Dégustation dans les chais des Caves de la Béroche

C’est en compagnie de Mickael Loubry, le maître de chai et oenologue des Caves de la Béroche que j’ai dégusté des vins en cours d’élevage voici quelques semaines.Micka LoubryIl faut rappeler que cette cave coopérative célèbre ses 80 ans en 2015, et qu’elle a été pionnière dans le canton de Neuchâtel avec les vins biologiques, dès 1992, grâce au domaine des Coccinelles de Maurice puis de Pierre Lambert. Un domaine de 20 hectares de vignes dont l’intégralité du produit des vignes est vinifié par les Caves de la Béroche.
Aujourd’hui, d’autres vignerons sociétaires des Caves de La Béroche se sont orientés vers une culture biologique. Pierre Lambert les accompagne dans ce changement, fort de son expérience en la matière.
Il s’agissait d’une dégustation aussi intéressante que difficile, en raison de la température des vins dans les cuves (parfois 02° seulement). Quoiqu’il en soit, c’est au dégustateur de s’adapter, et non pas au vin.
Nous avons commencé par le Neuchâtel blanc (chasselas) du Domaine des Coccinelles 2014 : il a de la vivacité certes, mais un fruité mûr, étonnamment présent compte tenu de la température de ce vin. Prometteur.
Nous avons poursuivi en dégustant plusieurs des cuves qui seront assemblées pour former la cuvée « Sélection des 5 communes » :
+ « Fresens » : un chasselas porté par le fruit, c’est une cuve qui se présente vraiment avec une dominante aromatique mais avec la fraîcheur du millésime 2014. La bouche est équilibrée, sa finale possède un bel amer « constructif ».
+ La cuve « Gorgier » est remarquable d’équilibre et de fraîcheur. Un vin qui pourrait constituer l’ossature de l’assemblage tant il dégage de l’harmonie et une force contenue.
+ La cuve « St-Aubin » était la moins expressive des trois gustativement. Le vin est à un stade plus revêche que les deux autres.
L’art de l’assemblage est de savoir combiner les forces et les faiblesses de vins en présence pour en tirer le meilleur parti.
Le Doral 2014 est très légèrement doux (2 à 3 gr de sucre résiduel). Si l’équilibre en bouche était très agréable, le fruité était « anesthésié » par la température de la cuve.
Le Savagnin rose 2014 laissait par contre son fruité floral s’exprimer avec beaucoup de délicatesse et d’intensité. La bouche  est légèrement douce, ce qui donne au vin un caractère suave très agréable, car la matière est bien équilibrée et possède toute la fraîcheur et la finesse nécessaires. Une cuvée bien née et destinée à plaire.
Deux vins d’Oeil-de-Perdrix : la cuvée bio présente un peu moins de richesse mais plus de vivacité que la cuvée « Neuchâtel » dégustée quelques instants avant. Cette dernière fait montre d’un très bel équilibre et d’une grande finesse. Toutes deux possèdent un fruité sur les fruits rouges. Nous sommes parfaitement dans l’esprit de l’Oeil-de-Perdrix neuchâtelois que recherchent les amateurs.
Parmi les vins de pinot noir du millésime 2014 (trois cuvées dégustées), un trait domine : le caractère gourmand en bouche, ce qui est pour le moins réjouissant ! La cuvée « barrique », élevée sur ses lies,n’a pas encore connue de soutirage ni d’apport de SO2. Elle fait montre d’une belle couleur, de tannins fins et d’un fruité porté vers les fruits noirs. Une cuvée qui n’en est qu’à la moitié de son élevage. Il faudra se montrer patient, mais les qualités semblent déjà réunies pour offrir un très beau vin avec un potentiel de garde des plus intéressants.  L’élevage sous bois se fait à partir de fûts de chauffe moyenne, et pour 25% avec du bois neuf seulement.chais cave BerocheTrois cuvées encore : Le Gallotta 2014 : issu de jeunes vignes, il n’est est pas moins concentré, franc, frais. Une cuvée riche en couleur, et sur le fruit.  Le Garanoir 2014 un vin puissant, coloré, frais et franc, avec des tanins délicats.  Il a déjà un bel équilibre. Le gamaret 2014 m’a paru être l’enfant terrible des vins en cours d’élevage actuellement. Fortement réduit, la bouche est encore encombrée d’un gaz carbonique bien présent. S’il n’a pas la puissance du garanoir, il possède tout de même une belle concentration. Il ne demande que du temps pour se révéler.
Un grand merci à Mickael Loubry pour cette dégustation qui m’a permis de voir le chemin accompli par ces vins jeunes depuis les vendanges où j’avais accompagné Caleb Grob, le directeur de la cave, le temps d’un après-midi (vendanges ô combien compliquées en raison pour bonne partie des attaques du drosophile Suzukii).