De Toulouse à Sierre

L’ami Laurentg est venu tout récemment en Suisse pour un week-end anniversaire et vineux. Un fort bon moment de partage avec un ami internaute que je rencontrais pour la deuxième fois seulement, alors que nous échangeons des courriels depuis …MagnumVinum ou presque.
 
Une sacrée journée pour les deux Laurent. L’un se lève dès 05h00 pour son premier trajet de la journée, en avion (Toulouse /Genève-Cointrin). Puis se rend à Lausanne par le train pour que nous entamions notre périple par la route. C’est donc à la gare de Lausanne que nous nous retrouvions.
De mon côté, perturbé par le changement de rythme de travail jour/nuit, la phase sommeil aura été encore plus courte, …
Dès la sortie de la ville de Lausanne, apparaissent les vignes, d’abord éparses, mélées à la banlieue de la capitale vaudoise. Puis, c’est le Lavaux : Villette, Cully, passage sous le Dézaley et vue sur les Clos des Moines et des Abbayes, Rivaz, St-Saphorin, … Nous prenons l’autoroute à partir de Vevey. C’était jusqu’ici, notre route buissonnière, car le paysage viticole du Lavaux méritait bien cette petite excursion en automobile pour lancer la journée.
 

Depuis la route cantonale qui longe le lac de Lausanne à Vevey, on passe sous le Clos des Abbayes, du Grand Cru Dézaley.
 
En route pour le Valais désormais. A Martigny, vue sur la tour de la Bâtiaz, Fully, et son vignoble (au soleil, alors que celui-ci était boudeur jusque-là). La rive gauche du Rhône est à l’ombre, froide, sous une fine pellicule de neige.
Le vignoble continue à se dérouler sous nos yeux alors que nous avançons en direction de Sion : Saillon, Riddes, Leytron, Chamoson et son cône de déjection, puis Vétroz, Conthey et enfin Sion, avec ses deux collines qui dominent la ville. Passage sous Clavau, qui empile ses terrasses vertigineuses, et nous prenons la direction de Grimisuat, pour nous rendre chez Marie Bernard Gillioz, qui nous reçoit ainsi que sa clientèle, pour une journée portes ouvertes. Le soleil est là, hivernal et froid, seule sa lumière, vive, car accentuée par la neige au sol tombée récemment, est dure.
Marie Bernard nous reçoit avec sa gentillesse coutumière. Nous dégustons ses vins (les notes de Laurentg c’est pour bientôt ci-dessous), mangeons de la soupe de potiron, une assiette valaisanne (jambon fumé et fromages à pâte dure), devisons avec les clients, et avec notre hôte.
Laurentg questionne Marie Bernard sur ses terroirs (question et réponse dans l’article suivant : Marie-Bernard Gillioz raconte ses terroirs), et nous donne ses impressions.
 
Le compte-rendu de Laurent :
 
Les vins de Marie-Bernard Gillioz : 28/11/08
Un domaine de 3 hectares seulement.
Marie-Bernard Gillioz Fendant Sion 2007 : 13,5/20 – 28/11/08
Fruits et fleurs blanches, salin. Un peu élémentaire en l’état (mais délicat).
Marie-Bernard Gillioz Fendant St-Léonard 2007 : 14,5/20 – 28/11/08
Ressemble au cru de Sion. Petit supplément de vigueur (densité, minéralité) ?
Marie-Bernard Gillioz Petite Arvine 2007 : 15/20 – 28/11/08
Fruit plus explosif, touche exotique et florale. Longueur et finesse.
Marie-Bernard Gillioz Ermitage 2007 : 13,5/20 – 28/11/08
Marsanne. Boisé, gras. Moins de tonus mais tenue acceptable.
Marie-Bernard Gillioz Fendant Orpin 2007 : (13/20) – 28/11/08
Assemblage petite arvine, ermitage. Boisé bien présent à ce stade. Un assemblage utile pour la vigneronne, qui manque ici de spontanéité.
Marie-Bernard Gillioz Pinot Noir barrique 2007 : 13/20 – 28/11/08
Expression chiche, kirschée, malingre, expéditive.
Marie-Bernard Gillioz Pinot Noir 2007 : 13,5/20 – 28/11/08
Pointe végétale pour une interprétation florale, charnue, exprimant une pauvre cerise. Cruel manque de punch, de maturité, d’expressivité, de relief.
Marie-Bernard Gillioz Syrah 2007 : 13,5/20 – 28/11/08
Animal, boisé, poivré, avec en complément de la réglisse, de la violette, du cassis. Supplément d’énergie pour une matière pas trop mûre toutefois.
Marie-Bernard Gillioz Cornalin (Sion cuve) 2007 : 14,5/20 – 28/11/08
Autant le pinot et la syrah laissent de marbre (cf. les canons bourguignons et rhodaniens), autant ce cornalin jouit d’une indéniable personnalité. Senteurs sauvages, empyreumatiques, de violette, de fumée. Connotation rustique, un peu comme pour un carignan.
 
Au partir de chez Marie Bernard, traversée de Savièse, Conthey et Vétroz, ou nous allons dîner au Coq en Pâte, à un jet de caillou du Clos de Balavaud. Le restaurant est situé à côté de la cave Jean-René Germanier, sur la route cantonale. Chemin faisant, nous sommes passés à Sion sous le Clos Corbassières de la cave Cornulus, et sous le Domaine du Mont-d’Or à Pont-de-la-Morge.  Au Coq en Pâte, nous aurons dégusté une
Amigne de Vétroz de Romain Papilloud 2006 (1 abeille) : 14,5/20 – 28/11/08
Un vin bu dans un restaurant de Vétroz, dans son fief, qui ressemble un peu à un pinot gris avec ses arômes opulents de beurre, de fumée, de banane, d’épices, d’agrumes (clémentine, pamplemousse). Matière copieuse, un brin saline et minéral. Je ne m’attendais pas à un vin aussi capiteux (le nez exprime l’eau de vie de poire). De finesse méritante, il reste toutefois, malgré sa richesse, convenablement ciselé. Il s’accordera bien avec la joue de porc au lait de coco
L’après-midi, nous rencontrons Philippe Darioli, à Riddes, dans son très joli caveau, aux couleurs occitanes (un combat de Reines aurait-il mal tourné en ce lieu ?).
Les vins de Philippe Darioli – 28/11/2008
Philippe Darioli Fendant Leytron 2007 : 14,5/20 – 28/11/08
Mûr, dynamique et doux à la fois, élégant. Fruité, fleuri, salin, frétillant, terminé par de beaux amers.
Philippe Darioli Païen 2007 : 13,5/14 – 28/11/08
Nez plus rentré (barrique) : citron, gingembre, menthe. Gras, capiteux, à associer sur un poisson lémanique au beurre blanc.
Philippe Darioli Humagne blanche 2007 : 14/14,5 – 28/11/08
Poire, poivre blanc, fumée, résine. Dodu, un brin amer, pour une structure un peu plus lâche ? Philippe Darioli pointe lui une sensation tannique marquée.
Philippe Darioli Petite Arvine 2007 : 15,5/20 – 28/11/08
On augmente ici clairement en densité. Bouche concentrée, marine, avec une acidité soutenue. Riche, équilibrée, pour une force (minérale) un peu moins fruitée.
Philippe Darioli Ermitage 2007 : 15,5/20 – 28/11/08
Du fruit, de l’eau de vie de framboise, de la fraise, de la poire, un peu de tourbe selon son géniteur. Bouche large, dont la puissante placidité est portée par les amers et les épices (galanga).
Philippe Darioli Cornalin 2007 : 15,5/20 – 28/11/08
Comme chez MB Gillioz, le cépage offre une tournure farouche, plutôt vibrante, sur le cassis, la griotte, la ronce, la violette, les épices, la réglisse. Ce fruit croquant rappelle un peu Gevrey. Bouche qui fait sens, nette, suffisamment dense pour le coup, avec de la respiration.
Philippe Darioli Syrah 2007 : 14/20 – 28/11/08
Fruité (groseille), souple, cuir, épices, trait de rafle ?. Moins de personnalité et d’harmonie d’ensemble, l’acidité semblant un peu « à côté ».
Philippe Darioli Dariolo 2007 : 13,5/20 – 28/11/08
Assemblage cabernet-franc + merlot. Herbacé, réglissé, au fruit de cassis comme poussé. Très (trop) rond. Contrairement au cornalin, le vin manque de vibration, avec en plus un fruit un peu téléphoné.
Philippe Darioli Ermitage Grain Noble 2006 : 16/20 – 28/11/08
On entre ici dans le monde de la pure gourmandise bachique romande. Jaillissement fruité : citron confit, mangue, coing, orange, coco. Assez replet mais avec un raisonnable retour acide en finale (sur 200 g de sucre résiduel, correctement contrebalancés).
Philippe Darioli Petite Arvine Grain Noble 2006 : 17/20 – 28/11/08
Exotique : citron vert, gingembre, ananas, passion. Le cépage est capable de plus de tranchant et offre une excellente liqueur fruitée, fine et longue. Fondant !
Philippe Darioli Vent d’Anges 2006 : 15/20 – 28/11/08
60% malvoisie (pinot gris), 20% ermitage, 20% petite arvine en grains nobles. Registre différent, joliment complexe : miel, raisin sec, safran, pâte de coing, encaustique, cannelle, clémentine. Combinaison assez roborative, enivrante.
 
Concernant les vins de Philippe Darioli, je me permets un petit commentaire sur ses vins blancs, car ce dernier a choisi de ne pas réaliser la fermentation malolactique sur la plupart de ses vins blancs. Je n’ai pas perçu le Païen comme mon compagnon d’équipée du jour. Voila un vin que je qualifierai de gras certes, mais pas de capiteux (c’est un vin sec, ce serait donc la richesse alcoolique et peut-être le boisé qui confèrent cette sensation).
L’humagne blanche est, elle aussi, sèche, et réalisée sans malo. Je me trouve plus en phase avec Laurent sur le compte-rendu de ce vin. J’aime bien la touche tannique de ce cépage. Pour Philippe, la référence incontournable pour l’humagne blanche est le couple de vignerons de Venthône : Madeleine et Jean-Yves Mabillard-Fuchs.
La Petite Arvine et l’Ermitage sont stylés, vifs.
 
Quelques clichés de notre journée pris sur le vif :
 

Quoi, c’est flou ? J’aime bien quand même !

Philippe Darioli et Laurentg ( g comme gourmandise).
Remarquez comme la porte vitrée possède elle aussi le thème du dessin des bouteilles de Philippe !

Le trio de vins surmaturés réalisé par Philippe. Pour Philippe, la Petite Arvine est un prince. L’Ermitage, un empereur.


La vendange 2008 est encore sur pied(s).

Depuis les vignes de surmaturés de Philippe, regard hivernal sur le vignoble de Leytron.
 
Laurent