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Dégustation au Domaine Chervet à Praz
Le Domaine viticole de Jean-Daniel Chervet est d’une surface importante dans le Vully. Avec pas moins de 15 ha de vignes, il représente 10 % de la surface totale de la région, répartie sur deux cantons (Fribourg et Vaud).
En visitant les installations, l’on n’en est pas moins surpris par la taille de la zone d’accueil de la vendange. Cette dernière est bien évidemment multi-fonctionnnelle, puisqu’elle est aussi utilisée pour la mise en bouteille et pour leur étiquettage.
Le domaine s’est singularisé dès les années cinquante en apportant une diversité de son encépagement, jusque à centré sur les cépages chasselas et pinot noir. Le chasselas reste le cépage le plus planté (40% dans le domaine). Le nombre de crus élevés en barrique a progressé d’année en année. Aussi, un chai n’y suffisant plus, une extension a été créée à proximité, et un deuxième chai y a été aménagé. Deux foudres de bois sont encore utilisés, ils permettent d’assouplir les tanins des pinots noirs qui y séjournent.
L’an prochain, le vigneron célébrera sa trentième vendange ! Un programme de festivités est en cours d’élaboration.
La dégustation des vins :
Chasselas 2018 (tiré de la cuve) :
Pour les données techniques : vinification à froid et 2eme fermentation faite (FML ou malo), pour équilibrer la matière.
Nez ouvert, sur des notes d’agrumes surtout, dont le pamplemousse. Le fruité apparaît très mûr (caractéristique du millésime 2018). La bouche est grasse, vineuse, bien pourvue en finesse, et sans déficit de fraîcheur. La finale est longue, accompagnée d’une légère amertume qui apporte de la complexité et qui ne devrait pas poser de souci à table.
Prix : 11.50 CHF /70 cl
Ma note : 88-89
Chasselas 2018 : (mise en bouteille en avril, il s’agit de deux lots proches).
Le nez est un peu plus fermé que le vin tiré de la cuve. Le fruité offre des notes très similaires de fruits mûrs. La bouche est par contre plus fine et ouverte. Elle est délicate, fraîche, longue avec un soupçon de carbonique (naturel). Très joli équilibre général.
Prix : 11.50 CHF
Ma note : 90
Chasselas VV 2017 :
Un vin né de deux parcelles d’une quarantaine d’années (faisant suite au remembrement parcellaire. L’une est argileuse, l’autre est sablonneuse (sol léger de molasse qui s’effrite) et se trouve plus en hauteur dans le vignoble. Vinification sur lies puis élevage sur lies aussi, mas avec soutirage léger. Pas de deuxième fermentation sur cette cuvée.
Nez assez discret en intensité. Il est fin, sur des notes fermentaires dont la mie de pain, et fruité : citron et mandarine. La bouche est très fine et délicate, avec un très léger CO2, vineuse et structurée et équilibrée. Très jolie impression d’harmonie pour ce vin persistant.
Prix : 14.00 CHF /70 cl
Ma note : 91
Chasselas VV 2018 : (tiré de la cuve) :
Notes de levures au premier nez, puis de citron vert. La bouche offre un bel équilibre, et même davantage de fraîcheur peut-être que sur le 2017. J’apprécie la finesse et son équilibre aussi. En bouche, il semble moins volumineux. Il offre une sensation de maturité évidente.
Très belle persistance finale.
Mise en bouteille durant la semaine du 20 août, avec une mise en vente lente à partir de la fin de l’année et surtout en 2020. C’est une cuvée qui est plus au goût des romands. La Tradition l’étant davantage auprès des alémaniques.
Prix : 14.00 CHF
Ma note : 92 Coup de cœur
Cuvée de l’Arzille (sauv blanc, Freiburger 30-40% et pinot gris 20%).
3 millésimes :
2017 : Robe jaune de belle intensité. Nez sur des notes de fruits exotiques, qui évoquent davantage le pinot gris que le sauvignon blanc. Je retrouve aussi une note citronnée (limette) et d’amande. La bouche est structurée, très fraîche, équilibrée, grasse, longue et saline. Pas de 2eme fermentation. Élevage en barrique durant douze mois, que j’ai trouvé d’une discrétion exemplaire.
Prix : 22 CHF, 43 CHF le magnum
Ma note : 92 Coup de cœur.
2016 : Robe jaune or. Nez sur des notes vanillées et épicées (discrètes), puis de fruits (poire et citron). La bouche est grasse mais reste fraîche. Le boisé est un peu perceptible mais intégré. Belle longueur finale. Un joli vin, précis, peut-être un peu moins vibrant que le 2017, qui est plus complexe aussi.
Ma note 89
2015 : Robe plus dense. Le nez me parait un peu fermé, offrant des notes de fruits jaunes. La bouche est structurée et fraîche, élégante, offrant équilibre, finesse et une belle longueur. Cette cuvée semble avoir besoin d’un peu d’air actuellement, La matière s’ouvre progressivement.
Ma note 90
Riesling-sylvaner 2018 :
Robe jaune vert pâle. On aperçoit des larmes épaisses qui s’écoulent sur le verre lorsqu’on remue le vin. Le nez offre des notes citronnées de pêche et de sureau. La bouche est structurée, fraîche et fine, longue. Bel équilibre pour cette cuvée qui ne manque pas de vinosité.
Cépage sensible au mildiou et à l’oïdium, il est précoce. Il aurait tendance à disparaître dans la région, et pourrait être remplacé ici par du Divona dans le futur. C’est en réflexion.
Prix : 13.00 CHF
Ma note : 88-89
Chardonnay 2018 : Elevage en fût pour un tiers sinon en cuve.
Robe jaune or clair. Nez élégant bien que pas très intense, sur des notes de fruits blancs, d’agrumes et de noisette. En bouche on sent un petit carbonique à l’attaque, très fin. La matière de ce chardonnay est franche et fraîche. Il a une jolie bouche, où la finesse domine. Bel équilibre général, avec un gras mesuré, une belle longueur finale. C’est une cuvée friande.
Prix : 17.50 CHF
Ma note : 90
Freiburger 2018 :
Elevage pour un tiers en fûts pour ouvrir la matière et apporter un supplément de complexité, pas de 2eme fermentation. Robe jaune vert pâle. Le nez est assez discret (le vin est jeune et mis en bouteille récemment), avec des notes d’agrumes et de miel de fleurs et de fruits de la passion. La bouche est riche et pourtant vive et fraîche, offrant beaucoup de finesse et d’équilibre, persistant et fruité léger carbonique (discret dû à la température de service).
Prix : 19.00 CHF
Ma note : 90
Traminer 2018 :
Robe jaune encore pâle. Nez intense et élégant, sur des notes de levure discrètement, puis dee pétale de rose, de litchi, et de pomelos rose. La bouche est un peu perturbée par un léger carbonique à l’attaque (il va s’estomper avec un peu de bouteille et de garde), mais elle fait montre de beaucoup de finesse, de structure et sans lourdeur, tout en conservant une belle fraîcheur. Très jolie longueur finale et belle typicité. Et le vin est sec sur ce millésime chaud !
Prix : 20.00 CHF
Ma note : 92-93 Coup de cœur.
Pinot Gris 2018 :
La robe est un peu cuivrée. Au nez, des notes de fruits évoquant la pâte de fruits et les fruits exotiques, ainsi que de massepain. pas de FML mais 4 à 5 gr de SR.
Belle fraîcheur en bouche, c’est une cuvée plutôt vineuse on s’en doutera, mais sans lourdeur, offrant finesse et délicatesse, ce qui permet une très belle expression de la finesse et de la délicatesse de ce cépage de la famille des pinots ne l’oublions pas. En bouche le fruit est très présent en bouche. Une belle réussite !
Prix : 17.50 CHF
Ma note : 91
Pinot noir
Trois millésimes proposés :
Elevage réalisé en fûts, foudres et cuves. Rappelons que le Pinot noir couvre 20 % de la surface viticole du Vully, ainsi que du domaine d’ailleurs.
Rendements maîtrisés, souvent aux alentours des 700 gr au mètre carré, ceci pour offrir davantage de caractère et de matière (les sols du Vully sont plutôt pauvres en calcaire, sols sur lesquels ce cépage excelle. Ceci n’interdisant pas de fort belles réussites à force de réflexion et de travail).
2018 : (en cuve, mise en bouteille fin août).
Robe de belle intensité, profonde même. Joli fruit, élégant sur des notes de fruits mûrs, dont la mûre et la framboise. En bouche, beaucoup de finesse avant tout et d’équilibre. On a de la densité en aussi. C’est un vin délicat et équilibré, de belle longueur, et gourmand !
Ma note : 89-90
2017 : La robe est plus claire et donc moins dense. Au nez, notes de thé noir et de fruits noirs. La bouche parait plus souple, et les tanins plus fins. Ils sont délicats. Jolie longueur longueur finale pour ce vin élégant et prêt à boire. Grêlé, 300 gr au mètre carré.
Ma note : 88
2015 : Robe rubis sombre. Joli nez sur des notes de fruits rouges (framboise et cerise), ainsi qu’un peu de kirsch, et de mûre. La bouche est franche et vigoureuse, avec des tanins fondus, très fins. Voila un pinot noir plutôt puissant. Belle longueur finale.
Ma note : 89
Vin de pays : gamay de Genève, et du cabernet Jura de Neuchâtel, et des cépages du Vully (achat de raisins hors canton et utilisation des raisins ayant supporté le gel de l’année).
Elevage pour une partie en fût, preuve que le vigneron avait confiance dans les matières. La robe est d’un rubis d’intensité assez marqué. Le premier nez est floral, puis suivi de notes de cerise rouge et de framboise, de myrtille et d’un léger caractère animal. La bouche est riche, mais avec de la tension. Le caractère animal toujours présent en bouche (sans doute une petite réduction). Jolie longueur finale. Mais j’ai été gêné par la présence d’un peu de gaz carbonique qui durcit la bouche (on carafera le vin pour le faire disparaître), et une longueur en bouche un peu courte.
Ma note : 87
Cuvée de l’Arzille : 2016 :
maturation poussées et cuvages longs, fruits noirs, et framboise, épices (poivre noir, étoile de badiane). 12 mois en barrique bordelaise, il est un peu toasté.
C’est un vin harmonieux, riche et puissant, équilibré, très fin, long. Une très belle réussite !
Prix : 21 CHF (épuisé) reste deux ou trois magnums vendus au double.
Ma note : 92-93 coup de cœur
Cuvée de l’Arzille 2017 :
Gamaret en dominante (moitié et un peu plus), puis garanoir, mara, parfois Divico.
boisé assez marqué en bouche avec un peu de rusticité actuellement, beau volume, dense, moins harmonieux actuellement que le 2016. La finesse est en retrait, l’alcool un peu plus présent, longueur plus courte, note de café aussi .
Ma note : 90-91 a besoin de temps et se détendre, gagner en finesse :
mis en bouteille au printemps, début avril. À revoir l’an prochain
Une fort belle dégustation d’un domaine phare qualitativement, et de longue date, dans le Vully.
Jean-Daniel Chervet se réclame d’un classicisme dans son mode de travail, mais sans renier le progrès en matière de viticulture et du travail en cave.
Les coordonnées de contact se trouvent dans la page du Domaine, en suivant ce lien :