A Féchy, Thierry Molliex fait des délices sans chichis.

Le domaine familial, acheté par un arrière grand-père en 1920 couvre une superficie de 7,5 ha. Six sont vinifiés à Féchy, le reste étant vendu au négoce. Ce qui représente grosso modo 25.000 cols par an.
Le chasselas est le roi incontesté. Il couvre 85 % de la surface des vignes ! Un quasi monopole qui ressemble à celui du riesling dans les grands domaines allemands de Mosel par exemple ! Mais le chasselas n’est-il pas lui aussi un grand cépage ? Bien sûr que si !
Thierry Molliex a repris les commandes de la cave et du domaine en 2014 lorsque son père a décidé de prendre sa retraite.

Un mot sur Les Délices de Pierrot : c’est la cuvée la plus importante de la cave. Elle est régulièrement primée. En 2012, elle remportait la distinction vaudoise la plus prestigieuse qui soit : Les Lauriers de Platine Terravin ! Au nez et à la barbe de grands crus issus de terroirs plus prestigieux. Malgré quelques sarcasmes de journalistes agacés de voir un cru de moins de 10 CHf se hisser au sommet de la pyramide qualitative des vins vaudois, son succès ne devait rien d’autre qu’à sa qualité et au travail fourni.
L’an passé, Thierry Molliex était à deux doigts de rééditer cette performance. Les Délices de Pierrot finissant deuxième de ce même concours.

Les Délices de Pierrot 2017 :
joli nez sur des notes de pèche blanche, de poire. En bouche l’ensemble est frais, agréablement riche et mur, mais frais. Un caractère de pierre à fusil se développe en bouche de façon discrète. C’est un très joli chasselas, fin et élégant, légèrement perlant, et doté d’un fort bel amer final, parfaitement enrobé (pour ceux qui s’inquiètent de la présence d’une note amère, ce type d’amer est positif. C’est un élément qui complexifie la matière et n’a rien de négatif). Pour finir, c’est surtout un vin sapide !
Cette cuvée représente entre 12 et 15.000 cols par an. Elle a été créée en 1959.


Les Barrettes 2016 : cette cuvée (pas ce millésime!) avait été mon coup de coeur lors de la journée de présentation de Féchy Vignoble Classé il y a deux ans. Depuis, ce vin me conquiert à chaque dégustation, et cela a de nouveau été le cas voici quelques jours. Nez fruité, avec une note de pèche des vignes, un peu brioché aussi. La finesse de cette cuvée est splendide. Le vin bénéficie de près d’un an de repos en bouteille et cela se perçoit. Finesse, fraîcheur, élégance, de la race, un caractère minéral net mais discret (on ne croque pas le caillou, on le lèche plutôt). Très bien !


Les Barrettes 2017 : le nez est plus ouvert, plus intense, avec des notes de fruits jaunes mûrs, de la pèche encore. En bouche, le vin est fin, puissant, légèrement minéral, très long, avec un petit carbonique qui reste discret. Seule la finesse est à ce stade moins prononcée que sur le millésime précédent. Chose normale. Un vin qui donne déjà beaucoup aujourd’hui, et qui donnera encore plus demain. A savoir mettre de côté !

Difficile de départager un cru sur deux millésimes. Le 2017 est un dévoreur de grands espaces, alors que le 2016 est plus discret, plus « sédentaire ». Mais il fait bien mieux que se défendre. Ses qualités parlent pour lui.

Viognier 2017 : un vin élevé partiellement en fût de chêne de 500 l et présenté en col de 50 cl.
La robe est d’un jaune d’intensité moyenne. Le nez est sur le fruit : abricot, pèche, l’intensité est moyenne chose normale. La bouche a une belle matière à faire valoir. Elle est grasse, très fraîche, sapide, longue. Un joli vin élégant, sinon même distingué  ! Belle longueur finale. Prix angélique de 10 CHf les 50 cl.


Le Gewurztraminer 2017 : lui aussi est présenté en bouteille de 50 cl. Très joli nez, floral, et sur des fruits jaunes et exotiques (litchi, un peu d’ananas). En bouche, c’est une autre belle surprise : le vin est sec, droit, très agréablement dense en bouche. Fort jolie longueur.
Pour renforcer la fraîcheur de la matière, Thierry Molliex a décidé de ne pas faire de seconde fermentation. Cela n’a pas nuit aux propriétés aromatiques du cépage. C’est un très joli vin. Coup de coeur mérité !


Rosé de Pierrot 2017 (assemblage de Pinot Noir et de Gamay) :
C’est un rosé de pressée pas de saignée. La robe est d’un beau rosé d’intensité moyenne. Le nez est sur le fruit, avec une belle intensité. Les fruits rouges dominent : fraise, framboise, groseille. En bouche, une belle fraîcheur vient équilibrer la richesse. C’est un vrai rosé de soif, apéritif, mais qui va matcher à merveille avec des grillades épicées. Très jolie longueur finale !


Le Rouge de Pierrot 2016 (Pinot – Gamay) : 
Elevé en cuve. La robe d’un rouge d’intensité moyenne. Au nez, fruits noirs tel le sureau, la mûre. La bouche est est un peu austère, ce qui a son charme, car la matière est là, agréablement dense, mais sans lourdeur, avec des tanins serrés mais pas durs. La finale, de belle longueur, est accompagnée d’une touche épicée très agréable.


Rouge de Pierrot 2015 barrique (Pinot – Gamay) :
Robe d’un beau rouge soutenu. Le nez évoque des fruits rouges mûrs : la framboise et la groseille.
Effet millésime oblige, on perçoit d’emblée que la concentration de cette cuvée est conséquente. Les tanins sont un peu collants actuellement, preuve qu’ils ont besoin d’un peu de temps. C’est une jolie cuvée, franche, riche, au boisé bien maitrisé, ayant à la fois de la matière et de de la fraîcheur.


Gamaret-Garanoir 2016 :
Jolie robe d’un pourpre soutenu. Au nez, fruits rouges (framboise) et noirs (mûre) et épices douces. La bouche présente une très belle concentration. Le boisé est fin, intégré (il s’agit de barrique de 2e et de 3e passage). Belle attaque, milieu de bouche sans lourdeur, frais, belle finale pleine et longue avec un retour du fruit et des épices.
A 15 CHf c’est là une autre belle affaire proposée par Thierry Molliex.

Des vins blancs tous réussis, et dont le niveau se trouve encore rehaussé par des prix bien plus modestes que leur qualité, un rosé expressif (ce qui est mieux que démonstratif), trois vins rouges également réussis, ne vous posez pas 10.000 questions : Thierry Molliex fait montre d’un travail sérieux et appliqué. De plus il est très bien entouré, et il sait être à l’écoute d’autrui.
Il a la jeunesse pour lui, ne soyez pas étonné de le voir franchir un palier supplémentaire très vite !

La cave de Thierry Molliex, située à Féchy-Dessus, sera ouverte les 20 et 21 mai durant les caves ouvertes vaudoises.