Chez Gérard Dorsaz, la Petite Arvine en signature

Le président de l’association Fully Grand Cru est passé du statut de vigneron à celui d’encaveur à partir de 1998. Après deux millésimes consacrés à la vinification de trois cépages seulement -dont la Petite Arvine bien sûr, il a repris l’entier de l’exploitation de son ancien employeur dès le millésime 2000. Aujourd’hui, il vinifie et vend le fruit de son travail, dont l’immense majorité des vignes est situé à Fully, une petite partie se trouvant à Martigny.
Au travers de notre discussion dans le magnifique caveau des Ursulines (qui date de 1631, et mérite le détour deux fois, le premier pour le coup d’oeil, et l’autre bien sûr pour y déguster les crus du vigneron), j’ai appris à son contact un grand nombre d’informations historiques sur lesquelles j’espère revenir à une autre occasion, car aujourd’hui : place à la dégustation des vins :

Petite Arvine 2016 : 
Le nez est de belle intensité. Sur des notes florales comme la glycine, et aussi de fruit tel le pomelos. Ce fruité est mûr. La bouche est d’une grande finesse, élégante, minérale, avec une salinité finale nette, précise et qui devrait s’accentuer dans les mois à venir. Elle possède un beau volume. L’acidité est intégrée. Ce vin est long, équilibré, parfaitement typé.
C’est un assemblage de différents parchets des coteaux de Fully, tous situés sur une altitude quasi identique. La récolte se fait par tries afin d’obtenir une maturité homogène. Les vins sont vinifiés séparément et assemblés lors des deux mises en bouteille.
Passionné par le cépage fullyérain, Gérard Dorsaz vinifie la Petite Arvine sous trois formes : sèche, légèrement douce et en Grain Noble. Totalement convaincu du rôle de la typicité du terroir de gneiss de Fully, il vinifie une cuvée parcellaire sous le nom de « Ma Petite Arvine ».
Ma Petite Arvine ? Gérard aurait pu donner le nom du lieu-dit de la parcelle.  Il n’en est rien. Ma Petite Arvine, c’est un peu l’enfant difficile devenu l’enfant prodigue. Cette cuvée, il reconnait avoir mis du temps à la comprendre. Désormais, Ma Petite Arvine, c’est SA signature. Il me l’a proposé à la dégustation sur trois millésimes.
Ma Petite Arvine 2014 :  nez mûr et intense sur des notes de glycine, d’ananas, et de pomelos.  La bouche est d’une pureté cristalline. La minéralité est nette dès l’attaque en bouche, elle se poursuit avec la fraîcheur saline en finale. Le vin est riche, sec bien sûr, très élégant en bouche, tendu mais parfaitement équilibré. Une PA catégorie grand luxe ! Superbe vin. Coup de coeur.
Ma Petite Arvine 2015 : Un nez moins intense, avec un fruité similaire surtout sur l’agrume, mais avec touche florale, et une autre toute de fraîcheur bien que discrète : l’anis. La bouche se montre plus grasse, plus crémeuse que pour le millésime 2014. L’acidité est moins marquée. L’équilibre est toutefois excellent, tout comme la finesse, qui semble être un véritable marqueur puisque je l’ai souligné à chaque vin jusqu’à présent. La finale est longue et saline. Très bien.
Ma Petite Arvine 2016 : Fruité mûr avec des notes de pomelos, d’ananas presque confit. Le nez est intense, franc, net. La bouche est à l’identique : droite, structurée, d’une finesse magnifique. L’acidité du vin est nette, intégrée, maitrisée. La finale de cette Petite Arvine est à la fois saline et salivante ! Ce vin est magnifique.  Coup de coeur.
Voici un trio de millésimes exaltant. Ma Petite Arvine est un vin abouti, résultat de l’ensemble des réflexions du vigneron ces dernières années, afin de progresser et d’évoluer. Sa soif d’écoute et sa volonté d’apprendre en sont ici récompensés par ces quatre premiers vins. Et ce n’est pas fini !
Gamay 2016 :  Issu de la Combe d’Enfer. Au premier nez, c’est une note de boisé que je décèle, que j’associe au tabac brun. Le fruit est un peu caché à l’ouverture mais les choses vont vite changer et en bien. En effet après aération puis un peu de repos dans le verre, les fruits rouges apparaissent. Ils étaient par contre bien présents en bouche de façon immédiate. Cette cuvée a une belle densité en bouche, ce gamay, élevé en barrique de 2e année possède des tanins caressants, fins. Le cépage se reconnait aisément. c’est un vin typé, de fort belle tenue, très fin et particulièrement soigné. Au niveau des meilleurs gamays du pays dégustés ces dernières années. Prix encore non défini.
Cornalin 2015, terroir de Grü : Robe profonde, dense. Le nez est complexe, avec des notes de torréfaction nettes comme la noix de coco, le café, le tabac. En bouche, le fruité domine : cerise noire, mûre. Ce cornalin possède une belle densité et concentration. La légère sensation de sucrosité doit être le fait de la barrique. Il n’y a aucune astringence. Ce cornalin est typé, concentré, équilibré et fin. Très apprécié. Avec un prix départ cave de 23 CHF, il possède un excellent rapport qualité/prix. Un vin qui appelle une viande en sauce (une boeuf en daube, mais un viande grillée pourrait convenir également).
Syrah 2015, terroir des Claives : vin élevé en barrique. Le caractère épicé (poivré) du cépage est présent au nez. Suivent des fruits noirs de façon encore discrète. Je « craque » sur la bouche : élégante, d’une finesse superbe. Les tanins sont très fins, fondus mais encore serrés. Cette syrah est toute en délicatesse, fraîcheur et équilibre. Très belle longueur. Le boisé est discret, presque absent. Une syrah dont la finesse est au niveau de celle d’un grand pinot noir. Coup de coeur évidemment !
Humagne Rouge 2015 : le nez est sur les fruits rouges : groseille bien mûre, fraise, mais aussi un peu de mûre. La bouche est équilibrée, porteuse d’une belle acidité qui permet à ce vin peu riche en tanins de ne pas s’endormir au travers d’une relative souplesse. Belle longueur finale. J’apprécie ici aussi la finesse de cette cuvée qui témoigne d’une belle maturité.
Voila une superbe dégustation. Merci et bravo !
Où trouver ces vins ?
En passant commande en ligne par exemple !