Visite au Domaine de Montbenay à Mont-sur-Rolle (avril 2020)

Le Domaine de Montbenay appartient à la famille de Watteville depuis 1543 ! Maurice et Paul représentent les 15^e et 16^e générations de leur famille à être vignerons à Montbenay, sur la commune de Mont-sur-Rolle.

Dans moins d’un quart de siècle, l’histoire de la famille de Watteville et du Domaine de Montbenay seront liés depuis 500 ans. Un demi millénaire ! Gageons que Paul de Watteville, doit déjà avoir une sorte de picotement à l’idée d’organiser et de fêter un jour un tel évènement ! Pour l’heure, le jeune homme est en train de finaliser sa formation à Changins, à l’Ecole Supérieure. Il collabore bien sûr déjà au travail du domaine avec son père, et l’on voit que son intégration est déjà réalisée. Ainsi, outre une prise de responsabilité dans le travail de la vigne par exemple, on lit déjà son prénom avec celui de son père sur les documents de correspondance (le prix courant et aussi le courriel), les étiquettes des bouteilles.

Entre tradition et innovation viticole, Montbenay a su trouver sa voie.

Le domaine viticole couvre sept hectares de vignes, qui sont cultivées en production intégrée (PI), et sans produits de synthèse. Le vignoble est donc désherbé mécaniquement. La grande majorité des vignes est située autour du domaine. Trois petites parcelles sont situées plus haut sur la commune, près du Château de Mont.
Le chasselas règne en maître avec 85 % de la surface de plantation. Il est vinifié et élevé uniquement dans des foudres (ou vases) de chêne. Le dernier vase acheté, l’a été auprès de la tonnellerie Süppiger à Küssnacht am Rigi (canton de Schwytz). Le plus ancien foudre de la cave, n’est plus utilisé depuis un an seulement. Il date de 1771.
Deux cuvées de « vin tranquille » de chasselas sont vinifiées : les cuvées Tradition et Vieilles Vignes. Toutefois, le chasselas est aussi employé afin de réaliser un blanc de blanc, un vin mousseux donc, et un vin muté, la cuvée 1543 (voir plus bas).
En discutant avec mes hôtes, j’ai appris que le domaine conservait de vieux millésimes. La plus vielle bouteille de la cave date de 1854. C’est une bouteille unique, qui ne sera certainement jamais ouverte.

Parmi les autres cépages de Montbenay, il y a surtout du Pinot Noir (qui devrait être dégusté à une autre occasion). Une diversification a été entamée voici plus de trente ans. J’ai ainsi découvert au cours de la dégustation qui m’a été proposée, que les ceps de Syrah ont été plantés dès 1988. D’autres cépages, créés à la station d’Agroscope Changins complètent l’assortiment. Il s’agit du Galotta et du Diolinoir.
Il y a aussi un vin de Muscat, et une curiosité blanche, vendue en Vin de Pays, le Vermentinu Corse ou …Rolle. Une petite vigne de 2000 mètres carrés qui produit (à Rolle bien évidemment) jusqu’à 700 bouteilles par an. Ce cépage a été planté en 2008 par Maurice de Watteville.

Les vins dégustés :

Chasselas Tradition 2019 : il s’agit d’une première mise en bouteille. Elle a été réalisée fin février.
Ce chasselas a un nez bien ouvert, sur des notes fruitées et miellées. L’attaque en bouche est agréablement vive, renforcée par un léger perlant. La bouche possède du corps. Un léger amer est présent en finale. Je pense qu’il devrait s’atténuer après quelques mois de bouteille.
Prix : 11 CHF
Ma note : 87 (à revoir après une période de repos).

Chasselas Vieilles Vignes 2018 :
Une cuvée élevée plus longuement (près d’une année) et sur ses lies.
Ce vin a été mis en bouteille avant les vendanges 2019, à la fin septembre. Il est donc naturellement plus reposé en « en place » que la cuvée Tradition. Joli nez sur des notes de fruits blancs et du verger. La bouche offre densité et fraîcheur, et un supplément de finesse indéniable. Belle longueur finale et équilibre en bouche pour ce vin élégant.
Prix : 16 CHF
Ma note : 90

Rolle (de Rolle) 2019 :
Le Domaine de Montbenay possède une petite parcelle de 2000 mètres carrés sur la commune de Rolle. Appréciant ce cépage, Maurice de Watteville l’y a donc planté, non sans une touche humoristique bien agréable, car ainsi est né le Rolle de Rolle !
Le nez est fin, agréablement expressif sur des notes d’agrumes et de poire et de gin. La bouche est légèrement perlante, fine, fraîche. Ce Rolle de Rolle a un gras discret en bouche, et ce d’autant que la vivacité à l’attaque est nette. C’est un vin fin et équilibré, long en bouche. Il devrait gagner en volume et intensité aromatique avec un peu de garde. Je l’imagine bien avec un poisson grillé et une salade au cœur de l’été.
Prix : 17.50 CHF
Ma note : 89

Syrah 2016 : (élevage durant une année en barrique de chêne).
Robe rubis sombre. Le nez est très agréablement fruité et fin, sur des notes de de cerise noire, de mûre, d’épices et d’amande. La bouche est un peu ronde, avec des tanins très fins. Elle est franche et fine, gourmande et délicate. C’est une cuvée de syrah friande, équilibrée et longue en bouche. Et c’est aussi une belle réussite dans un millésime considéré comme « tempéré » plutôt que comme « chaud ».
Prix : 25 CHF
Ma note : 90

Syrah 2017 :
La robe est d’une couleur rubis sombre similaire. Le nez est plus sur des notes de fruits rouges comme la groseille et la framboise mûre, ainsi que la cerise. La bouche est un peu plus vive, portée par une jolie acidité équilibrante. De fait, cette syrah semble moins tannique que celle du millésime 2016. J’apprécie beaucoup son équilibre et sa finesse. Très jolie longueur finale.
Prix : 25 CHF
Ma note : 91 Coup de Cœur.
J’imagine très bien ce vin à table avec une viande mijotée (des joues de bœuf, ou du bœuf en daube par exemple). La vivacité de ce vin se marierait à merveille avec l’onctuosité de la viande et la douceur de la sauce).

Pierremont 2017 :
C’est un assemblage de trois cépages (Pinot Noir, Galotta et Diolinoir), dont les proportions changent à chaque millésime. Cette cuvée dont le nom rappelle le prénom du père de Maurice de Watteville possède une très belle couleur rouge sombre brillante. Le nez est fruité sur des notes de fruits rouges et noirs (framboise, mûre, cerise), une note d’amande grillée aussi. La bouche une belle richesse, avec des tanins gras, presque collants, serrés mais fins. Le fruité est bien présent en bouche. Cette cuvée fait preuve d’un bel équilibre et d’une jolie longueur, ainsi que d’une agréable fraîcheur.
Prix : 23 CHF
Ma note : 90

Le Diolinoir 2016 :
La robe de ce Diolinoir a une belle profondeur. Elle est légèrement brillante. Le nez offre une olfaction d’agréable intensité et d’une parfaite franchise. On sent des notes de fruits noirs tels le cassis et la mûre, mais aussi de fraise de bois et d’épices.
La bouche est agréablement concentrée, mais sans aucune lourdeur. Les tanins sont très fins, délicats même. Ils sont fondus et soyeux. En milieu de bouche, une agréable acidité apporte une très belle fraîcheur et une notion de dynamisme. Ce Diolinoir est bâti sur sa fraîcheur et sa délicatesse. Il offre une très jolie longueur finale et s’avère très bien équilibré en bouche. Il est très séduisant.
Prix : 23 CHF
Ma note : 91-92

La Cuvée 1543 (millésime 2015).
Voici une autre innovation à côté du Rolle, voire de la Syrah (plantée en 1988, il ne doit guère y avoir de plantation antérieure à celle-ci sur La Côte).
C’est un vin muté de chasselas, légèrement doux. Il a été réalisé avec du chasselas dont la fermentation a été stoppée par de l’eau de vie de chasselas (à 70°) distillée avec du chasselas de Montbenay bien sûr.
Si la cuvée est annoncée comme étant réalisée dans l’esprit d’un Porto blanc, le nez s’avère à mon sens plus proche de certains vins de Jerez. Il offre une belle complexité, avec des notes d’évolution comme le curry et la noix verte. Il y a aussi des notes de fruits du verger (pêche, coing).
La bouche offre donc une agréable tendresse, mais aussi de la fraîcheur. Elle a donc un bel équilibre, et la finesse propre à un vin de chasselas. C’est une jolie réussite.
Prix : 56 CHF ( 50 cl )
Ma note : 92 Coup de cœur

Le Domaine de Montbenay semble véhiculer une image bien sage, avec par exemple des vins de chasselas très traditionnels, élevés en foudre et vinifiés avec deux fermentations de façon systématique.

Mais, la modernité est bien là : utilisation de cuves inox avec chapeaux flottants pour les rouges avant élevage sous bois pour certains, et vinification dans des amphores de terre cuite aussi.
Les vins rouges présentent des structures en bouche modérées plutôt que concentrées voire très concentrées. Les extractions des tannins sont elles aussi mesurées, ce qui permet au fruité et à la finesse de s’exprimer.

Les coordonnées de contact et de commande :

Domaine de Montbenay
Maurice et Paul de Watteville

Chemin de Jérusalem 2
1185 Mont-sur-Rolle

Natel Maurice : 079 272 79 42
Natel Paul : 079 763 11 43

Email : montbenay@gmail.com
Site Internet : www.montbenay.ch