Pinots Noirs "Les Grands'Vignes" et "Les Argiles" : enfin des cuvées parcellaires au Château d'Auvernier

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De gauche à droite : Frédéric Droz, Yann Kuenzi, Henri Grosjean, Thierry Grosjean, Eric Muster, Yann VanVlaanderen.


Voila bien des années que j’attendais cela. La question ayant été posée à maintes reprises à Thierry Grosjean, aux deux Yann (Van Vlaanderen, l’oenologue et Kuenzi,  le directeur du Château) ainsi qu’à Frédéric Droz, caviste et maître de chai.
Les réponses étaient teintées à la fois d’un certain enthousiasme : « nous en faisons déjà, mais l’assemblons à une autre cuvée », et aussi à une véritable réticence, celle de ne pas risquer de baisser la qualité d’un autre cru en le privant de son meilleur vin. Avec septante hectares de vigne (plus de 10 % de la surface du vignoble neuchâtelois), il devait pourtant y avoir la place pour réaliser une cuvée parcellaire. Au Château, ils en auront créé deux !
Le Rubicon est désormais franchi et, il convient de s’en réjouir. Ces deux nouveaux vins, viennent d’être présentés voici quelques jours.
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Château viticole depuis 1603 !


Les deux parcelles des Grand’Vignes et des Argiles sont situées sur la commune d’Auvernier. Le sous-sol, calcaire convenant particulièrement aux qualités du cépage bourguignon.
Si pour les Grand’Vignes, le sol est profond et léger, et composé de 20 à 30 % de cailloux, dans la parcelles Les Argiles, on s’en doutera, différentes couches d’argiles, mêlées de galets se succèdent, ainsi que des dépôts sableux plutôt compacts. La densité de plantation varie entre 5.500 et 6.200 pieds à l’hectare, les rendements sont limités à 400 grammes par mètre carré. De la Grand’Vignes, il  dira que son équipe son équipe aura choisi des « clones de fou » sur des « portes-greffes improbables ». Thierry Grosjean aura d’ailleurs longuement insisté sur la notion de travail d’équipe, saluant ses collaborateurs, dont Eric Muster, son « frère » et chef de culture passionné depuis 1981.
Les Argiles sont un ancien terroir à blanc, planté de pinot noir depuis 2002 seulement, sur la base d’une intuition davantage que sur une étude de sol !
Le premier millésime de ces deux nouveaux vins, nous a été présenté lors d’une journée qui a voulu mettre l’accent sur une certaine forme de renouveau du Château : celui de se rapprocher de la clientèle privée, et de la faire progresser rapidement, elle qui ne représente aujourd’hui que 10 % de la vente directe. En effet, le Château s’appuie sur un réseau de revendeurs efficaces, ce qui lui permet d’être présent sur un grand nombre de restaurants suisses en particulier. Avec le nouveau et très beau local d’accueil de la clientèle, les choses pourraient bien être amenées à changer sous peu.

Grand’Vignes 2014  : robe rubis d’intensité moyenne, brillante. Le nez est très fin, pur, avec des notes intenses de fruits rouges : groseille et fraise mûres. La bouche est souple et vive à la fois. J’aime beaucoup la tonicité de ce vin, bien droit, élégant, avec une touche de minéralité qui m’a évoqué le graphite. Le boisé est intégré, fin, peut-être apporte t-il une légère sensation de sucrosité en bouche. Après 24 mois d’élevage, une mise en bouteille récente, ce Grand’Vignes se présente de façon magnifique, bien aidé en cela par ses tanins mûrs et soyeux. J’ai donc aussi beaucoup aimé aussi la finesse de ce jeune vin.
Très belle longueur finale.  Une véritable réussite, ayant des accents bourguignons de la Côte de Beaune.dsc_0120Les Argiles 2014 : Cet ancien terroir à vins blancs permet désormais l’expression d’un vin rouge corsé, avec des fruits noirs noirs expressifs (sureau, mûre, myrtille) tout en étant légèrement poivré également.
La bouche est donc concentrée, les tanins sont fins et serrés, l’acidité du vin est moins prononcée que pour la cuvée Grand’Vignes, mais l’équilibre n’en est pas moins atteint. Le boisé est pertinent, intégré. Très jolie longueur finale. et surtout beaucoup de potentiel.dsc_011920161123_121932Ces deux vins sont vendus en caisse de bois de six bouteilles. Le prix unitaire est de 58 CHF.
Outre la présentation de ces deux cuvées, nous avons dégusté durant cette journée un grand nombre de vins du Château. Millésime 2015 : Chasselas, Non-Filtré, Chardonnay cuve (épuisé) et barrique, Sauvignon blanc (absolument remarquable), Pinot gris.

Mais aussi des chardonnays barriques 2014, 2012, 2006 (mon préféré, bien que les quatre étaient d’un fort bon niveau), deux autres pinots noirs, dont la cuvée Carlos Grosjean, millésime 2014, et quatre pinots gris surmaturés. Une dernière série aussi surprenante qu’impressionnante, avec les millésimes 2014, 2007, 2004, et 1997. Du surmaturé de haut vol, et de longue garde !

Le repas, d’excellente qualité, a été réalisé par le service traiteur « Cinq Sens » de Sébastien Maye à Fontainemelon. Bravo à lui et à son équipe. Et bien sûr, bravo à Thierry Grosjean et à toute son équipe du Château d’Auvernier.