Jean-Daniel Suardet, vigneron dans l'âme !

Second portrait de vigneron du Chablais après celui de Philippe Gex (article précédent), et avant celui d’Anne Muller, voici celui de Jean-Daniel Suardet, le vigneron qui tout en vivant au Château Maison-Blanche, s’occupe avec son équipe des vignes dudit Château, et de celles de son voisin immédiat : Le Clos du Rocher. Nous n’omettrons pas de dire que Jean-Daniel Suardet, outre son travail de vigneron, participe à la  vinification des crus du Ch. Maison-Blanche !
L’homme en impose par sa stature et par son calme. On l’observe quelques instants et l’on a la conviction, que la force tranquille, c’est un slogan taillé pour lui.DSC_0819
Ce natif de La Côte, se définit comme étant « vigneron dans l’âme ». Il nous confie qu’à douze ans déjà, il se voulait vigneron. Il est même devenu maitre vigneron. Toujours empreint d’une grande modestie lorsque l’on évoque le respect qui est le sien dans la profession, il répond sobrement « c’est plus facile de gagner un rallye si l’on a une bonne voiture ».YVORNE, 2011-05-28 (288)
– « Comment arrive t-on au Château Maison-Blanche, à Yvorne, depuis Féchy ou St-Cergue ?
– La proposition m’a été faite en 1986. Je travaillais déjà pour la maison Schenk, tout en étant chef de culture dans le domaine d’un de mes oncles, qui venait malheureusement de décéder. Ma future épouse et moi avons visité les lieux peu avant les vendanges. L’histoire (Château Maison-Blanche a fêté en 2009 ses quatre cent ans), la beauté des lieux et du château, et bien sûr un domaine viticole d’une surface de 08 hectares, avec la possibilité offerte de pouvoir vinifier, …la décision avait été rapidement prise».YVORNE, 2011-05-28 (200)
Dix ans plus tard, Jean-Daniel Suardet a également pris la responsabilité des vignes du domaine voisin, le Clos du Rocher, dans le giron de la maison Obrist (également dans le giron du groupe Schenk) qu’il travaille avec son équipe, constituée de cinq personnes à l’année.
La superficie des vignes des deux domaines atteint vingt hectares, ce qui est une surface plus que respectable, et qui permet de pouvoir considérer le travail sous un angle différent, car si la proximité entre les deux domaines est immédiate, le sol et l’exposition sont très différentes.
L’encépagement à Maison-Blanche a peu évolué durant toute cette période. Le chasselas reste très majoritaire. Le savagnin blanc, planté en 2003 et produit depuis 2008 est un peu le symbole de cette évolution, mais sa production demeure presque confidentielle avec deux mille bouteilles par an.
Au niveau de la viticulture, une parcelle est cultivée en biodynamie depuis 2009. Mais aucune décision quant à « basculer » tout le domaine selon ce mode de culture n’a encore été prise. Aujourd’hui encore, le vigneron la considère comme un « laboratoire ».IMG_5334
La vente des vins est réalisée à 80 % par la maison Schenk, mais 20 % des vins produits est vendu sur place, aux amateurs qui viennent à Maison-Blanche. L’homogénéité du terroir et de ses différentes parcelles est remarquable. Pour le vigneron, l’éboulement géant depuis le hameau Corbeyrier, en 1584, en est la cause principale. Le sol est graveleux et argileux, très filtrant, avec une hauteur de pierre qui peut atteindre quinze mètres.
Pour le vigneron, le terroir de Maison-Blanche tamponne grandement l’effet millésime. C’est-à-dire, que ses qualités régulent grandement les excès et les aléas climatiques. En somme, la première qualité du terroir est de participer à offrir une régularité qualitative aux vins. C’est pourquoi, l’entier de la récolte ne produit qu’une seule cuvée.JD Suardet
Si son entente avec l’oenologue Thierry Ciampi est excellente, le vigneron regrette, d’un point de vue général, certains travers de l’oenologie moderne, « et des procédés qui réinventent la roue quand ça n’a pas lieu d’être ». Mais il se tempère immédiatement : « Le vin est une maitresse exigeante ».
En cette fin d’année viticole (entretien réalisé fin octobre 2015), Jean-Daniel Suardet pense désormais à réaliser des randonnées et à skier. Si la montagne est un peu son échappatoire, notre « vigneron contemplatif » en est un amoureux inconditionnel.IMG_9544