Autour d'une paella : une humagne rouge et un pinot noir

Samedi dernier, nous recevions Lucas Rieffel, un ami et vigneron alsacien de la commune de Mittelbergheim. L’occasion de faire déguster ses vins à une petite quinzaine d’amis et connaissances. Pour clôturer un fort beau moment de dégustation, Madame Vins-Confédérés nous a concocté une succulente paella faite maison. Pour l’accompagner, à contre courant de la dégustation, j’ai proposé  deux vins rouges valaisans !
Audacieux ? Peut-être, … mais parfois il faut savoir bousculer les conventions où les faire aboucher sur quelque chose de neuf.
L’humagne rouge, cépage valaisan (c’est en fait le cornalin du Val d’Aoste) est un vin que j’aime tout particulièrement.
C’est un vin de caractère, que l’on aime à associer avec un plat de chasse. L’humagne rouge offre des vins typés, souvent considérés comme rustiques ou sauvages, de degré alcoolique et d’acidité bas. A titre personnel, je trouve l’humagne intéressante parce que digeste. Le revers de la médaille : un caractère herbacé prononcé lorsque la maturité est insuffisante, ou la charge des ceps trop importante. Chausses-trappes que les vignerons valaisans évitent désormais  avec le talent qu’on leur connaît. 😉
Le fruité du vin est préservé par un élevage en cuve le plus souvent.
A la vigne, ce cépage qui est résistant à la pourriture, est dit de troisième époque. C’est-à-dire qu’il mûrit au minimum quinze jours après le chasselas (cépage de valeur étalon pour le mûrissement des baies).
Dominique Fornage*, disait de l’humagne dans son guide 2001 :  » Ce cépage de caractère réussit particulièrement bien depuis des années. Il a la particularité heureuse d’atteindre une grande concentration sans être nécessairement riche et puissant ».
*Dégustateur valaisan réputé qui avait créé le label Nobilis qui a été longtemps une référence, devenu depuis Directeur du Chateau de Villa à Sierre (restaurant et oenothèque régionale).
Pour accompagner cette paella, j’ai choisi deux vins issus du terroir de Chamoson :

Un vin qui s’est avéré décevant. Les fameuses notes herbacées dominaient. La bouche était souple. Pour Lucas Rieffel, qui ne connaissait pas ce cépage, une maturité insuffisante des baies était patente.
Rien à redire sur le deuxième flacon :

Cette Reserva Soleta, est un pinot noir élevé en barriques. Un vin de neuf ans d’âge qui était d’une fraîcheur parfaite. Je présente toutes mes excuses à mes amis de la tablée. Je l’ai annoncé à tort comme un autre vin d’humagne rouge.
A titre personnel, j’ai trouvé l’accord entre la paella et ce pinot noir excellent.
Sauf erreur de ma part, ces deux vins ont été vinifiés par Mike Favre (cave René Favre & Fils).
Notre paella a été préparée sur le balcon (à 1000 m d’altitude un 15 novembre!). Un temps exceptionnel, nous aurions pu manger dehors.

Laurent