Découverte de la Cave Merlot Niscioo à San Vittore (GR)

Vous avez sans doute déjà entendu parler du Val Mesolcina ?

Cette région grisonne du Sud des Alpes, débute au Sud du col du San Bernardino pour s’arrêter à quelques kilomètres au Nord Est de Bellinzona. Les versants Est et Sud de la vallée sont une zone frontière avec l’Italie. La rivière Moesa qui parcourt la vallée se jette dans la rivière Tessin à proximité de Bellinzona. La vallée compte quelque 8.000 habitants).

A San Vittore, et dans la commune voisine de Roveredo, la vigne persiste. Il n’est pourtant pas facile d’y être vigneron. C’est un vignoble de coteau principalement. Voici quelques jours, Ettore publiait des photos où il tentait de protéger ses vignes du gel avec des bougies de paraffine. Son vignoble est mécanisable à 75%. Il n’a pas que des « tablards ».
Dans la vallée du Mesolcina, les vins peuvent être porteurs de la DOC Grisons ou Tessin, à choix. On parle d’une cinquantaine d’hectares de vigne dans la vallée aujourd’hui.

C’est à San Vittore que j’ai rencontré Ettore Müller le lundi 11 mars. Un jour où l’hiver reprenait de plus belle en Suisse Romande (15 cm de neige dans le Jura, alors que la veille les paysages étaient tous repassés « au vert »). A San Vittore, forsythias, magnolias et autres mimosas et autres jonquilles étaient en fleur.
Encore étudiant à Changins, il avait repris le vignoble de son grand-père paternel, qui comptait un hectare de vigne seulement jusqu’en 2017.
Depuis, le vignoble a bien progressé, passant à 04,5 ha de vignes (certaines en cours de plantation il est vrai) entre acquisition et location de vignes, tout en réhabilitant un bâtiment d’origine, qui va servir de salle de dégustation et de local de vente pour la clientèle.

Ettore est oenologue, tout comme son épouse Lisa, une canadienne originaire de Toronto, qu’il a rencontré à Changins. Il travaille à Mendrisio, chez Gialdi et Brivio, où il est l’un des trois oenologues. C’est au coeur des installations de son employeur qu’il vinifie ses propres vins. Lisa poursuit ses études, elle prépare un master à l’université de suisse italienne à Lugano.

Nous aurons passé un après-midi ensemble à deviser de la viticulture régionale, qui reste très proche de la viticulture tessinoise, avec un cépage Merlot omniprésent, mais aussi à parler d’histoire, et en particulier celle de la Mesolcina. Ainsi, Ettore m’a parlé des deux frères Von Sax (où Sacco), qui contrôlaient chacun un versant du San Bernardino, où ils firent fortune à l’instar d’un certain Kaspard Jodoc Stockalper en Valais (surnommé le « Roi du Simplon » ce dernier avait acquis un monopole sur le commerce du sel dans la région). Deux frères, qui pour faciliter leurs commerces s’étaient alliés avec des seigneurs Grisons.
Au début du 16e siècle, la vallée sera vendue à un militaire italien, Gian Giacomo Trivulzio, proche de la famille Sforza. Plus tard, les habitants de la vallée l’ont rachetée, afin de se libérer de la tutelle féodale. La vallée bien qu’italophone restera grisonne par la suite.
Ettore y voit quelques avantages, en particulier au niveau de la fiscalité moins lourde qu’au Tessin.

La dégustation des vins :

Niscioo 2018 : est un assemblage blanc. Composé principalement de Chardonnay, mais aussi de Freisamer, Gewurztraminer et de Sauvignon-Blanc.
Robe jaune pâle à reflets verts.
Le nez est agréablement intense, sur des notes de pèche, de buis, de lys.
Si la bouche offre un joli gras, elle possède aussi une belle acidité. Belle longueur.
C’est un joli vin blanc qui plaît pour son aromatique, sa structure et sa fraîcheur. Il en a été produit 3.000 bouteilles en 2018. La cuvée est vendue principalement à des clients privés et des restaurateurs de la vallée.

Merlot 2014 : Robe pourpre. Joli nez fruité sur des notes de fraise, de framboise et d’épices. La bouche est franche, charnue, les tanins sont fins. C’est un vin plutôt souple en bouche, mais pas léger pour autant. Elevé dans des barriques de troisième passage, ce vin s’avère équilibré et harmonieux, mûr et prêt à la consommation.