Petite arvine de Fully, les vins secs

Après la présentation des six vins liquoreux lundi, voici les vins secs (ou presque). Quatorze vins, soit autant de millésimes, de 2008 à 1975.
S’il est communément admis qu’un train peut en cacher un autre, à Fully, bien qu’il n’y ait pas de gare, restez attentifs : un Dorsaz ou un Roduit peut en cacher un autre, puis un autre…
Les vins sont présentés dans l’ordre de la dégustation, soit du millésime le plus jeune au plus ancien. Je me permets de rappeler qu’il ne s’agissait pas d’une dégustation à l’aveugle.
Vin n° 1 : 2008, Gérard Dorsaz : Robe très pâle, flaveurs de glycine, de violette, de rhubarbe aussi, quoique plus discrètement. La bouche est élégante, elle possède une légère rondeur (glycérol) et une belle acidité. L’ensemble possède de la personnalité, de la finesse et de la structure. C’est un vin délicat, équilibré, typé (très jolie salinité finale). Un joli flacon, qui se présente d’autant plus favorablement qu’il avait la tâche de débuter cette dégustation, chose jamais aisée. Gérard Dorsaz est parmi nous. Il nous informe que les vignes, sont agées de 40 ans. Elles se trouvent à l’est de Fully, sous le rocher de Beudon (voir cet article, il s’agit de la dernière photo), plantées sur un terroir de gneiss. Il n’a pas réalisé de fermentation malolactique sur ce vin qui possède 8,6 gr d’acidité.
Vin n° 2, 2007, Gérard Dorsaz : La couleur de la robe semble un peu plus soutenue. A nouveau un caractère floral marqué. Il est évoqué également un caractère un peu beurré. Un vin considéré comme sur sa réserve aujourd’hui, d’un point de vue aromatique. En bouche, le vin est plus large et plus ouvert. Il est fin, frais, élégant et dense. Belle salinité en finale. L’acidité est à 7,9 gr. Ainsi que pour le premier vin, il n’a pas été fait de fermentation malolactique.
Vin n° 3, 2005, Gérard Roduit : Un nez qui se divise un peu. Je le trouve légèrement tourbé, Marie-Thérèse Chappaz évoque la mangue. La bouche possède une belle attaque, puis elle apparaît légèrement grasse, mais le vin est sec (glycérol à nouveau). Si l’acidité est plus faible que sur les deux premiers vins, il possède un caractère minéral net et une finesse indéniables. En finale, on retrouve une note mentholée. Les vignes se situent à Branson, à l’ouest de la commune. Les terres, alcalines, sont dépourvues de calcaire.
Vin n° 4, 2004, Les Claives, Philippe & Véronic Mettaz, Cave Saint-Gothard : Ce vin divise franchement. Je lui trouve des arômes oxydatifs (pomme blette), ma voisine, Marie-Thérèse Chappaz, pencherait pour une réduction. Aux autres tables, le débat semble identique et ne trouvera pas de réponse sûre. Benoît Dorsaz évoquera un caractère légèrement champagnisé du vin (riche en CO2). Le nez paraît également un peu médicamenteux. Henri Vallotion évoque un problème de bouchon (il a ouvert les flacons), bien plus net sur l’autre échantillon que celui que nous avons dégusté. La robe est d’un beau jaune dense, limpide. La bouche est grasse, elle possède des sucres résiduels encore bien perceptibles. Les vignes sont situées sur le terroir des Claives, à l’est de la combe d’enfer.
Vin n° 5, 2003, Gérard Roduit : Belle robe, arômes exotiques, fruits de la passion et d’abricot. La bouche est fine, élancée (belle tension) et longue. Sur ce millésime solaire, voici un joli vin (sec). L’acidité est faible en regard des autres vins, mais cela ne porte pas conséquence car je trouve l’ensemble mature et équilibré.
Vous pouvez lire sur le forum des dégustateurs.com mon compte rendu de ce même vin, millésime 2002 de cette cave. Certes, il date un peu (forum abandonné fin 2005 début 2006). A noter : suite à des modifications  de pagination réalisées par le webmestre, il semblerait que CR ait été écrit par lui …). Mystère…
Vin n° 6, 2002, Les Mûres, Philippe & Véronic Mettaz, cave Saint-Gothard : Nez herbacé et lactique, puis fruits de la passion, de mangue et de rhubarbe confite (Dominique Fornage). A nouveau en bouche, on trouve une présence de CO2  de fait, l’attaque parait assez douce. La finale parait un peu assèchante (le CO2 ?), mais la salinité finale est bien présente. Les vignes de la cuvée Les Mûres sont situées sur le terroir de Mazembre. Zone qui se trouve sur l’est de la commune, juste avant le torrent de Randonne.

Vin n° 7, 2001, Les Mûres, Philippe & Véronic Mettaz, cave Saint-Gothard : Robe jaune or. Nez très en retrait. La bouche manque de tension (il est évoqué que le millésime possédait une haute acidité de surcroît) et de gras. Elle reste fine et élégante, avec à nouveau une finale saline, mais le vin semble fatigué.
Vin n° 8, 2000, Les Claives, Philippe & Véronic Mettaz, cave Saint-Gothard : Nez fin et complèxe, où l’on retrouve des arômes floraux (violette et glycine), de rhubarbe, mais aussi de truffe. Jolie bouche quoique un peu étroite, mais fine et élégante et de belle longueur. Certains évoquent la perception de l’alcool sur ce flacon. Ce n’est pas mon cas aujourd’hui (j’avais relevé plusieurs fois par le passé un alcool important et dissocié dans les PA de cette cave). J’aime bien ce vin.
Vin n° 9, 1999, Planche-Billon, Henri Vallotion : robe jaune à reflets verts. Nez puissant, avec de jolies notes de fruits jaunes. La bouche est particulièrement séduisante et racée. J’aime la finesse de ce vin, son élégance, bref, un vin tout en équilibre. Jolie finale sur la rhubarbe. Belle tension également (pas de malo). Un vin qui a une belle personnalité. Le terroir de Planche-Billon se situe sur le sommet des Claives de Mazembre. Sol de gneiss pur, la terre est rouge, il est très en pente. Des vignes de 25 ans d’âge.
Vin n° 10, 1998, Jean-Michel Dorsaz : Nez sur la pêche, les fruits exotiques, le pamplemousse, la rhubarbe, les épices orientales (Dom. Fornage). Belle attaque, mais le vin parait un peu mou par la suite. Les sucres résiduels. fondus, apportent un côté légèrement séducteur. Terroir des Seilles, à l’Est de Branson, en direction de Fully.
Vin n° 11, 1994, Benoît Dorsaz (Cave Coronelle) : Joli nez sur des fruits jaunes comme la pêche, le citron, quelqu’un évoque aussi les champignons blancs. Bouche élégante après une belle attaque vive. On évoque la dentele. Elle semble très jeune. Le vin est droit, racé et ltrès persistant. Une bien jolie bouteille pour un vin de quinze ans d’âge. Marie-Thérèse Chappaz souligne que nonante quatre est un très beau millésime pour les vins blancs. Concernant les vins rouges, c’est une toute autre histoire. Benoît Dorsaz le déconseille au restaurant (si toutefois on en trouverait encore). Il ajoute également que c’est le dernier millésime rentré sous la pluie.
Vin n° 12, 1992, Benoît Dorsaz : Belle robe jaune, limpide. Nez floral, mûr, avec des notes de violette, de fruits exotiques et finement citroné. En bouche, l’abord est assez facile, légèrement acidulé, mais l’ensemble reste élégant. il y a un peu de CO2. Agréable salinité en finale. On évoque un léger goût de bouchon. La parcelle est celle des Perches, les vignes les plus agées ont été plantées par le grand-père de Benoît Dorsaz en 1931.

Vin n° 13, 1987, Eloi & Gérard Roduit : Robe jaune dense, limpide, le nez pétrole légèrement. Mais aussi des notes de violette et de bonbon de cassis. L’ensemble est racé, droit, minéral, fin et dôté d’une bonne longueur (avec une fois encore la touche saline). On évoque une nouvelle fois un problème de bouchon.
Vin n° 14, 1975, Antony Baselgia : Il s’agit en fait d’un vin vinifié par Jean Maret, le grand-père d’Antony Baselgia. La robe est d’allure jeune, d’un beau jaune or. Nez fin, complèxe, entre notes de fruits secs, note mentholée, de tourbe également, de beurre, d’encaustique. La bouche présente une superbe finesse, et si elle. est garnie de cheveux gris, elle n’est pas diluée et cela n’empèche en rien l’élégance. Un vin émouvant. Dominique Fornage évoque quant à lui un caractère oxydatif noble,  mais aussi une odeur de marécage, et de fruit (ananas), et trouve la bouche simple mais pas diluée. Plutôt fatiguée.

Voici donc quatorze vins de petite arvine d’âge différents, vinifiés par sept caves différentes. Peut-être que la petite arvine n’est pas le cépage qui produira en Valais les plus grands vins de garde, néanmoins, cette série s’est avérée vraiment très intéressante à déguster. J’ai ressenti un « fil rouge » entre ses vins, et j’ai apprécié leur finesse fréquemment retrouvée, ces corps élancés, souvent racés, minéraux. Des petites arvines typées.
Reste à réaliser désormais un document sur la géologie de Fully. Mais chaque chose en son temps.
Laurent
Prochains rendez-vous de Fully :
Arvine en Capitales : Vendredi 20 novembre de 15 à 19h30 et samedi 21, de 10 à 18h00.
Dans la salle polyvalente de Fully. Dix sept producteurs présenteront leur Petite Arvine. Il y aura également un salon des surmaturés, un stand découverte de Fully Grand Cru (3 autres cépages GC à Fully : chasselas, ermitage et gamay). Avec vente à l’emporter de petite arvine. De plus, Marie Linder animera quelques ateliers de dégustation (gratuits) de petite arvine. Une occasion de déguster vous aussi certains des vins secs et liquoreux que nous avons dégustés le 03 novembre. La réservation est toutefois indispensable. C’est simple comme un coup de fil à l’Office de Tourisme de Fully au 027 746 20 80, ou par un courriel : ot(at)fully.ch
Fully en terrasses : ce sera en juin 2010. A suivre.
liens utiles : Fully et Fully Grand Cru

Dominique Fornage. Le directeur du Château de Villa commentera avec Christian Martray (sommelier à Chamonix) deux repas (vendredi et samedi) où les mets du chef René Gsponer s’associeront avec des vins de producteurs de Fully Grand Cru. Le repas et les vins coûteront 150 CHF par convive. On réserve directement au restaurant de Fully au 027  746 13 59