A « Swiss Apéro-Tasting » in Boston, Massachusetts.

Nous sommes en septembre 2013, à Lausanne. J’apprends que je vais vivre une année entière à Boston, aux Etats-Unis d’Amérique, dans l’Etat du Massachusetts.
Mon excitation est à son comble. J’espère avoir l’opportunité de mettre sur pied un ou plusieurs projets qui me tiennent à coeur. Ma passion pour la gastronomie et le vin suisse sont les premières pistes envisagées.
La cuisine sera l’élément déclencheur de la création du « Swiss Apéro-Tasting », car deux fois par mois, j’échange des connaissances culinaires avec six femmes japonaises à la Résidence Suisse de Boston.
Afin de partager avec le plus grand nombre, mes recettes de gastronomie suisse sont traduites en japonais, puis éditées sur Cookpad. Les recettes japonaises sont rédigées en français et éditées sur le site des Potes and Rollmops.
Six mois plus tard, et plus de 20’000 clics sur les recettes helvétiques du site Cookpad, l’épouse du Consul suisse de Boston lance le projet « Swiss Apéro-Tasting » et m’invite à y participer. Ma réponse est instantanée, c’est un grand OUI plein d’enthousiasme.P1140645Nous allons inviter plus de 100 personnes triées sur le volet pour promouvoir le savoir-faire suisse , des vins et d’autres produts (Tête de Moine, cervelas, …).
Grâce à la collaboration de la société des exportateurs de vins suisse (de son vrai nom SWEA, pour Swiss Wine Exporters Association), de Swiss Wine Promotion et de Swiss Cellars (un importateur de vins basé dans le Wisconsin qui a dix huit domaines suisses dans sa sélection), la dégustation de deux vins blancs et de deux vins rouges a pu se concrétiser, après 18 mois d’échanges de courriers électroniques.
Le « Swiss Apéro-Tasting » aura été un succès : 95% des invités seront venus et auront dégusté les quatre vins ainsi que les autres produits suisses proposés.P1140640 (2)
Le « Swiss Apéro-Tasting » de Lexington, samedi 6 juin 2015,
Je dispose sur les tables la centaine de verres de vin « en verre » dans l’attente des convives invités par le Consulat suisse de Boston pour le « Swiss Apéro-Taste ». Je précise « en verre » car trop souvent les dégustations de vins se font dans des petits gobelets en carton ou dans des verres en plastique à Boston et aux USA. Je suis exigeant sur ce point, car il n’y a pas d’alternative pour valoriser des produits de qualité.
La sélection suggérée par Swiss Cellars, en fonction de ses stocks, était très intelligente, tant pour les vins blancs que pour les vins rouges. Chaque convive aura été séduit par un ou plusieurs vins, et beaucoup m’ont demandé où et comment se procurer ces nectars.
P1140612Nous avons dégusté :
Une Heida 2009 « Maître de chais » de chez Provins. Un vin très fruité avec des notes florales et d’agrumes. L’attaque est très souple mais l’acidité du vin lui profère une fraicheur très agréable.
Un Chasselas « Swiss white wine » de chez UVAVINS. Ce vin sec et minéral à la robe jaune claire à séduit les convives par son attaque franche et le gaz carbonique qui aparaissait en première bouche. Cette typicité est rare aux USA. C’est sans doute pour cela que ce vin a retenu l’attention des convives.
Une Dôle Balavaud 2012 de chez Jean-René Germanier. Un vin d’une délicatesse charmeuse. Les notes fruitées (baies rouges) et l’attaque légère confère à ce vin une dégustation très agréable. L’attaque est souple mais intense et l’harmonie est équilibrée.
Un Merlot di Losone 2011 de Angelo Delea Saleggi. L’unique vin élevé en barrique (12 mois). Sa structure est dense et l’attaque est intense. Les arômes en bouche sont fruités (pruneau, cerise) et épicés (clou de girofle). La robe est quasi noire avec des reflets bleus. Sa rondeur lui donne un final tendre et une belle longueur en bouche.

Je suis particulièrement fier de l’organisation de cette dégustation dans l’Etat du Massachusetts car les lois concernant la consommation et de la vente d’alcool sont très très strictes et très compliquées. Par exemple, il est interdit de consommer de l’alcool sur le domaine public. Si vous souhaitez déguster un verre de vin sur l’une des rares terrasses de Boston, il faut obligatoirement manger.
Même si l’on souhaite s’en procurer, le vin suisse est inexistant à Boston.
Aujourd’hui, l’unique possibilité de se procurer du vin suisse est de commander le vin auprès de SwissCellars.com, à moins de connaître des importateurs qui seront d’accord de vous en vendre. Ils existent, sont rares, et il n’est pas dit qu’ils peuvent vous vendre du vin dans l’Etat de Massachusetts, car le commerce du vin au pays du libéralisme n’est pas chose aisée !
A la suite de la lecture du récent article sur ce blog à propos des exportations de vins en Asie par Nicolas Ruedin, il m’est confirmé que la lourde tâche administrative américaine dissuade les vignerons d’exporter leurs vins Outre-Atlantique.
En raison des conditions d’exportation, de livraison et même de dégustation très compliquées aux USA, cette dégustation ne pouvait que se dérouler à la Résidence suisse où loge le Consul Suisse et sa famille.
C’est donc grâce à l’initiative de l’épouse du Consul que l’événement « Swiss Apéro-Tasting » a pu se dérouler, et je l’en remercie vivement. Pour accompagner les vins, les convives avaient l’opportunité de déguster de la raclette AOP servi par le Consul lui-même, habillé de la tenu traditionnelle appenzelloise (photo!), de la tête de Moine, de la charcuterie suisse comme le cervelas, des cakes réalisés par mes soins (olives noires-bacon et basilique-tomates séchées), de la tarte à la rhubarbe et des Kägi-Fret.

Cette belle expérience me permet de dire que la patience, l’abnégation et la persévérance auront été les facteurs de réussite de cette dégustation de vins suisses à Boston. Je l’ai faite et j’en suis très fier. J’ai réussi à faire découvrir et apprécier du chasselas, du savagnin blanc, de la dôle et du Merlot à des américains, de rencontrer de sympathiques importateurs, de partager et de discuter du fruit du travail de nos vignerons.
Je rentrerai en Suisse cet été, et tous les efforts produits pour réaliser cette dégustation vont s’envoler avec moi dans l’avion qui va me ramener au pays. Mais j’ai découvert qu’il y a du potentiel, ici aux USA, même si l’ouverture de la porte commerciale est semée d’embûches administratives.
La perspective de poursuivre les échanges avec des femmes japonaises, pourrait ouvrir d’autres pistes très intéressantes. Et mon expérience pourrait aider chaque conjoint(e) de Consul suisse de part le monde à organiser une dégustation de vins suisses.
A suivre !
Yann Kerloc ‘h
fondateur de Feel The Food