Vins du Vully : le petit Poucet a chaussé des bottes de sept lieues

Le Vully (ici fribourgeois), avec ses 100 hectares de vignes, est un peu à la viticulture ce qu’une certaine petite voiture serait à l’automobile car il a tout d’une grande !
Les seize vignerons du Vully Fribourgeois se sont réunis ce lundi 14 juin à l’Hôtel Murten à Morat (Murten !), pour une présentation des vins du dernier millésime. De plus, il a également été possible de déguster quelques vins du millésime 2008, des vins élevés en barrique.
En un peu plus de deux heures de temps, ce n’est pas un tour complet que j’ai réalisé, mais  un tour d’horizon assez large. Est-il représentatif de la qualité de l’ensemble de la production ? Je le souhaite, car je me suis fait très plaisir !
Une chose encore : le prix des vins est d’une grande sagesse. Alors que chez certains encaveurs suisses le prix des vins de chasselas s’approche des vingt francs (voire les dépasse), le Vully permet encore d’en découvrir de très bons pour parfois moins de dix francs. Le prix constaté le plus élevé est de 11,20 CHF ! Naturellement, le prix de la plupart des vins de spécialités est lui aussi très attractif pour les amateurs.

Pas de prise de note dans la salle. Les conditions ne s’y prêtaient pas vraiment. Mais, studieux, j’ai écrit les lignes ci-dessous le soir même à la maison.

Inutile de revêtir armure et heaume, de s’armer et de gravir les remparts de Morat pour défendre les vins du Vully. Leur qualité suffit à faire taire toute tentative d’attaque contre eux.
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A la cave Dupasquier & Fils à Lugnorre, j’ai dégusté le chasselas Grande Battue, le seul clos cadastré de la région. Un vin agréable, de bonne maturité, auquel manquait peut-être un peu de densité en bouche. Mais allez savoir, il souffrait peut-être encore de la mise en bouteille.
Passage au stand de la cave Schmutz & Fils, à Praz sur Vully. Deux vins de chasselas présentés, l’un représentatif des sols de molasse du Vully (Choix). L’autre, plus surprenant, d’apparence plus tendue, issu d’un rare sol où le calcaire est dominant dans le Vully (Hôtel Richard). Puis j’ai dégusté trois autres vins blancs forts réussis : un sauvignon blanc, un chardonnay (cuve) et un gewurztraminer. Je n’ai pas dégusté les vins rouges. Le pinot noir «Sang des Bourguignons » dégusté début mai lors de la dégustation proposée à la presse avait impressionné par son fruité et sa bouche d’une grande qualité (13,40 CHF le flacon de 70 cl).
Bref, de bien jolis vins chez l’actuel président de l’association des vignerons du Vully.
Au Château de Praz, j’ai dégusté un excellent chasselas Grande Réserve millésime 2009. Un vin que Marylène Chervet-Bovard n’avait pas encore mis en bouteille le mois passé (CR des vins dégustés en mai à venir). Un chasselas racé et vineux. Une très belle réussite que ce chasselas Réserve, et pas seulement pour le Vully. Agréable pinot blanc également. Un vin fin, mais qui souffrait quelque peu de la comparaison après le chasselas.
Je ne  me suis pas arrêté lundi au stand de la cave de Chambaz (Môtier), de Francis et David Chautems (faute d’espace au stand d’ailleurs). Je m’étais rendu sur place lors des portes ouvertes, et j’y avais dégusté deux très bons chasselas : Les Cotelines et En Chambaz (+++), un excellent pinot noir (cuve) et un fort bon assemblage Roches-Grises, un vin de gamaret, garanoir et de pinot noir élevé en fût.
A la cave Javet & Javet, à Lugnorre, j’ai apprécié le chasselas Origine. La cuvée élevée en barrique m’a moins convaincu, ainsi que le pinot noir (un peu dur, c’était peut-être dû à une mauvaise phase). Mais on sent un bouillonnement d’idées dans cette cave. A suivre donc avec intérêt.

A la cave du Petit Château, à Môtier, j’ai revu l’un des deux fils d’Eric Simonet, que j’avais croisé l’an passé. Un jeune oenologue prolixe et dynamique (passionné quoi !). La cave le Petit Château possède la particularité d’avoir multiplié les essais de plantation de cépages au point d’en cultiver dix huit aujourd’hui. Si la gamme des vins blancs ressemble à celle des autres caves de la région (hormis un original vin de muscat, au demeurant très réussi en 2009), la gamme de vins rouges surprend : gamay, cabernet franc, cabernet sauvignon, merlot, syrah, diolinoir complètent les plus habituels pinot noir, gamaret et garanoir.
Ici comme dans les autres caves, point de mauvaise surprise : la maturité des baies a permis l’obtention de vins frais, riches et tendus, et sans le problème de sucres résiduels. Très belle homogénéité qualitative dans les vins blancs. Un vin blanc élevé en barrique : le Prestige 2008 (assemblage de pinot blanc, gris et de chardonnay), au nez dominé par une note toastée puissante, mais la bouche ne pâtissait pas de l’élevage qui était bien intégré. J’ai dégusté seulement deux vins rouges : un gamay tendre et rond, fruité avec une finale légèrement épicée, puis un vin d’assemblage, élevé en barrique (millésime 2008) : la cuvée Noblesse. Un vin puissant, et doté d’un potentiel certain.
Cave Jean-Bernard Derron, à Nant : Chasselas Prélude. Un vin fin et floral, très bel équilibre en bouche et fort jolie longueur. Un vin délicat. Très apprécié. Joli pinot gris typé et chardonnay Coup de Coeur au nom bien mérité. Dernier vin blanc, l’assemblage Opus 7 (du Johanniter et du Riesling-Sylvaner). Nez un peu en retrait, mais la bouche est bien définie. J’ai bien aimé aussi le rosé de pinot noir Clin d’oeil, ainsi que le pinot noir Sérénade.
J’ai terminé par une autre cave dont le patronyme du propriétaire est Derron, mais elle est située à Môtier : A. Derron, cave du Vieux Moulin. Ici aussi, les vins sont un concentré réussi de fraîcheur et de vinosité avec un fruité généreux. Des vins fins et stylés, depuis le chasselas « Bataille de Morat » en passant par le Freiburger, le pinot gris, le sauvignon blanc et le gewurztraminer. Dans les vins rouges, mention spéciale pour le pinot noir Vieux-Moulin (cuve). Un vin tout en fruit, bâti sur une trame mûre, fraîche, très élégante. La cuvée en fût de chêne Vieilles vignes m’a bien plu également avec -naturellement- plus de profondeur et de compléxité que l’autre cuvée. Deux autres vins élevés en barrique, des assemblages : Le carré noir 2008 et l’Oppidum 2007. Des vins plus stricts, concentrés qui devraient permettre de démentir que le Vully produit des vins rouges faciles.
Voila une très jolie dégustation qui devrait botter le derrière à bien des idées reçues et tordre le nez à des clichés sur les petites régions viticoles.

Enfin, … pour autant que l’on ne soit pas entravé par des oeillères bien sûr !
Une nouvelle fois, bravo aux vignerons et vigneronnes du Vully. Je les remercie pour leur invitation à cette dégustation publique parfaitement préparée, qui s’est déroulée dans une ambiance détendue.  A relever l’excellente ambiance entre les différents producteurs, qui souvent secondés à leur stand, allaient déguster les vins de leurs confrères. Enfin, j’ai rencontré brièvement le chef du restaurant gastronomique fribourgeois Le Pérolles, « Pierrot » Ayer, qui avait fait état une heure plus tôt lors de sa brève prise de la parole de sa fierté et de son plaisir à déguster des vins de son canton d’un pareil niveau.
Prochaine rencontre vulléraine le samedi 26 juin dès 14 heures au départ de Praz, pour une route gourmande
Route Gourmande du Vully 2010
Cet outil massif pour botter les postérieurs sera inutile !
Mais, Saint-Augustin nous dit :
Il vaut mieux suivre le bon chemin en boitant que le mauvais d’un pas ferme.
Donc, équipez-vous simplement d’une bonne paire de grolles, et venez festoyer tout un après-midi dans le Vully (une boucle pédestre de Praz à Praz en passant par Môtier) :
Au programme des spécialités culinaires (sept) réalisées par des professionnels (fromager, boulangers, restaurateurs), et les vins du Vully bien  évidemment. Tous les encaveurs seront là !
Départs de 14 à 17 h
Fermeture des stands à partir de 19 h00
Coût : 42 CHF/adulte ; 20 CHF /enfant jusqu’à seize ans
d’autres informations à grignoter sur le site de Vully Tourisme
et sur ce blog en utilisant la fonction rechercher
Laurent
PS : j’ai découvert le seul arnaqueur du Vully. Le voici sous vos yeux. Etonnant, non ?
l'arnaqueur
Le monde du vin Suisse est doublement en deuil :
Monsieur Jean-Pierre Favre, qui dirigeait la maison sédunoise Les Fils de Charles Favre SA (une maison qui produit le fendant La Dame de Sion – mon premier fendant !), et monsieur Chritophe Von Ritter, directeur du club de vins DIVO (Défense et Illustration des Vins d’Origine), dont j’ai été un temps membre, sont disparus tout récemment. J’adresse à leurs familles et à leurs proches mes sincères messages d’amitié et mes condoléances attristées.
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