Une visite chez Georg Fromm à Malans dans les Grisons : la Bourgogne pour seul exemple

Outre son domaine grison, Georg Fromm aura été un globe-trotter du vin. Peut-être même aura t-il été un précurseur auprès de ses collègues suisses, en acquérant il y a trente ans un second domaine viticole, à Blenan dans la région de Marlborough, en Nouvelle-Zélande. Un domaine qu’il a désormais revendu, pour ne se consacrer uniquement qu’à celui de Malans.20141210_163042Le vigneron nous aura accueilli dans sa salle de dégustation. Mais souffrant, il ne sera resté que brièvement avec nous, nous invitant à poursuivre notre visite avec Mathilde, une oenologue française originaire de Pau, formée à la faculté d’oenologie de Toulouse.

Mathilde porterait un bonnet au coeur de l'été ? Que non, notre visite s'est déroulée début décembre.

Mathilde porterait un bonnet au coeur de l’été ? Que nenni, notre visite s’est déroulée début décembre 2014.


Elle aura été une véritable flying winemaker, sur l’hémisphère sud. Elle travaille dans les Grisons depuis 18 mois, et assez récemment dans ce domaine.La jeune femme nous raconte avoir rencontré celui qui est désormais son fiancé en Nouvelle-Zélande, peu de temps avant que le Georg Fromm ne vende son domaine. Une cave dans laquelle elle appréciait se rendre, car outre la qualité des vins, c’était aussi un état d’esprit et une façon de travailler très européenne qui lui plaisaient. Un environnement traditionnel très éloigné de son vécu professionnel dans des caves néozélandaises où elle travaillait, (et où le vin n’avait pas le caractère qu’elle souhaitait).
Son fiancé travaille désormais à Malans dans la toute proche cave de Peter Wegelin.
Elle nous confirmera les propos tenus la veille par un autre vigneron : la quasi impossibilité de créer un domaine viticole aujourd’hui dans les Grisons. La pression financière y est très forte, les terres à louer -on ne parle pas d’achat !) rarissimes. A n’en pas douter, Mathilde est conquise par la région et son potentiel.20141210_165242A l’instar d’autres vignerons grisons, comme, par exemple l’aura fait le matin même Martin Donatsch, la présentation des vins se déroule comme si nous dégustions des vins dans un domaine bourguignon : une cuvée « village », une autre « 1er cru », et encore une autre considérée comme le « Grand Cru » du domaine. Cette démarche, toute officieuse qu’elle est de classer qualitativement les terroirs, démontre cette volonté toute grisonne d’aller à chaque étape vers le meilleur. Une différence de taille ici, Georg Fromm nomme ses cuvées du nom des parcelles : Selfi, Fidler, Schöpfi.
20141210_172516Comme pour insister, Mathilde nous dira que l’ensemble des clones de pinot noir du domaine sont bourguignons, sauf ceux de la cuvée « village ». Mais le pinot noir n’est pas le seul cépage rouge pour autant du domaine. Georg Fromm a planté également du Merlot.
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Dans ses vins de pinot noir, on perçoit la volonté du vigneron d’apporter un caractère dynamique. Certes, l’on sent la maturité, un boisé souvent marqué au nez (plus souvent intégré en bouche) mais les vins de Georg Fromm nous ont paru posséder un supplément d’acidité à ceux des autres domaines visités (en deux jours nous avons visité six caves grisonnes). Cela était peut-être davantage perceptible pour les vins jeunes. Mais le potentiel de garde est là. La cuvée Schöpfi 2008 est concentrée et puissante, les tanins sont nobles, et la fraîcheur bien présente. Quant à la cuvée Selfi du millésime 2005, bien qu’à son apogée, elle offre une très belle présence en bouche. Sa finesse lui confère un caractère délicat. C’est un vin d’une grande noblesse.