Visite du Domaine de l'Ovaille, à Yvorne, dans le Chablais vaudois (I).

Je me suis rendu le 21 janvier à Yvorne pour y rencontrer Philippe Deladoey, responsable avec son frère Frédéric, du domaine familial dont ils représentent la quatrième génération.
L’Ovaille est aussi un cru. Toutefois, ce n’est pas un monopole. Il est partagé avec la maison Hammel, à Rolle.
Chez les Deladoey, le chasselas règne en maître, car il représente 80% de la surface du domaine. Les vignes sont taillées en gobelet, la densité de ceux-ci est de 10 à 12.000 pieds hectare. Les nouvelles plantations ne se font plus dans le sens de la pente mais en travers de celle-ci. Dans le cru de l’Ovaille, proches des murs -afin de bénéficier de la chaleur reflétée par ceux-ci- se trouvent les cépages rouges (merlot, sauvignon et franc), ils sont conduits sur fil. Près de la petite maison (non pas dans la prairie, mais sous la forêt), à droite du panneau sur la photo, se trouve une petite parcelle de gamaret.

Les Deladoey possèdent 3 ha sur le cru de l’Ovaille. L’exposition est plein sud, l’altitude maximale de la vigne se situe à 620 mètres.

L’ensemble du domaine est en production intégrée. Dans le cru de l’Ovaille, la déclivité est très forte, certainement de l’ordre de cinquante pour cent par endroits. L’hélicoptère est utilisé pour certains traitements.
D’autres parcelles -d’une surface de 2,2 ha, constituent le solde du domaine. Elles se situent dans les lieux-dits Les Combes, Les Ressettes, Les Tannes, Le Secrétaire), dont 5700 mètres carrés environ de cépages rouges, d’auxerrois et d’ermitage.
L’Ovaille, un cru « chamboulé » :
Le quatre mars 1584, un immense éboulement parti depuis le cirque rocheux de Plan-Falcon, provoqué par un tremblement de terre a anéanti le hameau de Corbeyrier et la quasi totalité de la commune d’Yvorne. Plus de cent personnes sont décédées ce jour-là. Le vignoble s’est reconstruit sur le cône de déjection. Le Clos du Rocher, quelque peu à l’écart, n’a pas été affecté. Son sol est donc plus vieux que celui du reste de la commune. Il est peu profond (moins d’un mètre). Au niveau du Château Maison-Blanche, il est profond d’au moins cinq mètres, la déclivité est faible, 15 % environ. A l’Ovaille, la profondeur va jusqu’à douze mètres. Il s’agit de calcaires brun et marneux. le sol est graveleux avec une forte proportion de silex.

Au second plan, à gauche, le Château Maison-Blanche, à droite, le Clos du Rocher.
En vieux français, ovaille signifie désastre, catastrophe, accident, éboulement , chute de pierres. J’ai aussi souvenir que l’une de mes grands-mères agitait son index lorsque je faisais une (petite) bêtise, et disait « ovaille, ovaille ». Enfin, peut-être ne l’aurait-elle pas écrit avec cette orthographe (certainement même), mais l’intonation y ressemble fortement.
Le village d’Yvorne s’est reconstruit, un peu plus au sud-est, à l’écart du cône, sur lequel s’est rebâtit le Château Maison-Blanche, qui a fêté ses 400 cent ans en 2009. Le village conserve depuis une structure en hameaux, ainsi qu’une rue des Maisons-Neuves, dont vous comprendrez aisément la raison.

Chez les Deladoey, après pressurage, le moût est dirigé par gravitation dans des cuves en inox jusqu’au débourbage. Les vins seront ensuite élevés en foudre (pour la totalité du chasselas), ou en fûts de chêne pour les autres cépages.

Avec le millésime 2010, il y aura une cuve bio.

Il y a un caveau à Yvorne pour la vente au détail.

On sait vous aider à trouver la cave que vous cherchez.

Demain, vers vingt heures,

place aux vins dégustés en compagnie de Philippe Deladoey.

Que du plaisir, qu’on se le dise !