A la cave Le Petit Château, dans le Vully, objectif 100 % bio !

J’ai récemment longuement discuté avec Fabrice Simonet, de la cave Le Petit Château, à Môtier dans le Vully. Le domaine a fortement évolué sous l’influence de la nouvelle génération, Fabrice, ing.-oenologue, et son frère Stéphane, chef de culture.
Eric, le père, également oenologue, avait quant à lui apporté un dynamisme audacieux en diversifiant l’encépagement de la cave. Il avait « osé » la syrah et le merlot dès 1990, le cabernet-sauvignon en 97, par exemple. Ceci, dans une région où chasselas et le pinot noir règnent toujours en maîtres (souvent les deux tiers du volume des caves), accompagnés de quelques cépages que sont le Freiburger (n’oubliez pas que dans cette partie du vignoble nous sommes dans le canton de Fribourg) et le Traminer. S’il n’est pas retiré de la gestion du domaine, il laisse à la jeune génération le soin de travailler selon les axes qu’elle souhaite mettre en place.  Une transition des plus positives donc ! DSC_0225Je vous avais parlé voici déjà plusieurs années de l’intérêt marqué par la jeune génération pour le travail en bio et en biodynamie. Les neuf hectares en propriété de la famille Simonet -active dans la vigne depuis deux cent ans dans le Vully tout de même- sont depuis cette année intégralement travaillés en Biodynamie. En réalité, c’est plutôt quatorze hectares qui sont travaillés de la sorte au Petit Château (s’y ajoutent cinq hectares qui ne sont pas en propriété). Pour Fabrice, reste à convaincre les vignerons qui apportent  encore le produit de 2,5 ha de vigne à la cave.
Je garde bien sûr le souvenir en 2010, où Fabrice m’avait accompagné dans la première parcelle de vigne travaillée en biodynamie  -juste derrière la cave, comme pour mieux la surveiller au quotidien. Un essai qui s’est mué en technique de travail pour l’ensemble du vignoble des Simonet, ce qui est fort réjouissant.
Nous avons débuté cette visite par une long passage dans les vignes. Les deux frères, a l’instar de nombre de leurs collègues, font un gros travail sur la gestion de l’enherbement, chose qui demande bien des tâtonnements entre les caprices de Dame Nature, et l’utilisation des machines pour parvenir au résultat escompté.DSC_0212 DSC_0213
Et, en cette année 2016 pour le moins compliquée, avec un mois de mai très chaud, suivi d’un mois de juin longtemps très frais et abondamment pluvieux, et ce durant la floraison, s’est donc ajouté un travail de lutte contre les maladies de la vigne, dont le mildiou, très actif à la faveur de cette météo. Mais Fabrice et Stéphane conservent le sourire. En cette fin juin, il y avait bien quelques tâches éparses de ces attaques, des grappes touchées -et perdues, mais face à ces difficultés, l’équipe tenait bon la barre. « Avec cette météo, si ça passe en 2016 (et ça passera), ce sera plus aisé de convaincre de travailler en bio ceux qui n’y sont pas encore ».DSC_0217 DSC_0221
Le jeune homme a la fibre pédagogique, certainement aidé aussi par ses quelques années d’enseignement, passées dans l’école vaudoise de viticulture de Marcellin. Il est prêt a montrer les différences des vignes aux collègues qui travaillent avec lui. Il est patient, passionné et convaincu.
Mais les collègues vignerons ne sont pas les seuls à convaincre. Il y a un gros travail à réaliser auprès des consommateurs, mais aussi …des voisins. Ceux qui, par exemple, interpellent les vignerons durant leur travail dans les vignes, lorsqu’ils les voient habillés dans leurs tenues de protection, tout en leur disant « ce n’est pas bien ce que vous faites » (comprenez de polluer) , sans se douter que cette tenue de protection est aussi indispensable pour les vignerons qui utilisent des produits biologiques pour des questions de contact cutané ou d’inhalation lors de leur pulvérisation, que pour ceux qui emploient des produits de synthèse.DSC_0220
Je reviendrai prochainement sur les vins dégustés lors de cette rencontre, et en particulier sur les deux cuvées présentées en fin d’année passée après 40 mois d’élevage : Associé et Initiale.