Mes visites de caves

J’ai découvert la Cagi à partir de la cuvée NORD/SUD, un assemblage à part égale de pinot noir (neuchâtelois, de la cave de La Béroche) et de merlot. Suite à cette découverte (la collaboration se poursuit d’ailleurs entre les deux caves) j’avais souhaité découvrir Cantina Giubiasco et ses vins.
Giubiasco est une commune proche de Bellinzona, qui a fusionné avec le chef-lieu administratif du canton du Tessin voici quelques années. Elle se trouve dans la région viticole du Sopraceneri.



Monsieur Sergio Scalmanini, son directeur, m’a très aimablement reçu à Giubiasco. Après m’avoir présenté les installations de la cave qu’il dirige depuis près de trois ans,  après en avoir été l’oenologue, nous avons dégusté ensemble une large sélection des vins réalisés par la Cagi.

Si la Cagi ressemble à une coopérative, les vignerons qui y apportent leurs raisins ne sont toutefois pas des sociétaires. La Cagi peut se réserver le droit de ne pas acheter les raisins si leur qualité ne lui convient pas.
L’encavage représente quelque 80 hectares de vignes de la région de Bellinzone principalement. Soit 08 % de la surface du vignoble tessinois, qui compte, vous l’aurez compris, 1000 hectares.

La dégustation des vins :

Due Vigne 2017 : c’est un assemblage de 50% de Merlot vinifié en blanc, et de cépages interspécifiques de l’obtenteur de cépages jurassien Valentin Blattner  (le pépiniériste est la maison Borioli, dans le canton de Neuchâtel).
Un vin à la robe robe pâle. Le nez est expressif, avec des notes fruitées de pêche, de fleur d’oranger et de cassis. J’ai apprécié la tenue en bouche de cette cuvée, sa discrète tension, (pas de malo, comme pour tous les autres vins blancs), son caractère salivant en bouche et son caractère minéral.  Très bel équilibre en bouche, et jolie longueur finale.
C’est une cuvée qui sort de l’ordinaire par son fruité complexe, et qui s’avère très agréable et digeste à déguster. Belle longueur finale. Il faut noter la très belle fraîcheur de ce vin.
Très bon rapport qualité-prix : 13,20 CHF
100` Anni di Merlot 2016  : c’est bien sûr un vin de merlot vinifié en blanc. Nez dominé par une note intense de pêche des vignes (une note que je retrouve en bouche aussi). La bouche est bien dessinée, délicate car avec un fort joli toucher, très fin et soyeux, associé à une acidité qui apporte ce qu’il faut de tonus. Une discrète touche minérale apporte un supplément de complexité. Belle longueur finale.
C’est une cuvée qui a passé six mois en fût de chêne de 2e passage (T-Toasting).
Une cuvée ainsi nommée en 2006 pour les 100 ans du merlot au Tessin. Sergio Scalmanini me dit qu’il doit être temps de la renommer désormais.
Elle aussi dispose d’un excellent rapport qualité-prix : 13,90 CHF
Vigna Noverasca 2016 (chardonnay) 2016 : robe pâle, le premier nez est discret, avec une note de vanilline, de noix de coco (élevage en fût de chêne), puis d’agrumes. La bouche plait pas son immédiateté : elle est franche, sapide, élégante, avec un caractère minéral net. J’aime le caractère bien droit de cette cuvée équilibrée et longue. Ce n’est pas un chardonnay bâti sur la rondeur où la puissance. Son équilibre me plait beaucoup.
A 23 CHF on est dans les standards d’un chardonnay élevé en fût de chêne.
Bondola Tera Negra 2016 : voici une cuvée du seul cépage autochtone du Tessin, la Bondola.
C’est un cépage typique de la région de Bellinzona, et du Nord du Tessin. Il est considéré comme rustique, et pourvu d’une forte acidité, ainsi que d’une charpente tannique légère. Au tant le dire de suite, ce cépage ne saurait plaire à tous. Pour qu’il soit convaincant, il faut beaucoup de travail à la vigne, encore que cela ne suffise pas. Les baies sont très grosses, et surtout très fragiles, nécessitant beaucoup de précaution depuis le ramassage jusqu’à l’arrivée au pressoir.
La robe est sombre, brillante. Le nez est d’intensité moyenne, avec des note de cerise rouge, de mûre, et de ronces aussi. La bouche a du caractère, les tanins sont présents, apportant une légère rugosité. L’ensemble est frais et possède une jolie longueur finale.
Ainsi que souligné ci-dessus, l’acidité de la Bondola est importante. C’est donc un vin rustique (dans le meilleur sens qui soit), franc et honnête, qui mérite d’être découvert pour son caractère et sa typicité. Elevage en cuve. La Cagi en produit 4.000 bouteilles par an.
Le prix est très sage (trop sans doute) : 10,30 CHF le col de 75 cl. A découvrir !
Merlot del Locarnese 2016 : Jolie robe d’un rubis profond. Le nez apparaissait un peu réduit, puis viennent des notes de chocolat amer, de fumée et de lard. La bouche est souple, onctueuse, fine, avec une structure discrète mais pas légère. Un vin équilibré et de bonne longueur, et au joli toucher de bouche. Une entrée de gamme dans le monde du merlot à la Cagi en quelque sorte. Un vin plutôt destiné à un public non connaisseur.
Prix : 14,50 CHF
Merlot Riserva 2015 : voila une des cuvées phares de la cave, car produite en quantité importante pour le volume de la Cagi (entre 40.000 et 50.000 cols par an selon les millésimes).
Elevage dans (de très beaux) foudres de chêne, durant 18 mois.
Note de fumée, puis de fruits noirs (la cerise surtout), mais aussi de menthe, qui apporte une touche de fraîcheur, et de chocolat.  La bouche possède de la tension, elle apparait un peu austère au regard de la cuvée précédente, et de fait, aujourd’hui la finesse est en retrait. Voila un vin qui j’aurais envie de carafer, afin de permettre à la bouche de se mettre au diapason du nez qui est complexe. A moins de lui offrir encore une année de garde avant d’en profiter, accompagné d’une assiette de charcuterie et de quelques amis !
Prix de 14,50 CHF,  que je trouve très sage (18 mois d’élevage ne l’oublions pas).
Merlot Camorino 2015  (Camorino est une commune voisine de Giubiasco) :
cette cuvée est produite à hauteur de 5.000 bouteilles.  Élevage en fûts de chêne dont une partie modérée (moins de 50% de chêne neuf).
Nez puissant et complexe, avec une première note de fumée, puis de fruits noirs (cerise, mûre) et de ronce qui confère un petit côté sauvage à ce vin. La bouche est riche, ample et grasse, avec de beaux tanins gras et mûrs. C’est un vin qui est aussi frais en bouche. C’est un très joli vin de merlot. Très apprécié.
Prix de 23 CHF le col de 75 cl. Il n’y a rien à redire !

Merlot Monte Carasso 2015 : Cette cuvée a connu une proportion de bois neuf supérieure à la cuvée Camorino. Le fruité est assez proche aussi, avec toujours des notes de fruits noirs dominants. La bouche parait plus tendre (moins concentrée) que la cuvée Camorino, moins sauvage aussi. C’est un vin plus civilisé, plus immédiat dans ce qu’il donne, avec beaucoup d’élégance et un supplément de droiture en bouche que j’apprécie beaucoup. Belle longueur finale. 26 CHF la bouteille. Soit un rapport qualité-prix qui reste très intéressant. Bravo. Coup de coeur !
Le millésime 2013, acheté dans un Manor Food à Lugano, m’a également beaucoup plu.

Bucaneve 2017 : c’est un spumante de merlot, un spumante tessinois.
Note de pêche et de groseille au nez. En bouche, belle attaque, ce spumante à une belle acidité, maitrisée. La bulle est légère. C’est un vin de soif, de plaisir, rafraichissant et digeste. Il reste un petit sucre résiduel pour l’équilibrer.
Prix : 15 CHF/75 cl.
Malizia : voici un vin mousseux réalisé à partir de raisins de cabernet blanc et de cépages interspécifiques. Il en est produit 1500 bouteilles, qui sont élevées sur lattes durant 12 mois par Daniel et Valérie Marendaz, à Mathod (Vaud).
Très joli nez, de belle intensité et complexe, avec des notes d’amande, de pêche et de cassis. La parait un peu grossière à l’attaque, mais la finesse du toucher de bouche, la présence du fruit en bouche, la fraîcheur et la longue finale la font vite oublier. Prix à 23 CHF, ce qui reste sage si l’on tient compte des coûts induits pour cette quantité de bouteilles.
L’autre moitié du volume fera 06 mois d’élevage sur lattes de plus que celle dégustée.

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