Bien mieux que des pièces d'un puzzle sur une carte : les vignobles de Suisse alémanique ! (I)

Le vignoble de Suisse alémanique reste pour beaucoup un grand inconnu. Au mieux, sait-on qu’on y produit de grands vins de pinot noir et des cuvées de Riesling-Sylvaner (un nom en déclin qui est remplacé de plus en plus par Müller-Thurgau) comme on produit du chasselas en Romandie.
A l’instar d’autres régions viticoles du pays, les vignerons s’essaient avec plus ou moins de bonheur à de nouveaux cépages, tel le sauvignon blanc par exemple et des cépages comme les cabernet-dorsa et cabernet jura.
Je m’étais déjà rendu dans les Grisons à deux reprises, ainsi que dans le vignoble zurichois il y a quelques années où j’avais visité trois vignerons de la Goldeneküste dans la région de Meilen, dont le Weingut Schwarzenbach, l’un des domaines fer de lance de la région, membre de l’Association Mémoire des Vins Suisses avec son célèbre Raüschling.
J’avais pu observer qu’en ville de Zürich deux vignobles subsistaient, le Sonnenberg et le Burgreben.
L’an passé, la veille de l’évènement Mémoire & Friends, les journalistes invités avaient pu déguster les vins de plus d’une dizaine de producteurs de l’ensemble du canton de Zürich. Le niveau qualitatif général en avait surpris plus d’un, moi y compris ! Bref, non seulement on y fait du vin, mais, il faut le dire, ils sont étonnamment bons. Les vignerons possèdent de l’expérience et sont audacieux et possèdent autant d’histoire qu’en Romandie. Avant l’attaque du phylloxéra, le vignoble de Zürich était d’ailleurs le plus grand du pays. Il a compté jusqu’à 5.000 ha, contre seulement 600 aujourd’hui.  Il reste le vignoble cantonal le plus important de Suisse orientale, devant les Grisons et Shaffouse (400 ha chacun plus ou moins).
Cette année, la rencontre annuelle de l’association Mémoire Des Vins Suisses, aura permis à ses invités de visiter les vignobles et des producteurs d’Argovie, de Zürich, de Shaffouse et de Thurgovie. Elle a débuté mercredi après-midi et a pris fin dimanche en fin d’après-midi, avec l’ouverture publique du « Trésor » des cinquante et quelques membres vignerons de l’association. J’ai toutefois choisi de limiter mon temps de présence aux journées de jeudi et vendredi, soit lors des déplacements dans les vignobles et chez les producteurs du nord du canton de Zürich, de Shaffouse et de Thurgovie.
La première visite aura donc été a Eglisau chez Urs Pircher. Ce vigneron produit des vins de pinot noir d’un remarquable niveau. La concentration des vins n’est pas leur facteur le plus impressionnant. Leur finesse, leur précision, et la qualité de l’élevage, si.
Le vignoble bénéficie d’une situation privilégiée, ce qui est indispensable dans une région aussi septentrionale. Terriblement pentu et bien abrité des vents, on est surpris par sa petitesse. Mais il s’agit là d’une caractéristique majeure du vignoble alémanique, qui est extrêmement morcelé.

20150305_103806

un vrai casse-jarrets que de gravir cette colline à Eglisau !


vignoble à Eglisau

une vue quasi complète du vignoble d’Eglisau depuis le Rhin


Chez le vigneron, nous avons dégusté des vins de trois cépages blancs : Raüschling, Pinot Gris et Gewurztraminer dans les mêmes millésimes : 2013, 2012 et 20111. La série la plus homogène selon moi étant celle des vins de Raüschling, dont le millésime 2013 aura été mon préféré pour l »ensemble de ces neuf vins dégustés. Suivent ensuite les Gewurztraminer 2013 et 2012. Je n’ai que peu accroché sur les vins de pinot gris que j’ai trouvé marqués par leur élevage sous bois, et donc asséchant. Si la dégustation d’un  vin de régent 2013 s’est montrée intéressante car le vin était joliment fruité, son manque de chair en bouche l’a prétérité. Il lui manquait un de volume pour être gourmand.
Le pinot noir  Stadtberg 2011 (membre de la MDVS) est encore jeune, mais l’on profite bien de son joli fruité, de son équilibre en bouche.
Nous avons poursuivi un temps notre route par voie fluviale, moment privilégie pour dîner et prendre des photos, avant de nous rendre par bus à Rheinau, visiter son église baroque et découvrir la riche histoire de son monastère.20150305_17041820150305_143527 20150305_150750
20150305_153612

vue partielle sur les chais de la Staatskellerei Zürich à Rheinau


Dans les caves de la Staatskellerei Zürich, désormais dans les mains du groupe Mövenpick, nous aurons dégusté nombre de vins de la région, vinifiés sur place par le maître de chai par le maître de chai Werner Kuster où par d’autres caves. Mon premier constat -sévère- durant cette dégustation : il n’y a aucun plaisir à retenir quand les vins sont trop frais. L’exercice de dégustation devient un supplice et l’on cherche à s’y soustraire par presque tous les moyens. Second constat : la présence du cépage sauvignon blanc relève malheureusement plus d’une mode que d’une volonté d’en réaliser de beaux vins. Et pour parodier une publicité actuelle : on sent le manque d’amour pour ce cépage ! 20150305_170229
Nous avons poursuivi notre journée en nous rendant à Shaffouse. Premier arrêt chez Ruedi Baumann. Si j’ai bien aimé son chardonnay Classique 2013, j’ai à nouveau été moins enthousiaste  avec le second pinot gris du jour, toujours élevé sous bois. Avec cinq cuvées de pinot noir, plus un Rosé très typé par son cépage, il y a du choix ! Mes préférences allant clairement vers la cuvée Auslese 2012 et le pinot noir R du même millésime. Une question tout à la fois de style et de richesse.

Trois tableaux, originaux, dont le dessin est réalisé à partir de fil métallique tendu sur une toile.

Second arrêt à Bad Osterfingen chez Micheal Meyer, cuisinier et membre de la Mémoire avec sa cuvée Zwaa (deux, en patois de Shaffouse), réalisée à quatre mains avec Ruedi Baumann.