Visite à la Cave de Bonvillars

J’y ai rencontré Olivier Robert, l’oenologue en charge des vinifications depuis 2009, qui m’a présenté les locaux, et avec lequel nous avons évoqué également l’historique de la cave et ses spécificités, ainsi que la directrice, Sylvie Mayland, une femme dynamique qui semble fourmiller d’idées pour dynamiser cette cave tout en offrant à son oenologue une latitude de travail évidente. De fait, on perçoit en les croisant une complicité indéniable.
La cave fait face au lac de Neuchâtel, mais en est toutefois éloignée. La culture de la vigne est millénaire dans cette région, rappelons-le. La première mention écrite à ce sujet figure dans le Cartulaire du Chapitre de Lausanne, daté du 15 février 885.
La cave a été créée en 1943, elle a donc septante ans. Elle a connu des hauts et des bas, dont de très sérieuses difficultés il y a une dizaine d’année, puisque entre 2003 et 2005 les vignerons ont du mettre la main à la poche pour sauver la cave qui croulait sous les dettes. Désormais, les choses vont mieux. La nouvelle gestion de l’entreprise entreprise suite à un changement de direction l’a rendue saine, et de nouveaux investissements se concrétiseront dans un futur proche. Par ailleurs, la vision marketing et de promotion des vins réalisés a progressé pour ne pas dire qu’elle a été révolutionnée.
La clientèle afflue au magasin durant la semaine (qui vend plus de 130.000 bouteilles par an en direct), des visites de groupes sont régulièrement organisées, ainsi que des « Aftero ». Bref, la cave vit, et de la sérénité s’y observe sans avoir besoin de chercher.
La Cave de Bonvillars encave le produit de près de 100 hectares de vignes des six communes de l’appellation, ce qui représente la moitié de la superficie des vignes de celle-ci. Le chasselas reste le cépage le plus planté (36 %), devant le pinot noir (28 %), puis suivent le gamay (15 %), le garanoir (07 %), le gamaret (05 %), et d’autres spécialités blanches ou rouges qui représentent 10 % du vignoble.
Voici les vins dégustés récemment en compagnie d‘Olivier Robert :
Chasselas Concise Bonvillars 2012 : nez discret mais mûr avec une note de poire, la bouche est fraîche, très fine, bien que légèrement perturbée par la présence de gaz carbonique. Jolie longueur.
L’Arquebuse 2012 : un chasselas que j’ai trouvé plutôt floral, il a un très joli toucher de bouche, il est fin et un peu plus gras en bouche que le précédent. Je le trouve très élégant. Belle longueur finale.
Les Nonnes GC Bonvillars 2012 : on monte encore un peu en puissance. C’est un vin qui se présente sur de belles notes de maturité allant jusqu’à une petite touche miellée. En bouche il est fris, fin, mais un peu plus réservé que la cuvée de l’Arquebuse qui se livre plus facilement, mais n’en reste pas moins élégant lui aussi.
L’Oeil-de-Perdrix 2012 : pas de malo majoritairement (réalisée à 20% seulement), pressurage direct. Cet Oeil-de-Perdrix est fruité, avec des notes de groseilles à maquereau, de la fraise, une petite note de coing. Bel équilibre en bouche et un vin agréablement tonique jusqu’à la finale, bien droite et sans la moindre dureté. Un bien bel oeil frais et digeste.
Blanc de Noir (de pinot noir) 2012 : ici aussi le fruité est bien en place. Des notes de fraise, de coing (!), la bouche est plutôt grasse, dès l’attaque, l’ensemble est cohérent, agréable et de bonne longueur. Il devrait plaire à ceux qui souffrent de voir un rosé à table où qui attendent un vin plus gras et charnu que l’oeil proposé ci-dessus.
Cabaret rosé 2012 : joli nez fruité avec des notes de sureau, de fraise, une touche florale aussi (le lys). La bouche est grasse, persistante, un peu douce (il y a 08 gr de sucre résiduel), mais fine et de belle longueur. Il s’agit d’un vin de pays de suisse occidental, issu du clone VB 91-26-04, dont l’un des éléments de sa parenté est le cabernet sauvignon.
Pinot blanc 2012 : des notes de fruits blancs, une touche florale, c’est un vin de belle maturité, agréablement concentré, légèrement gras (je le croyais un peu doux, mais il n’a qu’un gramme de sucre résiduel). J’aime bien le toucher de bouche et la construction de celle-ci. C’est un pinot blanc que je qualifierai presque d’éloquent, même si l’attendre une petite année ne pourrait lui faire que du bien.
Pinot gris 2012 : un nez fruité, plutôt typé, avec des notes de fruits exotiques. Il a une belle matière, c’est un vin plutôt riche en bouche, gras,  mais la finesse n’est pas encore au rendez-vous aujourd’hui. Il faut clairement lui donner un peu de temps pour que ce vin trouve son équilibre et se présente sous un aspect un peu moins brut. A revoir d’ici six mois à une année.
Pinot noir 2012, le « Vin des Croisés » :  Un joli nez, avec une touche florale qui m’a fait penser à la pivoine, des petits fruits rouges aussi. En bouche, l’ensemble offre une belle finesse,  il posséde de la vigueur et une trame certaine. Les tannins sont fins, le vin est équilibré, de belle longueur,  et d’une nature clairement gourmande.
Garanoir 2012 : une touche fumée au nez, puis de fruits mûrs. C’est un vin tannique, fin, élégant et mûr et de belle longueur.
C’est donc un vin de garanoir structuré et civilisé en somme, fort apprécié en l’état et qu’il serait intéressant de voir vieillir pour l’appréhender durant son vieillissement.

Oliviert Robert et Sylvie Meylan

Olivier Robert et Sylvie Mayland

Il faut souligner également l’excellent rapport qualité/prix. Un grand merci à Olivier Robert et aussi à Sylvie Mayland pour leur accueil.

Le lien Internet de la Cave de Bonvillars