Entretien avec Julien Dutruy

C’est sous l’intitulé « entretien avec » que Christian et Julien Dutruy ont axé une partie de leur communication avec leur clientèle dans les courriers qu’ils adressent à celle-ci. En réalité, cet article ne s’articule pas sur une rythmique « question-réponse », c’est plutôt un clin d’oeil donc. Toutefois, de « vrai » entretien -avec Julien, il y aura prochainement :
En effet, au cours de notre discussion, Julien a accepté de répondre à quelques questions sur les « mystères » des phénomènes d’oxydo-réduction, comment les « démêler » et les comprendre au cours d’une dégustation. Patience, nous y reviendrons dans quelques semaines.

Après avoir dégusté quelque six vins différents de cette cave vaudoise, il était de bon ton de vouloir en savoir plus sur elle et les personnes qui la dirige. J’ai donc pris rendez-vous à la cave en ce sens. C’est Julien, l’œnologue et vinificateur qui m’a reçu.

Les formations professionnelles des deux frères, ou le proche passé :
Comme d’autres vignerons suisses que j’ai rencontré ou croisé dans un passé proche (Raymond Paccot, Louis Fonjallaz, Robert Taramarcaz par exemple), Christian et Julien Dutruy se sont formés professionnellement -pour partie ou intégralement- à l’étranger.
Voyez par vous-même ces parcours : Pour Julien : deux ans en Bourgogne, deux autres années passées à Bordeaux, encore deux ans en Alsace, et aussi un séjour en Nouvelle Zélande. Son frère Christian aura séjourné en Californie durant six mois. Il a passé trois ans et demi en Afrique du Sud (en a t-il ramené un goût pour le rugby ?). Il a été également  un moment en Allemagne.
Julien est au bénéfice d’un DNO obtenu à la faculté de Bordeaux Talence. Au passage, il est sorti major de sa promotion, chapeau !
C’est d’ailleurs dans cette « école » internationale du vin de Talence (un tiers d’étudiant était étranger) que Julien s’est rendu compte que le chasselas resterait une spécialité helvétique. Un cépage qui n’a semble t-il jamais passionné les étudiants, en raison surtout de sa faible acidité.

Temps présent et musique d’avenir :
Retour au domaine familial pour les deux frères en 2006. Un domaine qu’ils dirigent conjointement. Aujourd’hui, ils disposent de 24 ha de vignes, certaines en propriété, d’autres en contrat de location.
Les vins qui sont issus de ces vignes sont soit destinés à la vente en vrac, au négoce donc, soit commercialisés par eux, dans leur gamme de vins répartie entre les domaines de la Treille, de La Doye, où sous Les Romaines , leurs cuvées de prestige. Au total, ce sont quelques cent mille bouteilles annuelles qui sont produites par le tandem des frères Dutruy.
Les vignes se trouvent pour leur majorité à Founex, à Coppet (domaine de la Doye). Les vins de la gamme Les Romaines sont issus d’une sélection de leurs meilleures parcelles sur les communes de Founex, Coppet, et Commungny qui sont dans l’appellation Nyon. La densité de plantation est importante avec 10.000 pieds hectares. Les sols, sont principalement argilo-calcaires, posés sur une roche mère souvent peu profonde. Diversifiés, ils sont de type morainique, sablonneux, alluvionnaire ou molassique principalement.
Le matériel et la cave sont « éparpillés » en trois endroits. Le projet de tout rassembler sous un même toit existe. Il verra le jour, dans un futur qui aujourd’hui n’a rien de précis, ce qui désole quelque peu Julien Dutruy. Toutefois, il travaille sur le long terme. À deux reprises, il évoque durant notre discussion la gestion de la cave sur le temps d’une vie.
Si le besoin d’une cave plus fonctionnelle regroupant l’ensemble des installations en un même lieu se fera un jour, c’est aussi la nécessité de valoriser le travail actuel qui intéresse Julien.
En effet, produire ses vins ne suffit pas, il faut également les vendre. Julien ne me cache pas que la recherche de restaurateurs et aussi de cavistes susceptibles de vendre leurs cuvées est un objectif indispensable pour réussir à se faire connaître davantage auprès du public.
J’évoque la proximité du domaine de l’agglomération genevoise que je viens de traverser. Un peu gêné, Julien me répond que les genevois ont les mêmes habitudes que la quasi totalité des Suisses : ils n’explorent que peu voire pas du tout les régions voisines.
Je me souviens que l’an passé, Guy Cousin, vigneron à Concise, me disait ne vendre qu’un petit pour cent de ses vins dans le canton de Neuchâtel, dont il est voisin.
Décidément, il faut être proche d’un canton où il n’y a quasiment pas de vignes, pour réussir à vendre ses vins à une clientèle de particuliers hors canton.
Pas de panique toutefois, Rome ne s’est pas faîte en un jour non plus.
En se rendant dans les caveaux de Raymond Paccot ou d’Henri Cruchon, on se rend compte que cela n’est pas impossible non plus, puisque les Suisses alémaniques font volontiers la route vers des vignerons romands pour acheter leurs vins.
Au sujet des deux caves vaudoises de référence citées ci-dessus, Julien évoque d’ailleurs l’envie de s’approcher comme elles, de pratiques culturales proches de la bio-dynamie, mais sans dogmatisme ni aveuglement idéologique. Ce que la proximité du lac n’autoriserait certainement pas de toute façon.

Les gammes des vins réalisés :
Trois gammes des vins sont clairement définies. L’habillage des flacons aide à les reconnaître : des bouteilles bordelaises pour les vins du Domaine de La Doye. Des flûtes alsaciennes sérigraphiées pour le Domaine de La Treille. Pour Les Romaines, un autre type de flaconnage, élancé, au col long et droit.
Je n’ai pas fait un compte précis sur le prix courant, mais on doit être entre vingt cinq et trente cuvées au total.
Venu avant tout pour discuter avec mon hôte, nous dégustons néanmoins quelques vins :

Chasselas Grande Réserve 08 Domaine de la Treille : un vin agréablement sphérique, sapide et persistant. Un chasselas qui ne « cause » pas caillou comme un Trémazières ou un Corbassières, mais c’est un vin parfait pour lancer une dégustation et se faire plaisir, à la maison lors d’un apéritif.
Sauvignon blanc 08 Domaine de la Doye : Nez sur les agrumes, en bouche, l’ensemble est fin, digeste, mûr, frais et persistant.
Pinot noir 08 Domaine de la Treille : servi trop frais, ce vin n’est pas à son avantage. La matière est fine, élancée, mais les arômes sont anesthésiés pour le coup.
Assemblage de Merlot et de diolinoir 08 du Domaine de la Doye : Egalement servi un peu trop froid, ce vin réussi néanmoins à se mettre en valeur dans le verre. Une belle robe profonde, du fruit, une bouche agréablement charnue. Jolie matière donc, de l’équilibre et de la persistance. Un vin qui devrait se marier avec une viande en daube pour le meilleur et le meilleur à coup sûr !
Gamaret 08 Les Romaines : j’avais dégusté récemment le millésime 07 (très réussi), je découvre le millésime suivant avec plaisir et intérêt. Belle robe sombre, le nez, discret, évoque les fruits noirs, les épices, la bouche possède une belle tension. Les tanins sont serrés, ils possèdent un joli gras. L’élevage sous bois est discret, je ne note pas d’astringence particulière, alors que ce vin est également servi en deçà d’une température idéale.

le lien du site Les Frères Dutruy

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