Visite au Domaine de l'Ovaille, à Yvorne (II), la dégustation

Une fort belle dégustation :
Je l’ai écrit dans la première partie de cet article parue hier, le chasselas règne toujours en maître chez les Deladoey, puisqu’il occupe 80 % de la superficie des vignes familiales et un chiffre quasi identique pour la commune (125 ha sur 160 ha). Le terroir d’Yvorne marque fortement les vins de la commune de sa minéralité et cela est sûrement l’une des raisons de son fort ancrage. En terme de garde, j’ai souvent entendu que l’Yvorne est le seul cru vaudois qui « rivaliserait » avec le Dézaley. Une autre raison peut-être ?
Avant d’entrer dans le carnotzet, nous nous rendons dans l’une des deux caves où se trouvent les foudres de bois. Nous dégusterons l’Ovaille blanc 2010, en cours d’élevage. C’est un non-filtré pour le moment. Un vin tout de fruits, gras avec une belle structure et une acidité de bon aloi. Un chasselas structuré et avec du gnac !
Philippe Deladoey ouvre pour débuter cette dégustation un Ovaille blanc 2009 : Joli nez, très franc, avec des notes de brûlons, de pierre à fusil. Bouche d’une belle richesse, mais équilibrée, grasse et dense, mais toutefois pas capiteuse. La finale est rehaussée par une note citronnée. Un chasselas récolté à 85 ° Oechslé en moyenne. Un vin très agréablement minéral.
Ovaille 2005 : nez de fruits très mûrs, note de brûlons à nouveau, moins puissante que pour le 2009. La bouche est fraîche, dense, le petit Co2 présent y participe. J’ai toutefois un petit doute.
Ovaille 2003 : Nez moins riche et puissant. La bouche est étonnamment vive, fraîche malgré sa richesse. Je relève une fois de plus une note de brûlons, et le bel équilibre en bouche de cette matière. Belle longueur. Un vin très fin, où la minéralité est évidente. Très beau flacon. A l’aveugle, je n’aurais certainement pas imaginé qu’il ait pu provenir de ce millésime solaire. Cette fois, mon doute sur le vin précédent parait plus évident encore. Un problème de bouteille très certainement, avec une oxydation prématurée de la matière y contribuant.
Saut dans le temps, au coeur des années nonante. Un grand millésime, dont j’ai eu plaisir de déguster la semaine précédente un vin de pinot gris dans le Vully (voir ma visite au Cru de l’Hôpital le 14 janvier 2011) :
Ovaille 1995 : au nez, je décèle quelques cheveux gris, malgré la belle note de fruits jaunes, en particulier l’ananas. En bouche, on ressent toujours la présence d’un léger CO2. L’ensemble est fin, plutôt léger, mais bien tendu. Une fois encore, la minéralité est perceptible et apporte de la complexité. Un vin qui a beaucoup d’allure. Très apprécié.
On poursuit avec un autre cadeau : l’Ovaille 1988 : nez très fin, avec un agréable fruité toujours. Mais c’est en bouche que ce vin montre toute sa race. Il s’avère très suave, frais, tendu, gras, très long et équilibré. Une fois encore, je retrouve cette note de brûlons. Une très belle bouteille, sinon -tout simplement- un superbe vin. Chapeau bas !

Indéniablement, au vieillissement, le terroir prend le pas sur le cépage.

Nous dégustons ensuite les vins rouges, tous en bouteille :
L’Ovaille rouge 2008 (assemblage à dominante de merlot). Les vignes de merlot ont quinze ans. Elles ont été plantées en 1995. Fruité sur les griottes, note épicée également, la bouche se présente bien, grasse, sur une bonne stucture. L’ensemble est vif, équilibré et long. L’élevage sous bois (80 % de bois neuf)  marque un peu  la matière aujourd’hui.
Merlot 2008 : un nez fermé, la bouche est un peu plus causante. J’aime la finesse de la matière,  le concentration est intéressante, sans lourdeur. Le bois domine un peu la matière de ce vin aujourd’hui.
Cabernet franc 2007 : le vin est issu d’une parcelle plantée à proximité du Clos du Rocher. Joli fruit, le vin est frais, dense, bien concentré, les tanins sont fins. Pas d’astringence notée en dépit d’un service un peu trop frais. Bel équilibre, c’est digeste. Un bien joli vin un peu strict et austère. J’ai noté que ce vin n’était pas (encore ?) commercialisé.  Peut et doit vieillir lui aussi.
Assemblage rouge Ovaille 2007 : un vin fruité, fin et élégant, bien concentré et équilibré. Tanins fondus. Belle longueur. Elevage intégré. Prêt à boire dès maintenant.
Les brûlons 2007 : l’un des deux vins d’auxerrois. Un vin moelleux, réalisé sans fermentation malolactique, avec un petit CO2. Une bouche fringante, fraîche, agréable bien que pas très complexe. Jolis arômes de citron et de miel.
En guide de conclusion. S’impose avant tout un grand et chaleureux merci à mon hôte, Philippe Deladoey. Nous aurons passé ensemble un peu plus de quatre heures à parler de ses vins (des vins de la cave familiale serait plus juste peut-être),  à marcher dans le vignoble, à évoquer le monde horloger. Nous aurons également dîner ensemble (j’ai omis de vous dire que le vin du millésime 88 s’est dégusté seul, mais aussi avec un foie gras maison, particulièrement fin).
Une première visite qui en appelle d’autres.
Les coordonnées de la cave :
Deladoey Frédéric & Philippe

Les Maisons-Neuves 06
1853 Yvorne
Tél. : 024 466 88 88
Fax : 024 466 20 84
deladoey@ovaille.com
le site Internet : www.ovaille.com