Romanée Ganti ! Une visite chez Martha & Daniel Gantenbein.

Domaine devenu mythique, il est peut-être davantage connu aujourd’hui hors de Suisse que dans le pays (40 % des vins des Gantenbein est vendu hors du pays, ce qui est une proportion tout à fait exceptionnelle pour un domaine viticole Suisse), la visite de la cave de Martha et de Daniel Gantenbein était au programme samedi matin pour notre groupe, bien que ces producteurs ne soient pas membres de l’Association.

Une sorte d’évènement dans l’évènement !

Daniel Gantenbein.

L’encépagement : Trois cépages et trois vins produits.  Une surface d’encavage de quelque six hectares, dont cinq pour le seul pinot noir. Aucune multiplication des cuvées selon les parcelles, l’âge des  vignes. La signature du pinot noir c’est Fläsch (la commune), mention du pays bien sûr, puis du millésime et le nom du couple vigneron. Punkt. Un hectare pour le chardonnay, et enfin, quelques ares pour réaliser un riesling surmaturé. Voila tout.
Du côté des infrastructures, le matériel est …voyez par vous-même sur les photos ci-dessous : c’est très moderne. Le rangement semble être réalisé avec un marquage laser. Rien ne dépasse. Les cuves sont empilées l’une sur l’autre, les barriques alignées de façon millimétrique, et, aussi nombreuses qu’elles fussent, je n’ai pas observé la moindre tâche de vin dessus . Et pourtant, de vin, il n’a été question que de cela après que nous ayons quitté le frère de Daniel, architecte de son état, qui venait de nous présenter le village de Fläsch, qui a obtenu l’an passé le prix Wakker (prix helvétique du nom d’un homme d’affaire, il est décerné par Patrimoine Suisse -Schweizer Heimatschütz- et récompense une commune ou une organisation qui fait des efforts pour préserver et mettre en valeur son patrimoine).
Êtes-vous prêts pour la visite ?
Accueil de notre groupe dans la cour. Daniel prend la parole, un cercle se dessine autour de lui. Son épouse, Martha semble très réservée et se tient légèrement à l’écart..
Les bâtiments forment un U autour de la cour. Nous nous dirigeons vers une grande porte, que Daniel ouvre avec une clé. Il était pourtant passé ici il n’y a pas si longtemps avec le premier de nos deux groupes. Voici la cuverie « inox ». Les récipients sont tous identiques, sauf une, bien plus grande, un prototype nous dit Daniel. Une cuve qui leur permet d’assembler l’ensemble de la production du vin rouge et d’avoir une cuvée parfaitement homogène, identique plutôt. Raison de plus de ne réaliser qu’une seule mise !

le fameux « proto » de 23.000 litres.

Dans un espace très bétonné, une petite touche de bois au plafond, et, surprise, un phonographe (ainsi qu’une chaîne Hifi). De la musique pour les vignerons ? Pour le vin ? Pour tous ? Je n’ai pas posé de question à ce sujet.

Au sous-sol, plusieurs vastes salles, l’une de stockage, une autre pour la mise en bouteille et l’étiquetage, une autre salle encore, et aussi le chais à barriques. Celui-ci est donc enterré, semi-circulaire, réalisé ainsi que certaines caves de particuliers :

Le chai tunnel.

Chaque élément est absolument disposé à l’identique, quel que soit l’endroit d’où on le regarde. Clonage du geste ?

La cave « rouge et noir ».

Seul espace coloré pour le moment visité ici. Étranges piliers et éclairage au sol pour une atmosphère seventies. On aime ou pas. Pour certains, cette pièce est un peu un « show room californien ».

Un mot sur les vins stockés ici hors de ceux réalisés par les Gantenbein. Une collection de vins de tous horizons, des liquoreux de chez Kracher, des Châteauneuf du Pape, des vins de Bourgogne aussi bien sûr, … Des bouteilles par milliers. Impressionnant.

Nous revenons à la surface et nous installons dans la cave de macération, une autre interprétation du « style Gantenbein » :

A l’extérieur :

Le positionnement des briques étonne lorsque l’on est juste en-dessous. Daniel Gantenbein nous explique qu’en reculant, nous découvrirons un schéma voulu bien sûr, une image d’une grappe et de ses baies.

Nous dégusterons deux vins : un chardonnay 2009, dense, fin, fruité, frais et sapide, avec une belle touche saline en finale.  Mais aussi le pinot noir, millésime 2005. Un vin encore bien jeune, qui commence à se livrer semble t-il. Joli fruit, fraîcheur en bouche et équilibre, force tannique parfaitement maitrisée. De la belle ouvrage assurément.

Le mot de la fin pourrait être : « ici, tout est sous contrôle ».

Mais pourquoi pas, puisque le résultat est à la hauteur des efforts consentis.

Un couple vigneron qui trace son chemin en posant ses jalons pour parvenir à un niveau qualitatif le plus élevé possible. Il est impossible de rester insensible et indifférent devant tous ses efforts.

Laurent