Viti Vini Vully

Les vignerons du Vully peuvent lever le bras et faire le V de la victoire. Il y a bon chez eux ! Leur vignoble, quasi microscopique avec ses 150 ha de vignes seulement, est un petit poucet chez un petit poucet (01 % du vignoble helvétique). Mais que de bien jolis vins avons-nous dégustés aujourd’hui. Bravo !

A ce jour, je n’avais dégusté qu’un seul vin du Vully. C’était un vin de pinot noir, et il avait été fort apprécié. Une bonne raison de se rendre à Morat pour la troisième édition de Vullyssima.
Ce n’était pas le « Fribourg » qui accueillait la manifestation, mais le « Ville de Neuchâtel ». Une surprise presque heureuse pour les vignerons. Ce bateau, bien que plus petit et moins moderne que le premier nommé, s’avérait plus pratique pour organiser la dégustation (les trois ponts intérieurs du bateau se vident de leurs sièges, contrairement au Fribourg qui possède des banquettes indémontables).

Ils étaient 19 vignerons fribourgeois et vaudois qui présentaient leurs vins du millésime 2008. Beaucoup de vins fort (trop) jeunes à déguster. Mais comment changer la donne, quand les vins se vendent sans problème ?
C’était toutefois l’occasion de faire un tour de la place le plus large possible.
J’ai aussi reçu aujourd’hui la confirmation que l’appellation Vully est un cas à part dans les AOC suisses : un vignoble, deux cantons, une appellation.
Pas de prise de notes aux stands. L’impression générale sur ces vins, est qu’ils se sont avérés frais, de belle concentration, souvent vifs, arômatiques et très fréquemment secs.
Si les vins de pinot noir manquent souvent de corps (la faute au terroir d’après plusieurs échos), les assemblages rouges lui apportant du gamaret et du garanoir (parfois du diolinoir) se sont montrés des plus intéressants, avec des proportions souvent très différentes. Le pinot noir de la cave de l’Etat de Fribourg est celui qui m’aura le plus séduit aujourd’hui.
D’autres vins rouges auront été dégustés. Je retiendrai un merlot 2007 barrique très plaisant, ainsi qu’un assemblage rouge de merlot et des deux cabernets (même millésime, mode d’élevage et …même cave.
Quelques vins de chasselas traçaient joliment leur terroir. La palme revenant à la cuvée « Les Côtelines » de la cave de Chambaz, de Francis et David Chautems (Môtier). Deux autres chasselas ont très appréciés : le « Clos de la grande Battue » de la cave du Vieux-Praz (Praz-Vully), ainsi que le chasselas de l’Etat de Fribourg. Les vins du vignoble du Vully de l’Etat de Fribourg (*) sont vinifiés en partie par David Chautems, ainsi que par Fabrice Simmonet, jeune oenologue de la cave Le Petit Château.
Trois vins de chasselas qui coûtent chacun moins de dix francs suisses. Par ces temps où nombre de prix prennent l’ascenseur, il est de bon ton de saluer ces prix très doux.
Beaucoup de plaisir aujourd’hui avec des vins blancs issus de cépages divers : Freisamer, pinot gris (plus fréquent que le premier goûté une fois), Riesling-Sylvaner (Müller-Thüurgau), Traminer, pinot blanc, gewurztraminer, (…), et aussi quelques vins de chardonnay (moins réussis en règle générale que les autres vins).
Trois caves présentaient une large gamme de vins blanc de très belle qualité : Le Petit Chateau (Môtier), Le Chateau de Praz (devinez où), et le Cru de l’Hôpital, propriété de la Bourgeoisie de Morat. En venant de Salavaux, on aperçoit d’ailleurs les vignes du Cru de l’Hôpital juste avant d’entrer à Môtier.
Petit clin d’oeil à l’USOE (ou plutôt aux formateurs de Changins de ces vinificateurs)  : les vins de ces trois caves sont vinifiés par des oenologues formés à Changins. Ma préférence allait ce jour aux vins blancs vinifiés par Christian Vessaz (Cru de l’Hôpital). A mon goût les vins les plus stylés et dynamiques dégustés ce jour. La palme allant incontestablement au Traminer.
A l’extérieur du bateau, présence discrète mais élégante des maraîchers et stands de gâteaux régionaux.

Au fait, le gâteau de Vully est encore meilleur dans son terroir. Et pourtant, à la maison il vaut déjà le détour ! Sur le bateau, nous l’aurions volontiers marié avec un rosé de la cave du Vieux-Praz, légèrement doux (les levures ont stoppées leur travail, le vinificateur a laissé le vin en l’état), ou aussi le mousseux de pinot noir de la cave Javet & Javet, au nom de Zoumaï (ça fait un peu Kirghize ou Kazakh, non ?), très fin, léger, mais diablement tentateur.
Sans vouloir tomber dans l’extase, force est de reconnaître que cette édition du Vullyssima a été une excellente surprise d’un point de vue qualitatif. Personne n’avait de regret de ne pas avoir participé aux journées caves ouvertes à Neuchâtel. Surprise qui était aujourd’hui inversement proportionnelle à la taille du vignoble.
Laurent
PS :  un autre gâteau à la rhubarbe (pas une tarte comme on la connaît) était diablement bonne également.
(*) L’Etat de Fribourg possède également quinze hectares de vignes dans le vignoble de St-Saphorin, dans le Lavaux (canton de Vaud). Il s’agit du Domaine des Faverges.
mes liens du Vully sur le blog :
la recette du gâteau du Vully, c’est ici
des photos du vignoble, c’est