Les chardonnays du canton de Neuchâtel sous la loupe !

Cette dégustation s’est déroulée le lundi 22 octobre 2018 dans les locaux de l’École Hôtelière de Neuchâtel, qui nous a gracieusement et très aimablement mis à disposition une salle pour sa réalisation.
Les vins ont été servis à l’aveugle, dans un ordre aléatoire.
Je remercie tout particulièrement aussi Tzvetan Mihaylov, sommelier et enseignant à l’EHN, qui a réalisé le service et occulté les bouteilles.
Les dégustateurs présents :
– Geoffrey Bentrari, sommelier au Président Wilson, GE,
– Elsa Fuger, sommelière indépendante, FR,
– Nathalie Favre, sommelière et formatrice, GE,
– Adrien Savary, sommelier et conseiller en vente aux caves de Blavignac de Nyon, VD,
– Morgan Meier, vigneron et oenologue au Domaine des Landions, Cortaillod, NE,
– Tzvetan Mihaylov, sommelier, enseignant et commerçant de vins de Champagne : www.vin-import.ch, Ne,
– deux étudiants de l’EHN, et moi-même.

Les chardonnays élevés en cuve :

Cave Christian Rossel 2017, Hauterive : robe claire, brillante, notes de pèche et de poire, de noisette.Belle matière, fine et élégante, offrant une sensation crémeuse en bouche, Un vin qui va s’affiner en vieillissant, bonne longueur finale. Un vin apprécié certes, mais dont les dégustateurs auraient souhaité un peu plus de complexité.
Caves du Prieuré de Cormondrèche 2017, Cormondrèche : la robe est claire et brillante. Au nez des notes de fruits exotiques (ananas, mangue). Le gaz carbonique est très présent en bouche (chose jamais observée sur les millésimes 2015 et 2016 par exemple), et renforce la tension ressentie bouche tendue. En finale, un caractère minéral est relevé. Jolie longueur.
Caves de la Ville de Neuchâtel 2017 : robe pâle, très claire, notes de fruits exotiques : mangue et ananas. Bouche tendue, belle acidité, frais, longueur un peu courte, manque un peu de chair de volume. Une note de pierre à fusil est également relevée par les dégustateurs.
Cave des Lauriers 2017, Cressier : C’est un vin qui offre un caractère beurré en bouche. Il possède une agréable fraîcheur, et une jolie longueur. La question d’un peu de sucre résiduel se pose. Un dégustateur parle d’une légère oxydation, un autre d’un caractère lacté. D’autres évoquent un caractère quasi sudiste.
Domaine des Coccinelles 2016, Pierre Lambert, St-Aubin  : robe d’un beau jaune or, intense, Nez intense sur des fruits exotiques, la pèche aussi, Bouche vive, mais équilibrée, jolie matière. On pense que le gras de celle-ci va se développer avec le temps. Bonne longueur. Jugé un peu oxydé en raison d’une note de pomme blette marquée, nous avons ouvert le 2e échantillon, qui était hélas bouchonné et ingoûtable en l’état.
Caves du Prieuré de St-Pierre, Môtiers, Maison Mauler 2016 : (il s’agit d’un échantillon avant prise de bulles). Robe pâle, nez discret sur des notes florales et de fruits mûrs. La bouche est agréable, avec de la tension et une indéniable finesse. Le vin garde un bel équilibre, et il est long.
Château D’Auvernier : 2017 : C’est le second vin qui possède un fort gaz carbonique au service. La bouche a de la matière, elle est grasse. Mais nous trouvons qu’elle manque de finesse, et que sa longueur s’avère un peu courte. On « suspecte » la présence de sucre résiduel.
Domaine De Montmollin 2016 : belle robe d’un jaune or. Ensemble fin, souple et riche, fruité : amande douce, ananas. Léger amer final, qui déséquilibre l’ensemble, et un caractère de bonbon anglais. On parle d’une sensation d’eau de vie de poire au nez aussi. Un vin qui divise : ses qualités sont reconnues, mais la note de bonbon anglais dérange.
Cave St-Sébaste, Jean-Pierre Kuntzer, 2017 : robe or : ensemble riche, gras, petit Co2 très fin et qui s’estompe très vite. Beau volume en bouche et bel équilibre. Jolie longueur finale. Bien
Roger Sandoz Neuchâtel 2017 : robe or, intense et brillante, notes d’ananas au nez et en bouche, mais aussi de pomelos. Jolie bouche fine et agréablement tendue, dotée d’une belle matière et offrant une belle longueur. C’est un vin bien fait, agréable, sapide et digeste.
Pour ces vins d’entrée de gamme, on retrouve des vins assez faciles, mais plaisant, qui s’appuient sur une notion de cépage et de technique, mais pas de terroir. Ce sont des vins qui sont globalement bien faits, mais aucun n’a provoqué de coup de coeur auprès de l’un des dégustateurs.
De fait, la question de réaliser son élevage en cuve est clairement posée. Quels sont ses intérêts ? Pour les dégustateurs, le chardonnay, cépage peu aromatique mais pourvu d’un beau tempérament, trouve son excellence dans l’élevage sous bois, lorsque celui est bien dosé, et pas démonstratif. Et bien sûr, dans une notion de terroir avant tout.

Les vins élevés en barrique :

Cave Olivier Brunner 2016 barrique, Bevaix : robe pâle, nez discret. La bouche manque de relief et de finesse à ce stade. On note que cette cuvée offre une jolie longueur en bouche. Un vin qui a été jugé plutôt simple, relativement toasté au nez et en bouche pour la majorité des dégustateurs.
Cave St-Sébaste Réserve 2016 St-Blaise : Robe jaune or, le nez offrait des notes légèrement oxydatives, de fruits blets, d’ananas encore, Bouche fraîche et structurée, offrant un bon équilibre en bouche et une jolie longuer finale. Pour certains, cette cuvée au bien boisé intégré manquait toutefois un peu de corps, de volume en bouche.
Château D’Auvernier 2016 : robe or brillante, nez plutot discret, sur des notes d’agrumes. Bouche tendue, ayant une longueur très correcte. Le boisé était intégré. note un peu saline en finale pour certains. C’est un vin complet qui a été globalement très apprécié, bien que l’un où l’autre des dégustateurs aurait souhaité un peu plus de volume en bouche.
Caves de Chambleau 2016, Colombier : robe or, Nez sur des nez notes complexes, entre notes florales et fruitées. Le boisé a été jugé bien intégré tant au nez qu’en bouche. Si certains auront trouvé que la bouche aurait mérité davantage de tension, d’autres ont, au contraire, souligné une belle fraîcheur. Jolie longueur finale, où un caractère minéral a été relevé par certains.
Cave Porret 2016 , Cortaillod : robe or intense, nez sur des notes d’élevage (toasté marqué) bouche avec de la matière et une acidité bien marquée, un peu d’amertume sur la finale. Longueur plutôt courte à ce stade. Un vin bien élevé avec une belle matière, mais en devenir pour les dégustateurs.
Cave Serge Divernois 2016 : robe jaune or, nez sur des fruits exotiques, mangue ananas. Un dégustateur parle aussi d’une note de miel et de résine. Bouche tendue, avec du volume. Elle est expressive, pas de sensation de boisé marqué, bonne longueur. Un joli vin bien fait.
Château de Vaumarcus 2016, Caves Chatenay-Bouvier : Robe or. En bouche, un gaz carbonique était bien présent. Au nez, notes d’amande et de fruits à chair blanche. La bouche est bien faite, avec une belle fraîcheur. La longueur semblait un peu courte. Un joli vin bien fait.
Caves de La Béroche 2015, St-Aubin : Nez sur des notes de pâte de coing. La robe était claire. La bouche était marquée par un amer sur la finale, et une sensation un peu brûlante. La longueur a été jugée un peu courte par les dégustateurs. C’est une cuvée qui a divisé. Pour certains la maturité était trop poussée, d’autres ont salué le caractère très mûr de ce vin.
Les Nonnes JP Kuntzer St-Sébaste, 2016, St-Blaise : Le toasté de la barrique était marqué au nez, mais il était très élégant. On retrouve bien sûr aussi des notes de fruits jaunes. La robe est d’un bel or intense. En bouche, un très petit gaz carbonique a été ressenti par certains. On a noté la belle acidité, un beau volume et de la race, un caractère minéral (salin) et une belle longueur. Ce vin a fait l’unanimité pour lui, comme étant celui qui parlait le plus « terroir » du lot. Un seul dégustateur aurait souhaité davantage de tension au coeur de la matière. Un très beau vin avec du potentiel.
Maison Bouvet-Jabloir Collection Signature 2017, Auvernier : belle robe or claire, nez complexe, toasté présent au nez, discret en bouche. La bouche est riche, structurée, offrant une belle fraîcheur et de l’équilibre et une belle longueur. Les dégustateurs s’accordent pour reconnaître un vin soigné et très élégant avec du potentiel également. Au final, ce sera le deuxième vin préféré de notre collège de dégustateurs.
Cave du Prieuré Cormondrèche 2016 : Belle robe or, le nez évoque les fruits jaunes mûrs. La matière est jugée agréable, un peu plus simple que les deux précédents, mais elle offre de la fraîcheur, de la délicatesse. Le boisé est bien dosé et est intégré. Jolie longueur finale. Certains auraient souhaité un peu plus de tension. Une cuvée appréciée pour sa complexité.
Domaine de Montmollin 2016, Auvernier : robe claire. Au nez touche florale dominante. La bouche parait riche et un peu souple, mais avec de la finesse. La finale a paru un peu courte à certains. Ici aussi, un supplément de vivacité en bouche semble faire un peu défaut à la matière. Mais c’est une belle cuvée.
Maison Carrée 2016, Auvernier : Robe d’un jaune plutôt pâle. Joli boisé, fin et intégré au nez (dont une note de menthol) et en bouche, bouche structurée, fine, agréable acidité, belle longueur, équilibre, vin plutôt délicat. Un vin globalement très apprécié par les dégustateurs.
Cave des Trois-Rods 2016 : Nez discret sur des notes de fruits jaunes et le caractère vanillé de l’élevage en barrique très présent. Mais surtout, c’était un vin qui ne semblait pas encore en place, avec, en bouche, une sensation d’acidité qui déséquilibrait la matière. Matière pourtant pourvue d’un joli gras et non dénuée de finesse.
Maison Bouvet-Jabloir 2015 Grands Terroirs, Auvernier : Robe or, brillant. Le nez était plutôt discret, sur des notes de fruits mûrs. La bouche faisait montre d’une grande richesse, avec une sensation de sucrosité apportée par la barrique. Ce vin a été apprécié pour la qualité de son élevage et sa belle matière. Pour les dégustateurs, un supplément de tension en bouche aurait été le bienvenu.
Ch. D’Auvernier 2005 : robe or profond, Le nez évoquait les fruits mûrs et la pierre à fusil, En bouche, le vin n’était pas spécialement évolué. Il conservait sa richesse, sa finesse, sa fraîcheur et une belle longueur. Un vin très apprécié par les dégustateurs pour la qualité de son élevage, et sa densité en bouche alliée à une agréable fraîcheur. La surprise était totale quand le millésime a été dévoilé !
Cuvée Expression, Alain Gerber 2016 : Robe d’un jaune or d’intensité moyenne. Belle matière, possédant de la richesse et de la finesse. Un vin bien élevé, pourvu d’une belle matière, et légèrement salin pour certains.
Cuvée La Perrière 2016, Cave de l’Etat : vin salin fin, élégant et élégant, au boisé un peu marqué, mais la belle matière s’exprime déjà très bien. Un vin élégant, dense, frais, long, et globalement très apprécié.
Hôpital Pourtalès 2016, Crissier : Robe d’un jaune or. Le nez évoquait des fruits mûrs , En bouche, jolie fraîcheur, finesse et gras,. La finale était de belle longueur, légèrement saline, belle matière. C’est un vin qui a été très apprécié.
Blanc de Blanc, méthode traditionnelle 2013 Caves de La Béroche (vin mousseux) : Au nez note de brioche et de beurre frais et de fruits blancs. C’est un vin qui nous est apparu très crémeux et fin en bouche, frais, à la bulle très présente. Il a surpris les dégustateurs qui ont apprécié son équilibre et sa finesse ainsi que son caractère gourmand. Belle longueur finale.
 
La dégustation des vins élevés en barrique s’est très bien déroulée. Plusieurs vins ont obtenu les louanges des dégustateurs.
Les deux vins qui ont obtenu le plus de suffrage sont la cuvée Les Nonnes 2016 du Domaine St-Sébaste de Jean-Pierre Kuntzer, puis la collection Signature 2017 de la Maison Bouvet-Jabloir.
Mention spéciale pour le millésime 2005 du Château d’Auvernier.

Parmi les autres cuvées très appréciées par les dégustateurs on relèvera celle de la Maison Carrée, la cuvée Les Perrières des caves de l’Etat de Neuchâtel, Ch. D’Auvernier, le Domaine de Montmollin a aussi été cité, tout comme les Caves du Prieuré, les caves de Chambleau, le Domaine Brunner, et les caves de la Ville de Neuchâtel.
Cette dégustation de trente cuvées issues d’une vingtaine de caves du canton a permis un large tour d’horizon qualitatif du chardonnay neuchâtelois, car très peu de domaines reconnus qualitativement n’ont pas répondu à notre demande (les absents ont toujours tort dit-on).
L’ensemble des dégustateurs et moi-même remercions chaleureusement tous les vignerons et les caves neuchâteloises qui ont participé à cette dégustation, ainsi que l’Ecole Hôtelière de Neuchâtel pour son accueil.