Visite chez une pasionaria viticole : Irène Grünenfelder !

Avant de devenir vigneronne par passion, et en autodidacte, Irène Grünenfelder aura été enseignante et journaliste en Romandie (à Genève) mais aussi dans son canton, à Arosa, tout près du district d’Albula dont elle est originaire.
C’est au cours d’un voyage en Bourgogne et d’une visite d’un domaine de la Côte-de-Nuits, chez Hubert Lignier (propriétaire en autres grands terroirs du Clos de la Roche à Morey St-Denis) qu’elle devient fascinée par le Pinot Noir.20141209_171443
Avec l’aide de son époux, originaire de Jenins, et de sa belle famille, propriétaires sur la commune, elle devient vigneronne en 1993 et plante ses premiers ceps sur une surface de 3000 mètres carrés sur une parcelle qu’elle qualifie de saine avec un sol calcaire et lourd, dans le bas du vignoble de Jenins. La première récolte est issue de vignes jeunes, en 1996 et complète une autre parcelle déjà existante.
Après un début de carrière marqué par le scepticisme de certains, Irène Grünenfelder est désormais respectée et reconnue, son domaine s’est agrandi. Elle possède 3,5 hectares de vignes, auxquels s’ajoutent un demi hectare en location et l’achat de raisins pour deux autres hectares.20141209_161937
Les terroirs de ses vignes sont situés pour partie à Fläsch, où le schiste domine. A Jenins, les sols sont plus lourds. La méthode de culture est raisonnée (production intégére). Des essais en bio sont réalisés depuis l’an passé.20141209_171349
Le pinot noir est très largement majoritaire avec 70 % de la surface totale, ce qui n’étonnera personne. La vigneronne en produit trois vins, dont la cuvée « Eichholz », qui est sa cuvée phare. Elle réalise six autres vins. Un crémant (assemblage de Chardonnay et de …Pinot Noir), un Blanc de noir, trois vins blancs, de Pinot Blanc, de Sauvignon Blanc et de Chardonnay. Enfin, elle vinifie également un vin muté, tel un Porto, à partir du cépage Diolinoir.
Le Completer ? Il reste un rêve nous répond-elle.
Le caractère météorologique est l’élément le plus compliqué à gérer pour la vigneronne qui nous dit humblement que la nature a toujours le dernier mot. Elle rappelle que la maturité des raisins est lente dans les Grisons, mais qu’une brêve période de foehn peut bouleverser les équilibres en faisant monter les degrés de sucres au-delà de ce qui est recherché et souhaité.20141209_162055
A la dégustation des vins, relevons la noblesse et la pureté des crus proposés. Le Crémant est très goûteux. Sa bouche est bien définie, parfaitement équilibrée et fraîche. J’ai beaucoup aimé son profil aromatique qui relevait des notes d’anis et de pâte d’amande.
La vigneronne a un faible pour le sauvignon blanc. Elle assemble le fruit de ses deux parcelles qui offrent des maturités différentes. Si elle ne réalise pas la seconde fermentation pour accentuer la fraîcheur, elle joue sur l’élevage en vinifiant 20 % en fûts de chêne, et 80% en cuves inox. Le millésime 2013, encore fort jeune, se présente avec un fruité variétal, où des notes de buis dominent. Mais la bouche s’avère gourmande et offre une grande longueur.
Le chardonnay 2013 est le dernier né. Les vignes n’ont que cinq ans et cela explique un peu le manque de profondeur de ce vin, qui hormis cette petite remarque, est tout simplement digne d’éloge. Relevons l’élégance de cette cuvée tant au nez qu’en bouche, avec un caractère salin marqué apportant une touche de minéralité noble. L’élevage est irréprochable et de grande classe. La vigneronne a pris le parti de le vinifier en trois tiers : un en cuve inox, un autre dans des fûts neufs, et le dernier dans des fûts de 2e et 3e passage.
Le pinot noir 2013 est tout à la fois intense et puissant, tout en conservant la finesse et le beau fruité du cépage (notes de fruits rouges tels la framboise et la fraise). C’est un vin qui a du potentiel (ces tanins ont encore besoin de temps) et qui s’avère pourtant gourmand.20141209_170523
La cuvée Eichholz, millésime 2012) est un magnifique exemple de pureté, et démontre tout le potentiel des vins de Pinot Noir Grisons.
Avec l’arrivée prochaine de son fils au domaine, l’avenir est déjà assuré. Irène Grünenfelder peut continuer de sourire.