmonieux. La fraîcheur est bien dosée. l’équilibre acidité / sucre est excellente. Très jolie longueur finale.
Un vin moelleux réussi. Il ne cherche en aucun cas à « jouer » dans la cour des vins liquoreux, autrement riches et complexes, mais qui sont si souvent vite fatiguant à la dégustation. Je n’irai pas à dire qu’il se boit comme du petit lait, mais il est diablement tentateur. 20161027_115437