Sandrine Caloz « BIO » a son métier et la vigne dans la peau, mais pas que !

Cette exploitation viticole familiale compte 6,3 ha de vignes, dont cinq mécanisables et mécanisés (on y travaille entre les rangs au Bio-liner par exemple) et une parcelle qui ne peut l’être. Le domaine a débuté sa conversion en bio voici deux ans déjà.

Entièrement convaincue des progrès de cette démarche, Sandrine Caloz, jeune oenologue formée à Changins (diplômée en 2013), et qui est en charge aujourd’hui du domaine, aide aussi ses collègues en conversion sur la façon de présenter les dossiers auprès des organismes de certification. Très vite, on la sent précise, organisée, passionnée et …passionnante.


Elle poursuit les réflexion et le travail entamés par son père dans les années 90 déjà.
Dynamique, elle participe en qualité de juré à des concours, continue de se former, rencontre des collègues dans d’autres régions de Suisse et d’ailleurs, et bien sûr, mène aussi une vie familiale bien remplie (cette jeune maman attend aussi son deuxième enfant). Qu’elle énergie !
Un regret peut-être : ne pas avoir pu prendre un peu de temps après son diplôme pour travailler hors du pays. La vie en a décidé ainsi, il a fallu travailler « à la maison » de suite.
Elle se dit aussi chanceuse, car elle se rend compte qu’elle a déjà bénéficié d’un « éclairage » médiatique assez prononcé. « Peut-être parce que je suis une fille » ?

Si pour Sandrine Caloz, les conditions climatiques du Valais sont particulièrement favorables à une viticulture bio, la grande difficulté réside dans la gestion de l’enherbement sur de nombreux parchets. Cet enherbement entrant en concurrence avec la vigueur de la vigne, et au final, la fatiguant et fragilisant la plante s’il n’est pas contrôlé.
Au domaine, c’est donc un rang sur deux qui est enherbé. La vigneronne oenologue confie que son père est un vigneron dans l’âme. Il lui a confié un magnifique « outil de travail ». D’ailleurs, tout comme sa maman, il est toujours actif dans le domaine.

La biodiversité est évidente à relever lorsque l’on accompagne la vigneronne dans les vignes. Outre les plantes au sol, il y a aussi des arbres fruitiers (pêchers et figuiers par exemple). Sandrine vibre lorsqu’elle me présente ses parcelles, me fait découvrir les Bernunes depuis un point que je ne connaissais pas (cf. la courte vidéo, où les deux photos ci-dessous).


  

 

Deux vues sur le vignoble des Bernunes

En réalité, je ne connaissais pas la cave Caloz. C’est grâce à Yann Comby, vigneron de Chamoson, également en conversion Bio que j’en ai entendu parler pour la première fois voici quelques mois. Quelques semaines plus tard, lors d’un salon, où d’ailleurs ils faisaient stand commun, je dégustais plusieurs cuvées d’une très belle facture, qui m’ont définitivement incité à faire le pas de la découverte, et de rendre visite à Sandrine à Miège.

La dégustation des vins :

Pour l’ensemble des vins blancs vinifiés par Sandrine, la seconde fermentation n’est pas réalisée. Un choix dicté par une volonté de préserver de la fraîcheur aux matières.

 

Fendant  2017 : voila un cépage qui souffre particulièrement du stress hydrique, comme la Petite Arvine, et de ce fait s’avère être particulièrement « surveillé ». Nez fin, de belle intensité, sur des notes de verveine et de tilleul. La bouche est gourmande, fraîche, avec un caractère minéral affirmé, un bel équilibre et tenue en bouche. Un vin long, franc, frais. Bien apprécié.


Païen 2017 : robe jaune intensité moyenne. Nez ouvert, un peu amylique (une sensation d’arômes fermentaires, que Sandrine explique surtout par un gros travail des bourbes). Un vin qui a du fruit bien sûr : écorce d’agrumes, mangue, litchi, rhubarbe mûre aussi. Bouche très fraîche, droite, longue fine et équilibrée. Cette cuvée a un petit côté salin sur la finale. Beaucoup d’élégance et de finesse ! Très apprécié.


Marsanne 2017 : nez sur des notes d’eau de vie de framboise, de pèche des vignes, mais aussi un peu mentholé. La bouche ample, un peu ronde, mais sans lourdeur, est surtout délicate et en finesse. Très jolie longueur finale. Un autre vin tout en élégance. Et surtout un vin avec du potentiel. Beaucoup de charme.


Marsanne La Mourzière 1999 : robe or, intense. Nez sur des notes de raisins confits, de miel, de propolis (sensation résineuse), une légère note d’hydrocarbure qui apporte un supplément de complexité. Le vin a conservé un très fin Co2, ce qui renforce un peu sa fraîcheur, et rend la touche de « cheveux gris » de ce vin de presque 20 ans plutôt discrète. Une cuvée qui a beaucoup de finesse. C’est un très beau vin, long, fin et équilibré. Le bouchon, en excellent état, a parfaitement rempli son travail de conservation.


 

Pinot Noir 2017 : nez intense, fin, frais et fruité, sur des notes de petits fruits rouges. En bouche, il faut relever la  finesse et la fraîcheur. C’est un vin léger, gourmand, élégant et fruité en diable. Très belle longueur gourmande. Quel bel équilibre !
Durant sa vinification, il n’a connu que ses levures indigènes. Sandrine a utilisé un peu de grappes entières.


Humagne rouge 2016 : robe peu dense, très agréable, du fruit, rouges, petite note de ronce, ou d’écorce de chêne, Belle densité, un peu rustique, long, du fruit en bouche. Un vin délicat, violette, gentiane, vin alpin pour Sandrine
vin qui se présente de façon très gourmande. Un très joli vin !

Syrah 2016 : un peu de grappe entière ici aussi. Robe d’intensité moyenne. Nez sur la confiture de framboise, des notes florales aussi (pivoine) et d’olive noire. La bouche est gourmande, avec beaucoup de finesse. En effet, les tanins sont ronds mais bien serrés, sans aucune agressivité. Une cuvée très longue en bouche et gourmande, d’une superbe sapidité. Coup de coeur !


  

Sélène 2017 : cabernet-franc, diolinoir et gamaret. Aucun intrant levures indigènes. Robe d’une belle pr0fondeur. J’ai trouvé le fruit quelque peu en dedans, avec des accents plutôt méridionaux.
La bouche est riche, élégante, malgré le fait que les tanins nécessitent encore un peu de temps pour se fondre. Un vin que je marierai avec une côte d’agneau, parfumée au thym et au romarin, pour l’été …2019 !
Elevage en fût dont 20 % de fût neuf. Le vin nature a définitivement fait son entrée en Suisse. Mais avec une cuvée telle que celle-ci, on peut parier qu’il n’a pas fini de faire parler de lui.


  

En guide de conclusion : à la cave Caloz, la ligne de conduite semble on ne peut plus claire tant à la vigne qu’en cave. Sandrine est une personne attachante, qui sait ce qu’elle veut, et qui semble déjà connaitre le chemin pour y parvenir. Mais sans aucun excès de confiance, car sa prudence semble elle aussi mesurée.
C’est une très belle découverte ! Merci beaucoup de l’accueil.


Cave Caloz Sandrine, Anne-Carole & Conrad
Ancienne route de Sierre 1
3972 Miège

www.cavecaloz.ch

sandrine.caloz@bluewin.ch

Tél.  : 027 455 22 06