Vignerons et blogueurs, une histoire de Vin-ternet !

Je t’aime,  moi non plus ? Pas vraiment. Mais il est vrai, nous n’avions pas  forcément été présentés les uns aux autres. L’éclosion de la « bulle » internet a permis à nombre de personnes de s’exprimer en tribune libre, sur le vin ainsi que sur quantité d’autres sujets, que ce soit sur un forum ou depuis un site ou blog personnel. Avec tous les degrés de qualité et de sensibilité que la nature humaine recèle.
Le temps passant, les rapports entre amateurs et professionnels ont bien évolué. Tout comme ceux entre amateurs et presse (en Suisse en tout cas !) où entre les amateurs !
C’est à l’initiative d’un ancien élève de l’école de Changins, Christophe Landry, qu’une rencontre entre vignerons et blogueurs s’est déroulée jeudi 10 novembre au Prieuré de la maison Mauler à Môtiers, dans le Val-de-Travers, un district du canton de Neuchâtel.

Môtiers, n’est pas située dans un pays viticole. Pourtant, depuis 1829, la commune abrite une cave. La maison Mauler, propriétaire de celle-ci depuis 1859, s’est spécialisée dans l’élaboration de vins effervescents ou mousseux. Dans cette région, une autre boisson est pourtant reine : l’absinthe !

L’absinthe est là et bien là, en devanture.

A croire que le pain dans la région est un produit de contrebande !

Téter de l’absinthe dès le biberon ?

Voici une improbable crémerie-distillerie, pourtant bien réelle !

Revenons-en au sujet du jour. Une quarantaine de diplômés viti-oeno et en oenologie étaient présents du côté des hommes et des femmes professionnels de la vigne et du vin. Par leur présence, la quasi totalité sinon la totalité du vignoble de Suisse romande était représenté. Merci à eux pour leur présence et leur intérêt.
Du côté des blogueurs et internautes voici les trois intervenants que j’accompagnais dans cette « entreprise de communication ».
Nicolas Herbin. Collaborateur depuis trois ans du CAVESA de Jacques Perrin. Il participe à la rédaction de la revue du club, Vinifera, mais aussi sur le blog de son employeur, en sa qualité de responsable de leur école du vin. Enfin, il est également co-auteur avec des amis d’un site internet : Vin-Terre-Net.
Yves Beck. Ce natif de Neuchâtel, amateur de vins sans frontière, habite la commune viticole de Douanne sur les bords du lac de Bienne.
Olivier Grosjean, ou Olif. Le blogueur jurassien terroiriste, volontiers décalé, avec son approche résolument humoristique était présent, démontrant à chaque prise de parole que sa nonchalance apparente n’était que pure apparence… Que ce soit en dégustation ou en communication, Olif assure  et intéresse. Pour se rendre sur son blog, c’est .
 
Alexandre Truffer est journaliste spécialisé. Créateur et rédacteur (depuis 2005) du site internet RomanDuVin, il était le modérateur désigné de la rencontre-débat. Juré dans des concours internationaux, il écrit pour la revue européenne du vin, Vinum, et signe trois articles par numéro pour Le Guillon, la revue des vins vaudois. Il a déjà publié le Guide « Vins de Suisse romande, le vignoble en 200 chefs-d’oeuvre » (éditions Creaguide). Un ouvrage vendu à près de six mille exemplaires (!) et commenté sur vinsconfederes.ch. D’autres livres sont en cours de préparation voire de publication. A suivre. Il est également initiateur d’un projet de dégustations vidéo auquel je participe avec les journalistes Helen Wallace et Gabriel Tinguely, qui présentent les vins en anglais et en allemand, moi en français. Pour en savoir plus, faîtes dérouler le ruban « Choisir une catégorie » dans la colonne de droite jusqu’à « Les dégustations vidéo de RomanDuVin » et cliquez dessus.
 
Les blogueurs dans le vif du sujet :
Après une présentation rapide de chacun des intervenants par Alexandre Truffer, à tour de rôle nous avons évoqué nos cheminements, nos sujets de prédilection et autres motivations qui nous conduisent à écrire depuis plusieurs années sur nos sites respectifs (je ne vais pas refaire la conférence ici). Les échanges ont été cordiaux, les questions ont été franches, appelant chacune une réponse, ce qui je crois a été le cas. Certainement quelques malentendus ont-ils pu être levés. Une question sur la critique vineuse par le blogueur a été posée. Alexandre Truffer en a profité pour rappeler au passage qu’un blogueur pouvait critiquer, mais qu’il se devait d’argumenter. La diffamation est punie par la loi, au même titre que si elle était le fait d’un professionnel. Rien que de bien logique somme toute, mais c’est dit et acté.
Un autre sujet traité aura été la participation des vignerons sur le web.
Le vigneron et ou sa cave, doivent-ils être présents sur le Net à partir d’un site ou d’un réseau social voire les deux ? C’est clairement une interrogation qui est à l’ordre du jour chez bien des professionnels du monde du vin.
La présence d’un vigneron sur le Net se doit avant tout d’être régulière. Se positionner sur le Net pour « y être », puis oublier son site, est une erreur tant de communication qu’une perte d’investissement. Après tout, on ne relève pas le courrier de la boîte à lettres  de son domicile que tous les six mois où une fois l’an seulement !
Il n’est pas demandé d’évoquer chaque instant de la vie de la cave, les petites et grandes joies voire chaque pépin de son entreprise. Ce sont toutefois des éléments qui bien dosés peuvent attirer et plaire à des amateurs. Mais il s’agit d’être sincère ! Si vous êtes tirés à quatre épingles comme le régisseur d’un grand château ou domaine viticole, assumez votre statut. De même que si vous êtes un bon vivant voire un boute-en-train, faites en sorte que votre site ne soit pas austère à l’excès ou ne ressemble pas davantage à celui d’un humoriste que d’un vigneron.
Certaines caves sont très présentes sur le Net. Mais elles sont une exception. Le réseau social d’amateurs et de professionnels ainsi créé -si l’opération est une réussite- peut remplacer (il s’agit de cas très rares !) des pages entières de publicité dans la presse écrite et donc assurer une part conséquente de la vente des vins du domaine chaque année.
Faire savoir en première page de son site que l’on a été présent à l’édition d’un salon du vin qui s’est tenu voici deux ans, où que l’on travaille « dans la tradition » (mais que la majorité des cépages cultivés sont récents dans la région)  sont deux erreurs de communication à éviter qui ont été relevées.
L’originalité d’un produit alliée à un projet bien mené, complet, peut porter ses fruits. Tout est dans la qualité du produit bien sûr, et dans la qualité de la communication. Les deux cent cinquante caisses de « Premier« , un vin réalisé par Christian Vessaz et Etienne Javet (vignerons et oenologues dans le Vully) sont parties « comme des petits pains », ce qui n’avait rien d’évident de prime abord, car la réservation de ce vin ne pouvait se faire qu’à partir d’Internet ! Chose heureuse, elle aura attirée des amateurs d’autres régions et de tous âges. Il y a aussi des septuagénaires qui vini-surfent !
Cela avait été suggéré dans le synopsis qui nous a permis de préparer la conférence : évoquer son site ou blog en quelques chiffres. Plus de trois mille lecteurs uniques le mois passé, près de six mille visites (200 visites par jour quasiment !), plus de 25.000 pages lues ou ouvertes (le temps moyen de lecture est inférieur à cinq minutes sur les sites internets). Il n’est pas question de vouloir se hausser du col, mais c’est vrai que cela fait plaisir. Merci à tous !
Difficile, impossible même de faire le tour du sujet en moins de deux heures. Mais nous aurons bien le temps d’en reparler à une autre occasion, maintenant que nous nous connaissons mieux !
L’Hôtel des Six-Communes à Môtiers propose une cuisine qui n’a rien  de brumeux, bien au contraire. Dans ce restaurant dont la carte des vins est uniquement Suisse, nous avons soupé suite à la conférence-débat. J’y reviendrai prochainement.
Voici déjà ses coordonnées :
 

Hôtel des Six-Communes

Pierre-Alain et Marianne Rohrer

CH-2112 Môtiers

Tél. : 00 41 32 861 2000

www.sixcommunes.ch

——————————————————————————————————————————-
La conférence débat entre anciens de Changins et blogueurs aura été une bonne occasion pour entrouvrir une porte sur le monde des vins suisses depuis la France.
« Vignerons et blogueurs, une histoire de Vin-ternet ! » fait la une du site Libé-Food dimanche 13 novembre 2011 :