Yann Comby, le choix de la conversion vers le BIO

Chamoson, est la plus grande commune viticole du Valais. Elle compte un peu plus de 400 ha de vigne, et, pour l’heure, peu de vignerons en reconversion BIO.

La Cave Sélection Comby, de Yann Comby en fait partie. Il y a aussi l’influent oenologue Didier Joris, qui en plus d’exploiter son domaine, est actif de longue  date dans le conseil oenologique, et Mikael Magliocco, l’un des membres parmi les plus doués de la jeune génération en Valais, qui a débuté le processus de certification en même temps qu’eux.
Dans la commune voisine de Leytron,  il y a la cave Le Bosset de Romaine et Christian Blaser-Michellod. Une cave bien connue elle aussi pour avoir initié ce mode de travail il y a un moment déjà, et qui, à l’instar de ses trois collègues chamosards est désormais officiellement en conversion BIO elle aussi.
Yann Comby, me dit également être proche de la vigneronne  de Miège, Sandrine Caloz, une jeune femme dont il parle avec beaucoup de respect et d’amitié qui les a « devancés » dès 2017.


Yann représente la troisième génération de vigneron de la famille Comby. Après son grand-père Louis, fondateur de la cave, il fait suite à son père Gratien, en perpétuant la tradition familiale, après une formation d’oenologue ES à Changins, et après avoir été à deux doigts de devenir Ingénieur dans la mécanique (après quatre années de formation, il a changé de voie peu de temps avant de passer ses diplômes !).

Nous débutons rapidement la dégustation des vins de la cave, où tout du moins d’une sélection de ceux-ci.

Le Fendant 2016 gamme Héritage
Il n’a pas connu de 2e fermentation. Le premier nez est intense, avec des fruits évoquant les agrumes (pamplemousse jaune). Très belle fraîcheur en bouche. Ce fendant est franc, sincère, agréablement tendu, droit, et riche. Fort belle touche minérale finale, très nette. Léger gaz carbonique, qui s’estompe très rapidement.
Un très bon fendant, qui ne manque surtout pas de caractère. Bravo.


Johannisberg 2016 gamme Héritage
Lui aussi n’a pas fait de seconde fermentation. Un choix encore rare à Chamoson, à l’instar d’un certain Mikael Magliocco …dont je parlais plus haut. Le nez offre une belle intensité avec des notes de fruits exotiques (mangue, ananas), puis suit une note de pierre à fusil, nette mais aucunement envahissante. La bouche est bien nette, riche mais tendue. On retrouve la note d’amande légèrement amère, qui signe le cépage sylvaner. En finale, je retrouve une note d’agrume évoquant le citron vert. Ici aussi un fin Co2 est présent. C’est un Johannis typé, mais qui possède une touche de personnalité bien à lui. Belle longueur finale.

Viognier 2016 gamme Excellence
Troisième vin dégusté et une fois encore un très joli nez pour lancer sa dégustation ! Un nez intense et typé qui évoque des notes de pèche et d’abricot. La bouche offre un très bel équilibre. Outre le toucher de bouche fin et délicat, la balance entre richesse et fraîcheur est parfaite. Gras et tension se combinent à merveille et sont rehaussés en finale par une salinité qui apporte une touche de minéralité et de complexité à ce très joli vin.
Coup de coeur !


Petite Arvine Moelleuse 2016 gamme Prestige :
C’est une tradition familiale que de vinifier la PA ainsi. Yann ne souhaite pas y contrevenir. Le nez est fin et intense, complexe, avec des notes de fruits tels le citron vert et le pamplemousse, qui se mêlent à la glycnie.
Le sucre résiduel est fondu, la bouche est fine, délicate, avec une fort belle fraîcheur. Bel équilibre pour cette PA qui est réalisée à contre-courant des vins secs produits quasi exclusivement aujourd’hui. Très belle longueur finale. C’est un vin digeste, fin et long.

Le vin est-il une question de passionnés ? Une réponse qui parait évidente quand on découvre que le vinificateur élabore pas moins de trois cuvées de pinot noir ! Certes, on peut se le permettre si le cépage est bien planté dans votre vignoble. Mais certains n’iraient pas à se remettre en cause au point de le transformer d’une certaine façon en spécialité.

Pinot Noir 2016 gamme Héritage :
Un nez fin et intense, qui pinote au premier nez avec ses notes de fruits rouges (fraise, groseille mûre) et floral (pivoine). Ce pinot offre des tanins très fins, un joli volume en bouche, de l’équilibre et une belle longueur.
Un pinot noir qui ne pourra que plaire à un amateur de pinot ! Prix sage (16 CHF), le plaisir en plus !

Pinot Noir 2015 Cuvée Joël gamme Excellence :
Malgré le choix d’utiliser le prénom de son fils ainé comme nom de cuvée, ce vin est pourtant bien issu d’une sélection parcellaire. C’est un vin qui est élevé en fût, qui n’a pas été collé, ni filtré, et dont la fermentation a été réalisée avec des levures indigènes. Pour les amateurs de techniques, le pinot noir Joël, a connu une macération a froid. Le clone sélectionné est le 777 de Dijon. Voila pour quelques aspects techniques.
Pour ce qui est de la dégustation, la robe possède une belle robe rubis. Le nez évoque les épices douces, le cassis. En bouche, la finesse est immédiate. Elle prend le pas sur la richesse tannique, et renforce le caractère frais de l’ensemble. C’est un vin suave et délicat, qui offre une fort belle longueur en bouche.


Pinot Noir 2016 Aficionado :
Peu de pinots noirs suisses sont issus d’une macération en grappe entière. Celui-ci en fait partie. Connaisseur de cet état de fait, Yann Comby me cite spontanément la cave de Martin Porret à Cortaillod. Outre la macération en grappes entières, ce pinot a également connu une macération carbonique ! Ce pinot noir est à lui seul un banc d’essai !
Le nez est franc, pur avec des notes d’élevage (mentholée), de mûre, de réglisse et de fruits rouges (fraise, groseille, framboise). Un vrai panier de fruits pour signer une complexité digne d’un grand cru. En bouche, le vin n’est pas singulier. Il est très fin, frais, équilibré, et gourmand. Jolie longueur finale.


Diolinoir 2016 gamme Prestige :
Robe sombre, opaque même. Légèrement brillante.
Le nez est discret, plutôt sur des notes de fruits noirs tels la cerise en particulier. La bouche est séveuse, dense, grasse mais elle conserve une belle fraîcheur. L’élevage en fût est intégré, les tanins (du vin) sont de belle qualité, sans astringence. Un vin difficile à considérer en l’état. Il requiert indiscutablement un passage en carafe pour mieux révéler son potentiel.

Cornalin 2016 gamme Excellence :
Jolie robe de belle intensité. Le nez est sur des notes de fruits, telle la cerise rouge. Je perçois aussi une note de fumée, quoique discrète.
Les tanins sont très fins en bouche. Le passage en fûts a apporté sa part de micro oxygénation. On a affaire à une très belle matière, qui n’est ni exagérément concentrée, ni trop mûre. Cela permet au cépage Cornalin de rester typé.
Belle finesse générale et belle longueur finale. Pour clôturer cette première visite à la cave Sélection Comby, je ne peux m’empêcher d’accorder à ce vin un second coup de coeur personnel.


Yann Comby m’a surpris, et je l’en remercie. Ses vins méritent assurément d’être découverts, car ils sont précis et typés. De plus, il fait des essais de vinification, de façon humble et réfléchie, sans prétendre réinventer la roue.
Son implication dans le BIO va déjà au-delà du travail dans son seul domaine, puisqu’il partage déjà de bonnes adresses de collègues (ferme d’élevage par exemple) avec ses visiteurs. N’est-ce pas bon signe ?

Le passage en Bio, ses amitiés vigneronnes -j’insisterai sur celle avec Sandrine Caloz avec qui il semble avoir une complicité quasi naturelle- devraient le voir franchir un palier supplémentaire très rapidement. Et c’est tout le mal que je lui souhaite.

Le lien vers le site Internet : www.comby-vins.ch