Boire en Suisse
Chez Provins, une page se tourne avec la retraite de Madeleine Gay
Une page qui se tourne ? Oui, mais une grande, façon poster géant, comme celui de Madeleine Gay sur le mur de la cave à Sion.
Madeleine Gay, c’est une carrière entière au service de la viticulture valaisanne au sein de la Coopérative Provins, la plus grande cave du pays, et en faveur de la reconnaissance puis la valorisation des cépages autochtones du Valais !
Depuis des débuts …pas vraiment faciles dans un monde un « tantinet » macho.
Madeleine Gay est une femme énergique et volontaire, qui savait dès son embauche ce qu’elle voulait. Mais c’est aussi une personne qui a su également être d’une grande humilité et a toujours fait montre d’un très grand respect envers autrui.
Les personnes qui lui ont rendu hommage mardi dernier, ont tenu à faire remarquer les qualités humaines de l’oenologue. Jean Actis, qui était le directeur de Provins, lors de son embauche en 1982, a salué le pouvoir de persuasion de Madeleine Gay, tout en rajoutant très malicieusement que devant la force de caractère qu’elle devait parfois déployer, il lui avait lancé un jour « Madame Gay, je n’ai pas peur de vous ! ». Pierre-Alain Grichting, président du Conseil d’Administration de Provins a évoqué lui aussi la force de conviction de l’oenologue, et sa justesse dans ses choix également. Chez Damien Carruzzo, un caviste qui aura travaillé et appris auprès d’elle durant de longues années, l’émotion de la voir quitter la maison Provins était palpable. Leur complicité est évidente. Raphael Garcia, Directeur de la « coopé » a salué une oenologue emblématique, avec qui la coopérative continuera à collaborer de façon ponctuelle dans le futur.
A l’épanouissement dans la création de cuvées réputées, et surtout par la reconnaissance « des vieux cépages valaisans » :
Madeleine Gay me l’avait confié il y a quelques années lorsqu’elle me recevait ici même dans l’Espace et la cave Provins : son arrivée dans la coopérative avait été motivée par la recheche de reconnaissance et de valorisation des cépages autochtones du Valais. Une décision née à partir de l’émotion offerte par un cru de Cornalin vinifié par son grand-père. A l’époque, la proportion de ces cépages au coeur de la coopérative aux 1200 hectares était insigne. Pour m’en convaincre, elle m’avait montré le petit pressoir qui leur était dévolu à cette époque, non sans m’avoir montré auparavant de l’immensité de la cuverie et du chais à barrique, de la zone d’accueil des vendanges, bref, après m’avoir offert un tour de cave complet !
Depuis, les choses ont bien changé. Sous sa houlette, par sa capacité à fédérer une équipe auprès d’elle, les cépages valaisans sont devenus une vitrine pour l’ensemble du Valais, et toute la viticulture régionale lui a emboité le pas et l’a accompagné dans ce renouveau.
Parmi les cuvées phares que Madeleine Gay aura créée, il y a la collection « Mémoire du Temps ». Le 20e (et dernier) coffret de cette collection était d’ailleurs présenté lors de cette journée d’hommage. L’illustration des étiquettes des bouteilles du millésime 2013, est signée par Philippe Béguelin alias Mix & Remix, qui était bien évidemment présent mardi. Et parmi toutes ces cuvées, le Très Grand Vin du jour aura été -pour moi- la Roussanne 2007. Mais je vous parlerai des vins dégustés un autre jour.
Au revoir Madeleine, merci pour tout. Je te souhaite auprès de ton époux Stéphane, une longue et heureuse retraite !