Au salon Divinum, en passant par l'appellation Morges (part II )

Morges, ville et appellation hôtes du salon Divinum, quoi de plus normal ?
L’occasion de se mettre en évidence, chez soi, et de se faire connaître.
Après une soirée consacrée à trois caves, voici désormais la suite de mes visites auprès des vignerons et des caves morgiennes. Le moins que je puisse dire c’est que si le programme était long, il n’en a jamais été fastidieux. Les découvertes ont été multiples !
Voici trois semaines je participas déjà avec les membres de l’association à la dégustation de sélection de 55 cuvées de chasselas. Si l’on s’attendait à de la richesse, on en a certes eu, mais la fraîcheur des vins a été bien supérieure à ce qui était attendu.
Au final, cette dégustation aura un véritable succès.
Durant le salon Divinum, je suis revenu bien sûr sur les chasselas présents aux stands des vignerons. Leurs évolutions sont très positives. Le caractère fruité, où floral est net, nombre de vins possèdent aussi une touche minérale de bon aloi. Clairement, 2017 est une année à laquelle il faut penser pour encaver de beaux chasselas à garder.
L’autre excellente surprise vient des vins rouges, et particulièrement de quelques gamays. Des gamays riches en fruit, structurés et même denses parfois, avec de très beaux tanins mûrs. Nous sommes qu’en début d’année, mais le potentiel est là, et retrouver ces vins dans quelques mois voire années sera forcément une excellente surprise pour les malins qui auront compris que ces vins sont aujourd’hui une priorité d’achat. Surtout compte tenu du prix (une fourchette moyenne allant de 10,50 à 13,50 CHF de mémoire). Parmi mes préférés, je citerai ceux de la cave Le Moulin de Félix Pernet, et celui de la Cave Les Tilleuls de la famille Duruz. On est vraiment dans la catégorie des meilleurs achats possibles !
La Cave du Bon-Boccard,  famille Bugnon (St-Prex) :
Un chasselas 2017 très fin et expressif, avec une petite touche saline en finale. Bel équilibre. Très apprécié aussi le Doral du même millésime, un vin délicat, déjà bien ouvert, très fin. Un très agréable rosé de gamaret-gamay 2017, léger sans être souple, fruité et frais. Le gamay 2017 est bien construit, il a de forts beaux tanins, du fruit, une note épicée. Un ton au-dessus, le pinot noir 2016 offre à la fois richesse et finesse, typicité longueur et bien sûr du fruit. Un vin vraiment très plaisant. Très joli gamaret-garanoir 2016 : fruité, frais, dense, long et parfaitement typé.
Dans le même millésime, le merlot élevé en barrique fait preuve de corps, de tonicité et de finesse. Il faut lui offrir du temps.
Une bien belle gamme de vins à des prix très sages (entre 9,5 et 19,5 francs le col).
La Cave Les Tilleuls, famille Duruz  (Monnaz) :
Le chasselas Le Tilleul blanc 2017 est très …floral. Riche, il est aussi très fin. Belle longueur. C’est un chasselas avant tout très bien équilibré.
Le Château d’Echichens Blanc, est un chasselas plus structuré, avec beaucoup de fruit et de finesse, et long.
Le chardonnay Tilleul d’Argent 2014 (!) fait encore preuve de boisé au nez, cela apporte une touche vanillée un peu puissante, mais en bouche ce n’est plus le cas. La fraîcheur est dominante et accompagne la matière qui déroule (un vin de quatre ans a forcément gagné en patine, en finesse). Un vin prêt à boire, typé et de belle longueur. Je viens de le cite dans les « bons coups » à saisir : le gamay Tilleul Rouge 2017 est vraiment un coup de coeur. Il a tout pour lui, à commencer par un beau fruité, une bouche suave et dense, de la finesse et de la longueur.
Tilleul Zinzolin 2016 est un garanoir (il porte son nom en raison de sa couleur d’un rouge violacé, qui était extrait du sésame à l’époque me glisse Pierre Duruz). Il a une très belle concentration, du fruit, de la franchise à revendre, de beaux tanins et un équilibre parfait.
L’assemblage Le Tilleul Noir (gamaret-merlot) 2015 a une belle présence en bouche il est frais, fruité. Le boisé est bien dosé.
Avec des vins compris entre 9,8 et 20 francs, il n’y a rien à redire !
Cave Jean-Daniel Coyetaux (Yens) :
Le Chasselas 2017 est fruité, dense en bouche, avec une légère touche tannique. Mais il reste frais.
Le Doral 2018 a un joli fruit, déjà bien ouvert, avec des notes de pomelos. La bouche est structurée. Un vin tiré de la cuve, qui sera mis en bouteille en juin. Forcément à savoir attendre.
Pinot Gris 2016 les fruits exotiques sont là sans être exubérants. La bouche est franche, avec une bonne structure. Le gamay 2016 a un très joli nez sur des notes de fruits rouges (groseille, fraise). La matière se montre assez souple. Un bon vin de gamay de soif. Parce qu’il en faut !
Le Mara 2016 est riche en fruits. Si l’attaque parait un peu légère en bouche, les tanins font leur apparition en milieu et fin de bouche. C’est un joli fin équilibré, fin, qui va se révéler progressivement.   Pour finir, le garanoir 2017 offre un joli fruité sur les fruits noirs. Il a une belle matière déjà très fine en bouche, une belle longueur. J’aime bien ce style croquant et friand. Inutile de faire du chichis, de rechercher l’impossible.
Cave Daniel Rossier, Lavigny :
Fort joli chasselas Les Brachères 2017, présenté en pot vaudois de surcroît. Il est complet, riche, fin, expressif, minéral. Le chardonnay 2016 est sur des notes d’agrumes comme le pomelos jaune. Il offre une belle fraîcheur en bouche.  Le Sauvignon 2017 « sous l’église » vient d’etre mis en bouteille. L’aromatique n’est pas à son apogée forcément. On sent le type du cépage toutefois. La bouche a du corps et de la fraîcheur. La petite touche tannique en bouche doit être un signe de la casse de mise certainement. Le pinot noir Vertigo 2014 reste marqué par le bois. Un style qui ne me convainc pas forcément mais qui peut avoir ses adeptes. Le gamaret Ambrosia 2016, élevé en barrique a un boisé qui me parle davantage. Je le crois aussi mieux dosé. Un gamaret fruité et épicé, d’agréable concentration. Pour finir, le DIVICO 2016 barrique. Il a une très belle robe. Un nez ouvert avec des notes de fruits noirs et rouges. Un nez complexe. La matière est structurée, avec de beaux tanins et une acidité bien maitrisée. Un vin franc, agréablement costaud, long. très apprécié. Produit en tout petit volume, il n’est proposé qu’un flaconnage de 50 cl, ce qui est dommage. Par contre, le prix est canon : 10 francs. Une super affaire. Pour moi, ce prix est une erreur de marketing dont les plus malins de ses clients feraient bien de se dépêcher d’acheter leurs flacons.
Cave Joelle et famille Rossier, Lavigny :
Féchy Les Curzilles 2017 : il a une belle attaque, de la finesse, un caractère minéral net. C’est un vin gourmand. Je pensais qu’il restait un peu de sucre résiduel, mais on m’a assuré que non.
Le chasselas Lavigny Dom. de Grand Pré 2017 possède un caractère minéral net. Il est fin, tendu. Un joli chasselas qui tranche avec l’impression de rondeur du précédent.
Assemblage blanc 2017 : pinot blanc, gris et gewurztraminer : des fruits exotiques encore discrets. La finesse de la matière est un point fort de cette cuvée qui a une agréable concentration. Il faut lui offrir quelques mois, sinon un an de repos avant de se faire plaisir avec.
Gamay 2017 : il est fruité, mais reste en bouche assez souple sans manquer de structure. Caractère épicé net en finale. Le cabernet franc barrique 2016 est frais. Il est élégant, fin et équilibré. On aurait souhaité un petit rien de muscle supplémentaire. Mais bon, le boisé est vraiment bien dosé. Alors  on l’apprécie ainsi. Le Merlot 2016 barrique est de la même veine : boisé bien dosé, du fruit, de la finessse. Avec justement un peu plus de corps en bouche, ce qui lui va très bien.
Cave du Signal, Lionel Widmer, Morges :
Chasselas du Signal 2017 : très joli nez, floral (anis très prononcé) et de fruits blancs, intense. La bouche est sur la finesse, caractère renforcé par un petit sucre résiduel fondu. Chasselas l’Arenaz 2016 : joli fruité au nez. En bouche, un petit carbonique est encore présent. C’est un vin fin, plutôt léger, mais bien équilibré et long. Il y a aussi un chasselas nature 2016 : c’est bien fait, c’est « propre » si je puis dire. Au nez, il y a des notes de pomme grany smith. Mais j’avoue que ce style ne me parle pas vraiment.  Le pinot noir 2016 est explosif au nez. Il pinot comme j’aime. Il y a du fruit, un caractère floral aussi. En bouche il y a de la structure, on sent la maturité des baies. Les tanins sont denses et polis. Belle longueur. Très apprécié. Bien apprécié aussi le gamaret 2016, qui offre beaucoup de fraîcheur, d’équilibre, belle structure qui n’en fait pas trop en terme de volume. Jolie longueur finale.  Il y a aussi le pinot noir 2015 cuvée Simon. Au nez flamboyant, riche, baroque et exotique. On se croit en Italie. On pense à un Ripasso. Clou de girofle, épices, fruits. Ce n’est pourtant ni un vin muté ni doux. Etonnant mais réussi, d’autant plus que ce vin est sec.
Je me suis arrêté au stand des Servagnin. Il y en avait 13 à déguster. Tous du millésime 2016 :
Voici mon quatuor préféré du moment : Marc Cauderay, finesse, fruité, équilibre, riche, qualité du boisé. Il se présente dans un style très naturel. Mon favori de la série. Suivent ensuite les vins de la maison Bolle, peut-être un peu plus riche en bouche que le précédent. Joli boisé, et belle tenue en bouche. Il y a aussi le Servagnin de Jacques et Fabien Chapuisat  offrant à la fois de la consistance de la finesse et du fruité. Bel équilibre et longueur. Pour finir, le Servagnin de la ville de Morges offre une très belle concentration, du fruit, un joli boisé et de la finesse. Il a du potentiel. On pouvait également déguste au stand le millésime 2015
Cave du Bon, Maratial Gros, Echichens :
Le chasselas Crêt Blanc 2017 offre du fruit, de la matière et de la fraîcheur. C’est un des chasselas parmi les plus puissants de la région.
Le pinot gris 2017 est typé, encore un peu discret au nez. Jolie bouche, structurée, fine et fraîche. Le pinot blanc 2016 a du fruit (fruits blancs poire, pèche). La bouche est fine, on la voudrait avec un peu plus de chair peut-être.  Le gamay 2017 a du fruit, il parait un peu souple en bouche, mais il a de la longueur et de l’équilibre.
Le Triolet : un assemblage de merlot, gamaret et garanoir offre cette consistance en bouche. Il a du fruit, avec une belle note de réglisse en finale. Le mara barrique 2016, servi trop chaud a du corps.
Cave de La Côte, Tolochenaz :
Morges Vieilles Vignes 2017 : est-il seulement nécessaire de rappeler que ce chasselas est très régulier qualitativement, et qu’il a été champion du monde au Mondial du Chasselas voici deux ans avec la cuvée 2015 ? On sent que tout est là, mais pas encore forcément en place aujourd’hui. Pas d’inquiétude à avoir : fruité, finesse, fraîcheur et corps sont simplement un peu perturbés par la mise récente. Le Doral Expression 2017 a passé ce cap. Il me confirme que ce cépage a tiré profit des conditions météo et du savoir-faire des hommes et femmes en cave pour produire de très belles choses. Ce Doral a un fort joli nez avec des notes de pèche blanche, d’abricot. C’est un nez vraiment franc, intense et pur. En bouche, franchise, pureté et fraîcheur sont également des éléments constitutifs de ce vin agréablement dosé. Très jolie longueur finale. Coup de coeur.
Viognier Expression 2016 : le fruité n’est pas encore en phase avec la bouche qui est sapide et de belle concentration. Jolie longueur finale. A savoir attendre quelques mois.  On retrouve le fruit et l’expression du cépage sauvignon dans la cuvée Sauvignon Expression 2016. Agrumes, cassis. La maturité est là. Jolie finesse. Je termine avec un second coup de coeur : la cuvée Voluptas de la gamme Inspiration. Millésime 2016 : c’est un assemblage de quatre cépages. Deux ont connu un élevage en cuve inox, deux autres un élevage partiel en barrique. Le résultat est bluffant : si le premier nez apparait dominé par une note de grillé toasté plutôt fine, le fruité prend vite le dessus. avec des notes de fleurs blanches, de fruits mûrs. La bouche est sapide, franche et fraîche, élégante. Beaucoup de fraicheur dans ce vin très long en bouche. A envisager à table avec un poisson à chair  tendre, et une sauce acidulée.
A suivre :  les commentaires des dernières caves visitées.