Une dégustation au salon du livre de Genève

Sur proposition du journaliste, blogueur, écrivain et ami Patrick Morier-Genoud, j’ai animé une dégustation mercredi dernier au Salon du Livre de Genève.
J’avais toute latitude pour cette dégustation, et, fort logiquement, j’ai opté pour des vins régionaux, de la Cave de Genève, avec laquelle j’ai en outre le plaisir de collaborer depuis l’an passé.
Avec Pierre-Igor Cusnir, responsable des ventes, nous avons opté pour six cuvées : un sauvignon blanc, un chardonnay, un gamaret, un assemblage gamaret-syrah, un vin effervescent de la gamme Baccarat (le blanc de blanc) et le vin doux Intuition (un assemblage de gewürztraminer, de muscat et de sauvignon blanc).
Animer une dégustation publique : une nouveauté pour moi.
Habitué à rencontrer des vignerons, maîtres de chais, oenologues, directeurs de cave, des journalistes et des sommeliers principalement depuis près de 20 ans, j’étais pour la première fois au contact du public pour partager un moment avec lui.
En débutant cette dégustation, je considèrerai que deux sièges sur trois étaient occupés. Principalement des femmes et deux ou trois couples. C’était plus qu’encourageant puisque la publicité pour cette dégustation commentée était prise au rebond par les participants à leur arrivée lors de cette première journée de salon, grâce à un grand écran d’information qui détaillait les manifestations heure par heure.
Puis, d’autres personnes, qui se sont massées à proximité du stand après que la dégustation soit lancée, ont été conviées à prendre une chaise et à participer à cet exercice de dégustation. Au service du troisième vin, il ne restait plus qu’une chaise de libre.
Dégustation et interactivité !
Fort sobrement, Patrick Morier-Genoud, puis Corinne Bloch qui a pris son relai, ont joué au rôle de monsieur et madame Loyal. Ils me posaient des questions, et surtout offraient le micro à celles et ceux qui souhaitaient prendre la parole, afin de rendre cette dégustation non seulement interactive mais surtout vivante.
Et les questions ont fusé (avec bonheur). Certains ont fait part de leur étonnement devant la qualité des crus (une valaisanne ravie). Un monsieur qui n’a pas pris la parole, a sorti systématiquement son smartphone et a photographié toutes les étiquettes.
Un seul bémol pour le gamaret Coeur de Clémence. Ce cru puissant et tannique, souffre que ses éléments ne sont pas encore fondus. Un participant le trouve trop « acide » en bouche. Je tempère, l’acidité n’est pas mordante, elle fait partie intégrante du vin. Ce vin, tout particulièrement, demande du temps. C’est le cru de garde de cette sélection. Il est important de l’expliquer.
Si la dégustation est un moment de plaisir, c’est aussi un moment d’information. Le juge de paix ultime, outre le goût de chacun, qu’il convient de respecter, avec le temps, c’est LA TABLE. Ce gamaret, d’ici deux à quatre ans, avec un couscous, un gigot d’agneau, devrait faire un malheur !
En italique, les coups de coeur :
Le Sauvignon blanc de la gamme Clémence : premier vin dégusté, il a fait un tabac si je puis dire. Robe magnifique, d’un jaune intense et profond, avec des reflets verts (les serviettes blanches se sont avérées très utiles pour observer la robe des vins), ce sauvignon possède un nez lui aussi intense. Il est aussi complexe, avec des notes d’agrumes. Point de notes herbacées, variétales, de pipi de chat. La bouche est pleine, vigoureuse, droite, équilibrée et longue. Coup de coeur dans la salle, et pour moi.
Après lui, le chardonnay Belles-Filles, aura paru un peu léger à certains. Je relève que sa typicité est là, qu’il devrait gagner en intensité avec un peu de temps.
L’assemblage de gamaret-syrah de la gamme Clémence :
Ce vin délie les langues : fruité, frais, riche sans être opulent, cet assemblage est un conquérant ! Il a réussi la quadrature du cercle par son équilibre et son expressivité, sa longueur. Les participants ne se lèvent pas pour demander un second service, mais c’est pas loin.
Le Brut Blanc de Blancs de la Gamme Baccarat : me donne l’occasion de rappeler le niveau de la qualité des vins mousseux suisses suite à la grande dégustation que j’avais organisé à Colombier voici trois ans et demi. Ce vin est très apprécié. Il est vrai qu’il est connu de la plupart des participants qui le trouvent aisément. Sa régularité qualitative en font un vin qui se sélectionne parmi d’autres avec une certaine évidence. Il a fort justement été apprécié pour ses qualités. Blanc de Blancs ? Parce que vinifié avec un où des cépages qui produisent naturellement un vin blanc (contrairement à un Blanc de Noir de pinot noir par exemple, dont le jus n’est pas laissé en contact de la peau des raisins pour rester blanc).
Le vin doux INTUITION clôt la dégustation sur un feu d’artifice !
Cet assemblage de trois cépages aromatiques : gewürztraminer, sauvignon blanc et muscat, est le vin qui aurait sans aucun doute marqué le plus de points à l’applaudimètre si nous en avions disposé d’un.
Le nez est complexe : note de fleur de rose, de litchi, de sureau, de fruits exotiques, de raisin mûr aussi. La bouche est à l’avenant : douce, mais sans lourdeur, vive mais sans excès, l’équilibre de ce vin est magnifique. On me demande avec quoi le boire. Je n’hésite pas : osez une salade de fruits dans laquelle vous aurez incorporé des fruits exotiques tels le fruit de la passion et la mangue !
Si cette cuvée n’a pas la concentration d’un grain noble valaisan, où d’un Sauternes par exemple, son assemblage audacieux de cépages aromatiques compense par un fruité complexe et intense ce « handicap ». Cette cuvée a fait l’unanimité autour d’elle.
Après cette dégustation, je suis resté un long moment à discuter avec plusieurs participants. Des questions diverses, dont une sur le gel qui venait de frapper le vignoble, valaisan principalement. Des questions très diverses, intéressantes, qui montrent tout l’intérêt que le vin peut révéler auprès des amateurs
Ce fût un moment de vrai et de pur plaisir. A réitérer dès que possible. Un animateur satisfait et content c’est une chose. Que les participants l’aient été aussi, l’est encre bien davantage. Séduits par les vins, ils ont aussi été par la fourchette de prix que j’ai annoncé (en l’absence de prix courant, j’ai préféré donné un prix indicatif pour l’ensemble de ces six vins). Merci à Patrick-Morier-Genoud pour sa proposition, à la Cave de Genève pour avoir mis gracieusement à disposition les bouteilles de cette dégustation, et bien sûr à l’ensemble des participants.