Treize cépages autorisés à Neuchâtel, et ce n'est pas fini.

Dans l’édition du Courrier Neuchâtelois (hebdomadaire régional) du 14 septembre 2011, une pleine page était dévolue à des cépages qui pourraient être admis un jour futur au sein de la liste officielle des cépages du canton. Avenir, avenir !
A l’instar de quelques monuments comme la Collégiale ci-dessus, mais aussi l’industrie horlogère, le vignoble neuchâtelois est un symbole régional.
Il n’y avait pas urgence à relater les grandes lignes de cet article, mais passer sous silence quelques pistes ampélographiques que vont explorer dans un futur proche -si ce n’est déjà le cas- des vignerons de la région me parait être une erreur. Essayons de ne pas ressembler à un martien tombé de sa planète lorsque l’on nous fera déguster un verre du Pinotin ou de Cabernet Jura.
Le cépage phare du canton est le pinot noir. Il est le premier en terme de surface de plantation (un hectare sur deux) et devrait le rester à long terme.
Outre des cuvées ambitieuses systématiquement élevées en fûts de chêne où les vignerons cherchent à produire des vins de garde, il y a toujours des cuvées classiques. Ce sont des vins élevés en cuve ou en foudre. Il y a aussi l’oeil-de-perdrix qui est la dénomination régionale du vin rosé de pinot noir. « L’oeil » va sans aucun doute continuer à assurer ses succès commerciaux auprès des amateurs dans les années à venir, car ses résultats dans divers concours sont bons. Ainsi, Janine Schaer (en photo ici) vinificatrice à Boudry des entités Ch. de Vaumarcus, Cave Chatenay-Bouvier et Cave des Coteaux (structure coopérative), qui toutes trois représentent plus de dix pour cent du volume des vins encavés dans le canton, a gagné en 2008 et 2011 le premier prix de la catégorie vins rosés et blancs de noirs au Grand Prix des Vins Suisses.
Dans ce même article, je découvre  avec étonnement que le pinot noir ne serait présent dans le vignoble neuchâtelois que depuis cinquante cinq ans. Voila qui serait surprenant car la région abrite des sites clunisiens  depuis un millénaire à Bevaix  et neuf cent ans à Corcelles-Cormondrèche. Il s’agit là sans aucun doute d’une « coquille », car une sélection de Pinot Noir dite de Cortaillod existe depuis au moins le début de 19e siècle.

Ondulations viticoles à Cressier.

Si le pinot noir est aujourd’hui le cépage le plus planté, voici trente ans seulement le chasselas était encore loin devant et couvrait 75 % du vignoble. L’apparition du chardonnay remonte à 1964 et est le fait de la cave La Grillette à Cressier. Une cave qui a « récidivé » plus tard en introduisant d’autres cépages comme le sauvignon blanc  ou le merlot. Considérons plutôt que la « révolution » ampélographique a débuté voici près de cinquante ans et qu’elle est loin d’être finie.
 
Les cépages autorisés en 2011 :
Dans l’AOC Neuchâtel :
+ En blanc : chardonnay, chasselas, pinot gris, pinot blanc, doral, riesling-sylvaner, gewurztraminer, sauvignon blanc et le charmont.
+ En  rouge : le pinot noir, et aussi le gamaret et le garanoir.
 
L’ensemble des autres cépages plantés sur le territoire neuchâtelois, selon deux articles de l’ordonnance sur le vin (22 et 24), permettent l’élaboration de vins de pays et de vins de table.
D’autres cépages sont en tests :
Le cabernet Jura est le fruit de la collaboration entre Philippe Borioli pépiniériste à Bevaix et Valentin Blattner, l’obtenteur de cépages de Soyhières (JU). Il y a aussi le cabertin et le pinotin, puis un autre cépage qui ne possède à ce jour qu’un nom de code : le VBCAL-1-28 ! Il y a aussi IRAC 2091, qui semble très résistant à l’oïdium et au mildiou, le MRAC 1099, tolérant à la pourriture grise.
Et tout ce « joyeux petit monde » sur 600 ha de vignes. L’ampélographie cantonale n’est ni un monopole, ni un vase clos.

Cressier encore, Le Clos de … ?

Laurent
sources : Le Courrier Neuchâtelois, un article d’Alain Prêtre