Chez Philippe Bovet, une dégustation quasi intégrale mémorable !

Vingt quatre heures seulement avant que Philippe Bovet ne voit deux de ses cuvées remporter les catégories « gamay » et « autres vins blancs purs » au concours des sélections cantonales vaudoises 2017, et une troisième cuvée obtenir la seconde place de sa catégorie (voir plus bas),  j’étais dans sa cave pour une dégustation de ses crus.
Tout d’abord trois chasselas :
Léman blanc 2016 : Robe pâle, le nez est ouvert et franc, sur des notes de pèche blanche, de camomille, et d’une petite note fermentaire aussi. En bouche cette cuvée fait montre de beaucoup de finesse. L’attaque offre de la vivacité, mais elle est parfaitement tempérée. L’équilibre est excellent. Très belle longueur.
Voici une cuvée prête à boire, gourmande, à l’excellent rapport qualité/prix, puisqu’elle est vendue sous la barre des 10 CHF (9,80 précisément). Elle est issue de l’assemblage de parcelles de Luins et de Founex principalement. 
Luins 2016 : Robe pâle, nez intense, sur des notes d’herbes mûres. La bouche possède un peu plus de matière que celle du Léman Blanc, en tout cas elle apparait plus ronde. Mais elle conserve les caractéristiques de celui-ci, à savoir beaucoup de finesse, de fraîcheur, un très bel équilibre en bouche et une fort belle longueur finale.
Les Perruets 2016 : Robe pâle, nez complexe et surprenant, avec une note de curry (que l’on retrouve plutôt sur de vieux chasselas habituellement), de pèche. Elle offre une sensation de maturité et un caractère minéral affirmé. Ici encore je relève une magnifique finesse en bouche. C’est une cuvée de caractère, sapide, d’une fraîcheur cristalline. Coup de coeur !
Les Perruets est le nom d’une parcelle qui se trouve sur un lieu-dit de Givrins.
Quatre vins blancs, tous élevés en barrique et en cuve :
Le Chardonnay 2015 :  Belle expression au nez. Le vin offre de l’intensité et de la complexité. Notes de fruits blancs, de noisette. La bouche offre une très belle finesse, de la fraîcheur et de la richesse, et une belle longueur. L’élevage est parfaitement intégré et dosé. C’est un chardonnay typé, en devenir, qui a été élevé en cuve pour deux tiers, et en barrique pour un tiers.
Le rapport qualité/prix ici est une autre fois encore excellent : 16,50 CHF !
Ce vin a gagné la catégorie des autres cépages blancs purs des sélections cantonales vaudoises, et a obtenu avec 94 points le meilleur pointage absolu des vins présentés au concours.
Sauvignon Blanc 2015 : Robe pâle à accès dorés, le nez est franc, intense, typant le cépage au premier nez, avec des notes d’agrume mûr (pomelos jaune) et de bourgeon de cassis (discret) et une discrète note vanillée. La bouche est bien dessinée, riche, mûre, offrant une très belle finesse. L’acidité est bien présente, mais n’est pas tranchante. Belle longueur finale, pour ce vin avec la note de bourgeon de cassis qui refait son apparition. L’élevage a été réalisé pour moitié en cuve, et pour l’autre moitié en barrique.
Chenin Blanc 2015 : Note épicée au nez (que l’on retrouve en bouche d’ailleurs), de boisé -note toastée (avec pourtant une seule barrique de 4e passage sur un volume de 2.000 litres). La bouche est structurée, offrant une très belle fraîcheur et beaucoup de finesse et une très belle longueur finale. Un beau chenin de caractère assurément.
Le Viognier 2015 : robe pâle, nez typé avec une note de pèche de vigne dominante, un peu d’abricot aussi. En bouche cette cuvée est une véritable séductrice : finesse et délicatesse débordantes, associées à une discrète touche tannique, et aussi à une légère amertume qui apporte de la complexité à l’ensemble, qui est riche et vineux. Très belle longueur finale. Coup de coeur.
Cette cuvée est arrivée seconde dans la catégorie « autres cépages blancs purs », derrière le Chardonnay du même millésime, offrant au vigneron de Givrins un doublé dans cette catégorie.
Voici quatre cuvées de vins aux touchers de bouche d’une grande finesse. Des vins à la fois riches et délicats. De beaux vins de gastronomie, et aux prix compris entre 16,50 et 25 CHF.
Le Rosé Méditerranée 2016 : robe rosée d’intensité moyenne, nez fin et franc, ouvert sur des notes bien mûres de groseille à maquereau et de fraise. La bouche possède un léger caractère minéral, de la finesse, qui fait suite à une belle attaque. C’est un vin qui est sec, équilibré et long. Très apprécié.
Léman Rouge 2016 : un assemblage de gamay, gamaret et de garanoir.
Robe sombre et brillante. Le nez est fin et complexe, sur des notes de petits fruits rouges (fraise) et noirs (cerise, mûre) et de fumée. La bouche offre à la fois de la concentration et de la souplesse, de la finesse, et une belle persistance.
Cette cuvée est en quelque sorte le fer de lance de la cave. A 12,50 CHF, le prix est très compétitif.
Cuvée Pacifique 2016 :  c’est donc un des deux gamays de Philippe.
Belle robe sombre. Nez complexe, fin et franc, sur des notes de fumée, de cerise rouge, de fraise. La bouche offre de la concentration, de la finesse et une touche tannique. Le jus est croquant à souhait, salivant. Un vin très élégant, frais, jeune et avec du potentiel. Équilibre en bouche magnifique. Très belle longueur. Coup de coeur.
La cuvée 2015 est montée sur la 1ere place du podium des vins de gamay vaudois voici deux semaines désormais.  Pacifique est élevée en cuve. Les rendements sont de l’ordre de 600 gr au mètre carré.  A 19 CHF c’est un TOP BUY !
Pinot Noir Indien 2016 : Robe rubis d’intensité moyenne. Le nez offre une note de fumée, de mûre, d’épices et de fruits noirs. La bouche est agréable, d’une concentration moyenne, mais elle est friande et à une belle longueur finale. Un vin qui s’avère donc gourmand par sa bouche, et complexe quant à son fruité.
Léman Pourpre 2016 : voila une cuvée 100% Galotta. Robe sombre, plutôt mate. Le nez est expressif, complexe, avec des notes de fruits rouges très mûrs, donc la cerise rouge, mais aussi de fruits noirs, et une note toastée aussi. La bouche est structurée, concentrée, offrant de la finesse, sans manquer de fraîcheur. En finale, un caractère épicé apparait, ainsi qu’une note de réglisse. Elevage en fût sur une courte période de sept mois. 
Cuvée Atlantique 2015  : voici l’autre gamay de la cave. Cette fois, ce vin est élevé en fût de chêne. Robe sombre, nez fin et complexe, avec des notes de fruits mûrs, groseille, myrtille, un peu de toasté aussi.
Philippe me fait déguster deux cuvées : l’une a été élevée durant 10 mois, l’autre durant dix huit mois. Ma préférence va vers le vin élevé plus longuement, sans doute parce qu’il a davantage d’équilibre et de profondeur en bouche. L’équilibre en bouche est magnifique. Très belle longueur finale. Bravo ! Un vin de grande classe. Coup de coeur évidemment !
Voila une dégustation remarquable. Tous les vins sont à un niveau digne d’éloge. Bravo. Le rapport qualité prix est à souligner. Ces cuvées sont comprises dans une fourchette de prix allant de 9,80 à 26,50 CHF
Mais ce n’est pas fini !
Gamaret barrique 2015 : (75% de bois neuf). Un peu de réduction au nez, puis des épices douces et de la cerise rouge. La bouche est dense, fraîche et grasse, les tanins sont fins, concentrés, le boisé est intégré. Cette cuvée est encore bien jeune, mais très prometteuse. Aujourd’hui, il  faut souligner la finesse de la matière. Demain, le fruité devrait se développer. La cuvée gagnera alors en complexité et en harmonie. C’est un très beau gamaret en devenir.Merlot 2015 : Le 1er nez est un peu réduit. Puis des notes de cacao noir et de fruits noirs (mûre, cerise). La bouche est concentrée et bien construite, dense, avec des tanins magnifiques, qui vont se fondre avec le temps. La richesse de la matière est parfaitement pondérée par une fraîcheur qui rend ce vin très digeste. Très belle longueur finale. L’élevage en barrique (80% de bois neuf) est d’une précision exceptionnelle, tant il accompagne la matière. A 25 CHF ce vin est tout simplement d’un rapport qualité prix exceptionnel !
Philippe me fait encore déguster un vin en cours d’élevage. Renversant. J’en reparlerais quant il sera en bouteille, ce qui pourrait prendre encore un peu de temps…
Nous terminons ce magnifique moment d’échange et de dégustation avec une cuvée réalisée avec trois de ses amis : Stéphane Gros, Christophe Jacquod et Guy Cousin. Il s’agit de la cuvée Les 4 Éléments. Un chasselas non millésimé, dans lequel chacun des quatre comparses apporte 25 % du produit final. Le fruité est très mûr avec des notes d’abricot et de pêche, d’une fort belle intensité. La bouche possédait un joli gras, de l’élégance, beaucoup de fraîcheur et de finesse, et était très persistante. Très joli vin.
Quelques jours plus tard, à la maison, pour fêter les dix de ce blog, j’ai ouvert la cuvée Merlot 2011 : un fruité très complexe (cerise rouge, fraise, mûre, épices, cacao) un boisé intégré, fin, qui va finir par s’estomper définitivement dans les années à venir. La bouche est concentrée, tonique,  grasse, les tanins sont serrés, fins, mûrs et n’attendent que quelques années pour gagner en finesse avec la patine du temps. Équilibre en bouche magnifique et très belle longueur. Combien de vins qui n’ont pas la moitié de ses qualités, l’ombre de sa complexité et de son potentiel de garde sont vendus deux fois plus chers sinon plus ?

Son site internet : www.philippebovet.ch