Verticale de la cuvée Comano de 1995 à 2020 chez Tamborini Vini (avril 2022)

La cuvée Comano a été créée par Claudio Tamborini au début des années 1980. La plantation des premiers ceps (uniquement de cépage Merlot) a eu lieu en 1983. Une deuxième phase de plantation s’est déroulée en 1990.
Il s’agit d’une  vigne unique, de 1,5 ha de surface, plantée sur la commune de …Comano, à quelques kilomètres au Nord de Lugano ! L’intégration du vignoble au coeur des habitations, ainsi qu’on peut le voir en photo ci-dessous est harmonieuse.

Son altitude se situe à 400 mètres au dessus du niveau de la mer. L’exposition est idéale : du Sud au Sud-Ouest. Le vignoble est enherbé, en terrasses. Le sol est sablo-limoneux, avec une composante argileuse. Il est très peu calcaire.

Indiscutablement Comano est à considérer comme le premier cru de la maison Tamborini.

Le millésime 2013 a remporté le premier rang de la catégorie Merlot au Grand Prix des Vins Suisses en 2015.
Le maître de chai Matteo Agustoni, qui travaille chez Tamborini Vini depuis 1984, a participé à la vinification et à l’élevage de tous les millésimes. Luca Biffi, l’oenologue chef depuis 2015 a tenu à lui rendre hommage.

Les bouteilles ont été ouvertes au début de  notre dégustation, sans aération voire carafage/décantage préalable.


Claudio Tamborini est venu nous rejoindre quelques instants avant que nous ne débutions cette dégustation.

La maison Tamborini est un véritable concentré de l’innovation qui « agite » le Tessin et la Suisse viticole. Le travail conjoint mené par l’équipe agronomique et technique en cave est spectaculaire par son dynamisme et sa volonté de faire progresser qualitativement les vins produits.

Comano 1995 :
Robe d’un rouge clair tuilé. Le premier nez est clairement sur des notes tertiaires, des notes de sous-bois, de pruneau et de cuir. La bouche est fraîche, délicate, d’une structure légère  mais qui ne manque pas d’harmonie. Ce Comano 1995 est fin, délicat et long en bouche. La bouche et sa finale sont fruitées (entre autre une note de groseille à maquereau). La fraîcheur est idéale, et on se trouve face à un vin équilibré qui a tout de même 27 ans, dont 23 passés en bouteille.  
Ma note : 89

Au Tessin, on se souvient d’un millésime qui avait subit le gel au mois d’avril, connu une floraison longue et hétérogène en raison des températures basses en juin. De la grêle a aussi été observée fin avril. Si un bon état sanitaire a pu être maintenu durant toute la période végétative, les maturités moyennes cantonales auront été basses (82 degrés Oechslé). Le volume de la vendange aura été inférieur de 26 % par rapport à la moyenne décennale qui aura précédé ce millésime. 23 ans de bouteille.

 

Comano 1999 : oxydé pas évolué robe d’un rouge intermédiaire.
Robe d’un rouge d’intensité moyenne et peu évoluée.
Au nez, j’ai ressenti des notes balsamiques et de fruits noirs et de sous-bois. La bouche s’est présentée plutôt souple et harmonieuse, fraîche, sur des tanins fondus et longue. Voila un vin qui ne manquait pas d’élégance, malgré un léger déséquilibre en finale avec une perception de l’alcool.
Ma note : 88

C’est un millésime qui a connu un débourrement tardif et irrégulier. La floraison a été prolongée en raison des précipitations et des chutes de températures. La nouaison a été toutefois réussie. Les pluies qui ont suivi durant l’été ont favorisé l’apparition de maladies dont le mildiou (apparu dès le 17 mai !). La grêle, qui est tombée en différents endroits du canton n’a heureusement pas eu les effets dévastateurs du millésime 1998. Les vendanges ont débuté vers la mi-septembre, avec l’apparition de la pluie. Elles se sont poursuivies jusque fin octobre.

Comano 2001 :
La robe de ce 2001 est d’un beau rouge grenat profond, peu évoluée. Au nez, la fraîcheur s’installe immédiatement, avec des notes de menthe et d’eucalyptus, mais aussi de fruits rouges. La bouche montre une richesse de tanins  encore fermes. C’est un vin qui fait preuve en bouche de fraîcheur, de volume, malgré la présence marquée de tanins, ce millésime fait preuve de fraîcheur, d’équilibre et d’élégance. Belle longueur finale fruitée. encore un peu tannique, montrant de l’évolution, mais de la fraîcheur et un bel équilibre.
Ma note : 91-92

Ce millésime s’est plutôt bien déroulé avec un débourrement précoce suivi d’une floraison régulière et réussie. Dans le Luganese, des gels de printemps et une floraison lente ont été observées.
Durant l’été, de fortes pluies ont provoqué des poussés de maladies cryptogamiques (mildiou surtout). Le mois d’août aura été chaud et a permis un bonne maturation des baies. Les vendanges ont débuté début septembre pour les raisins destinés à la production de vins blancs et globalement entre le 15 et le 30 septembre pour les vins de merlot. Elles se sont déroulées jusqu’en octobre, dans les régions des vallées alpines essentiellement.

Globalement, 2001 est à considérer comme une bonne année au Tessin. Le volume des récoltes a été supérieur de 16 % à la moyenne décennale.

Comano 2007 :
Ce millésime s’est installé dès la première olfaction comme des plus intéressants. J’ai trouvé un fruité expressif, intense et complexe, juvénile même avec des notes de fruits rouges (cerise, framboise et groseille).
Mais avant cela, la robe de ce vin était elle-même d’un beau rouge grenat sombre, sans trace d’évolution.
La bouche s’est montrée puissante, équilibrée, fondue. La qualité des tanins est remarquable. La finale, avec des notes de menthe poivrée est un peu déséquilibrée par une perception de l’alcool, qui reste discrète.
Ce Comano 2007 a impressionné par sa jeunesse et son équilibre les trois dégustateurs.
Ma note : 94-95 Coup de Coeur

La région de Lugano, aura connu un mois de juin pluvieux avec quelques 224 litres tombés. Les poussées de mildiou ont été fortes. La floraison très irrégulière en raison des pluies dès la fin mai et des températures faibles. Fin juin, des orages ont frappés et ont sévèrement touchés la vigne. En août, les conditions n’ont pas été très bonnes, en seulement deux jours, 100 mm de pluie sont tombés. Le travail à la vigne a été considérable pour sauver la récolte. L’hétérogénéité de maturation des baies étant très importante, il a fallu éclaircir les grappes dans le but de maintenir les volumes et de redéfinir les volumes homogènes dans les vignobles.  Les bonnes conditions climatiques durant le mois de septembre, associées au travail mené dans les vignes durant toute la période du cycle végétatif, ont véritablement sauvé la récolte et le millésime et pour le merlot et les autres cépages rouges, la qualité des baies a été considérée comme bonne à excellente.  

Comano 2013 :
Robe grenat sombre. Le nez était marqué par des notes d’élevage de type «grillé-toasté» puissantes qui occultaient le fruité (davantage présent en bouche). La bouche a fait preuve de franchise, de fraicheur, et aussi de souplesse. Le fruité est frais, sur des notes de fruits rouges. Ce 2013 n’est pas un vin bien puissant, mais il se montre agréable et plutôt équilibré malgré une fraîcheur finale marquée.
Ma note : 87

Millésime marqué par des températures faibles (aucun jour de mai n’a atteint les 25° C. Entre avril et mai, les précipitations ont été très importantes avec 655 mm de pluie dans le Luganese. Juin aura été très sec avec un déficit de pluie de 70%. En juillet et en août, l’ensoleillement aura été supérieur de 25 % au dessus de la moyenne. La floraison plus tardive de deux semaines que la moyenne s’est très bien déroulée. La véraison a eu près de deux semaines de retard. Les maturités observées ont été bonnes. Le gros de la vendange s’est déroulé pour le cépage Merlot entre le 25 septembre et le 05 octobre. Le retour de la pluie fin septembre ayant poussé les producteurs à ramasser sans plus attendre.

Comano 2015 :
Robe d’un rouge grenat profond. Le nez offre une grande finesse et beaucoup d’élégance avec des notes de fruits mûrs et délicats. La bouche est puissante et élégante, harmonieuse, longue. Le boisé est discret. C’est une cuvée délicate et d’un équilibre vraiment excellents.
Ma note : 94 Coup de Cœur

Le printemps s’est montré avec des températures légèrement supérieures à la moyenne et plutôt sec dans la région de Lugano. La floraison a débuté sous la canicule et s’est poursuivie sous la pluie à partir du 10 juin. Durant les mois de juillet à septembre les précipitations ont été presque moitié moindres à l’année 2014.
Globalement, la qualité des vins a été excellente. Les raisins blancs ont été ramassés dans un excellent état sanitaire, tous comme les raisins de merlot, qui ont été ramassés en deux temps à partir de début septembre (il y a eu une pause d’une semaine en raison de la pluie). 

 

Comano 2017 :
Belle robe profonde, brillante et non évoluée. Le nez est complexe, élégant, fin et fruité ave des notes de petits rouges croquants et frais. La bouche, bien que puissante et jeune est harmonieuse, d’une très belle élégance. Les tanins sont très fins et délicats, tout en étant encore serrés. La finale possède un caractère poivré qui s’associe aux notes de fruits rouges relevés au nez, ainsi que des notes discrètes de sous-bois. C’est un vin qui possède autant de finesse et d’élégance qu’il fait preuve de caractère et de potentiel. 2017 s’annonce d’emblée comme un très grand millésime et qui devrait durer dans le temps.
Ma note : 96-97 Coup de Cœur
Prix : 53 CHF

L’hiver 2016/2017 s’est montré très peu humide, avec des précipitations qui ont représenté entre 35 et 55% des précipitations habituelles (au regard de la période 1981 à 2010). Les températures entre la mi-avril et fin mai ont été inférieures à la normale. La floraison et la nouaison se sont déroulées par contre de façon idéale.
L’été a été le 3e plus chaud jamais enregistré à cette date. Si juillet s’est montré sec, juin (300% de la norme habituelle) et août se sont montrés très pluvieux. Deux épisodes de grêle a frappé la région de Lugano les 06 et 08 août. Un autre avait frappé le Locarnese quelques jours plus tôt, et le Mendrisiotto a été touché quelques jours plus tard. Septembre s’est montré plus sec et plus doux qu’habituellement
.

Comano 2018 :
Robe grenat intense et profonde. Le nez est complexe entre notes de menthe poivrée et de fruits rouges frais (framboise très présente, mais aussi cerise et groseille). La bouche est puissante, ronde, ses tanins sont très fins et serrés et son élevage est parfaitement intégré et discret.  C’est un vin très jeune et pourtant séducteur et plaisant.
Voila un vin qui se montre gourmand, et qui est très plaisant. Un léger manque de fraîcheur en finale le rend selon moi, moins séduisant et voluptueux que le  2017 par exemple, que j’ai trouvé plus équilibré. Un avis que d’autres pourront ne pas confirmer s’ils ont une préférence pour des vins plus généreux.
Ma note : 94

L’hiver 2017/2018 a montré une pluviométrie supérieure aux moyennes décennales de l’ordre de 150%. Si le mois de mars a été froid, le reste du printemps aura été chaud (le 4e plus chaux mesuré depuis 1864). La région de Lugano a enregistré beaucoup de jours de pluie entre fin avril et la mi-juin (46 jours!). L’ensoleillement aura dont été très bas durant cette période. La floraison et la nouaison ont toutefois été bonnes.  L’été s’est montré très chaud et sec. La climatologie en septembre et octobre a été qualifiée d’exceptionnelle, permettant aux variétés tardives d’arriver à parfaire maturité.  

Comano 2019 :
Robe grenat sombre brillante. Le nez est davantage marqué par l’élevage que les trois millésimes précédents, mais cela confère davantage un style plus qu’un vrai défaut. Le fruité est ensuite bien présent à l’aération. Il est intense, complexe avec des notes fruitées mûre.
Ce vin jeune possède une bouche franche et droite avec des tanins très serrés. S’il ne manque pas de structure, il possède une très belle fraîcheur qui lui confère une buvabilité remarquable. S’il n’est pas le plus complexe, il s’avère être une cuvée réussie car il possède une personnalité très convaincante. La finale est longue, fruité et épicée.
Ma note : 93

 

 

Comano 2020 (en cours d’élevage) :
Robe grenat sombre brillante. Le nez est intense sur des notes de fruits mûrs (mûre, framboise, groseille), et d’épices. La bouche est puissante et structurée, dans dureté. Elle possède un caractère suave grâce à une finesse due à des tanins mûrs et délicats. La fraîcheur de la matière est indiscutable. Elle s’associe en finale avec le fruité et les épices pour rendre le fin digeste et élégant. Très belle longueur finale.L’élevage est un plus dans le sens où il laisse la matière se développer sans la contraindre où chercher à la dominer.
Ma note : 95-96 Coup de Cœur

C’était une très belle dégustation ! Un cru unique, qui a clairement évolue au cours des années. Le matériel végétal a pris de l’âge, les millésimes se montrent plus généreux avec le réchauffement climatique.
De façon indiscutable, la dernière décennie a franchi un nouveau palier qualitatif.

1995 : fraîcheur et élégance.
2007: quel magnifique caractère et élégance.
2013 : un vin réussi mais dont l’élevage sous bois a terni les qualités en dégustation. C’est aussi un vin qui a manqué d’aération. Un passage en carafe l’aurait sans nul doute servi. Au contraire, il a été ouvert avant le service. Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain !

2017 : peut-être le parangon de cette dégustation par l’équilibre et l’harmonie qu’il a offert. Un vin qui témoigne d’un savoir-faire multiple peut-être, mais qui surtout procure de la joie, de l’émotion.
2020 : un vin en cours d’élevage pour clore une verticale, pourquoi pas. Ce bébé est assurément très bien né. Ce sera un vin harmonieux et complet dans cinq à dix ans.

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